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Ahmadinejad et le nucléaire iranien : Tel un enfant qui s’amuse avec le feu

Publié le mercredi 11 avril 2007 à 08h30min

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Décidément, le président Mahmoud Ahmadinejad n’arrêtera pas de sitôt l’enrichissement de l’uraniumdans la mise en œuvre du programme nucléaire iranien.

Alors que la communauté internationale, très exaspérée par l’entêtement de Téhéran, a fini par prendre des mesures allant de l’interdiction de voyager à l’étranger pour certains responsables à un embargo sur des armes ainsi qu’à des restrictions commerciales et financières, Ahmadinejad vient d’annoncer le passage à une autre étape : la phase industrielle de production du combustible nucléaire.

Cette nouvelle phase marque la volonté du pouvoir iranien de poursuivre son bras-de-fer avec la communauté internationale, qui ne sait plus à quelles sanctions se vouer devant ce fou furieux de président.

Ce dernier serait-il à la limite de l’inconscience ? Sinon si effectivement le but de ce programme est de permettre à l’Iran de disposer du nucléaire civil, comment comprendre l’attachement de ce pays à un tel projet quand on sait qu’il est le 4e producteur mondial de pétrole. Ce n’est pas en tout cas pour répondre à la demande énergétique.

A moins qu’il ne s’agisse là de narguer la puissante Amérique et ses alliés onusiens. Et là, le jeu auquel s’adonne le régime de Téhéran est fort dangereux. Ça donne l’impression que l’homme fort de cette République islamique s’amuse avec le feu. Car si les Américains ont attaqué le régime irakien de Saddam Hussein sans avoir la moindre preuve de ce qu’ils reprochaient à l’Irak, ce n’est pas dans ce contexte où toutes les raisons de leur désapprobation sont vérifiables, qu’ils vont se laisser conter. Et le régime iranien en est bien conscient.

Si c’est aussi une autre manière pour Ahmadinejad d’assurer sa communication politique, il n’a pas par contre des raisons évidentes de s’attaquer à tout ce monde réuni au sein de l’ONU. Au-delà de sa personne, c’est le peuple iranien qui en pâtirait en cas d’embargo, mais également lorsque Washington sera enfin résolu à régler militairement ce problème qui n’a que trop duré.

Pour être objectif, il faut reconnaître que l’obstination iranienne n’est pas rien. En effet, le nucléaire est une puissante arme de dissuasion non seulement pour le voisinage immédiat mais aussi pour toute la communauté internationale.

Ahmadinejad a d’ailleurs cette certitude, et c’est l’une des raisons qui le pousse à vouloir doter son pays d’une telle artillerie même s’il affirme tout de go qu’il s’agit d’un programme de nucléaire civil. Et mieux, la République islamique ne manque pas d’occasion pour s’affirmer comme la puissance incontournable dans la région, et n’a pas témoigné, jusqu’à présent, de la moindre volonté de s’incliner devant la pression internationale.

Mais l’injustice que le juron américain fait subir à l’Iran, c’est d’avoir permis à certains pays de posséder le précieux équipement et de le lui en priver en retour. Dans ce cas, y a-t-il une loi à deux vitesses sur l’armement nucléaire ? A moins que Washington n’ait une haine noire contre le régime de Téhéran. D’ailleurs, cela ne fait l’ombre d’un doute, Georges Bush a toujours répété, lorsque l’occasion lui a été donnée, que l’Iran fait partie des Etats « voyous ».

Qu’on arrête alors de faire la force à ce pays, qui estime avoir trouvé le « chemin vers un développement irréversible ».

Quoi qu’on dise, c’est aussi le droit de cet Etat de jouir de sa légitimité. Et l’accroissement des pressions pourrait l’amener à se retirer du Traité de non-prolifération des armes nucléaires. Le bourbier irakien doit servir de leçon à l’Oncle Sam, qui n’y a pas encore fini de compter ses morts. Il serait donc trop aventurier d’ouvrir un autre front, dont on peut d’ores et déjà envisager les conséquences.

Le moins que l’on puisse dire est que dans ce contexte extrêmement tendu, les Iraniens ne semblent pas vouloir lâcher du lest, préférant renforcer leur position consistant à jouer la montre. Washington va-t-il, pour autant, franchir le Rubicon ? Rien n’est moins sûr.

Kader Traoré

L’Observateur

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