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Leslie D. Mancuso, présidente de JHPIEGO : « Le Burkina Faso est engagé pour la santé maternelle et infantile »

Publié le mercredi 7 février 2007 à 07h52min

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Leslie D. Mancuso

Au terme d’un séjour au Burkina Faso, du 26 au 31 janvier 2007, au cours duquel elle a rencontré des autorités telles que le ministre de la Santé
et le président de l’Assemblée nationale, Leslie D. Mancuso, présidente de JHPIEGO s’est dit satisfaite.

De son constat, il ressort que la santé de la mère et de l’enfant est une préoccupation au Burkina Faso. Elle a salué le niveau de maîtrise de ces questions par les experts burkinabè, l’engagement des autorités politiques, l’amélioration de l’accessibilité et de la qualité des structures de santé de la mère et de l’enfant.

Sidwaya (S.) : Quel est l’objet de votre présence au Burkina Faso ?

Leslie D. Mancuso (L.D.M.), présidente, directrice générale de JHPIEGO : JHPIEGO, filiale de l’Université Johns Hopktins est une Organisation non gouvernementale (ONG) à but non lucratif basée à Baltimore. L’institution est présente dans 50 pays à travers le monde parmi lesquels 25 pays d’Afrique dont le Burkina Faso. Ses interventions vont dans le sens de l’amélioration de la santé de l’enfant et de la mère, le planning familial, le VIH/Sida... L’ONG que je dirige intervient au Burkina Faso depuis plus de 25 ans.

JHPIEGO entretient une relation spéciale avec ce pays. Je suis donc venue pour visiter les programmes pour lesquels mon organisation travaille en partenariat avec le ministère de la Santé et les structures qui travaillent dans le sens de la santé de la mère et du nouveau-né. J’ai rencontré au cours de mon séjour des responsables d’écoles de médecine et de santé publique, l’équipe de JHPIEGO au Burkina... Les temps forts de mon séjour ont été également marqués par les rencontres que j’ai eues avec les autorités du ministère de la Santé, notamment le ministre de la Santé. J’ai aussi eu l’honneur d’être reçu par le président de l’Assemblée nationale...

S. : Quels ont été les sujets d’échanges lors de vos rencontres avec les autorités du pays ?

L.D.M. : J’ai saisi cette opportunité pour, d’abord, remercier les autorités burkinabè pour l’assistance et le soutien qu’elles apportent à JHPIEGO depuis plus de 25 ans. Ensuite, ces différentes rencontres ont été une occasion de recueillir leurs avis et conseils sur ce qu’il y a lieu de faire pour améliorer la santé de la mère et des nouveau-nés. J’ai été très impressionnée par l’engagement des autorités du pays pour l’amélioration de la santé de la mère et des nouveau-nés. Ces rencontres ont été très riches pour moi.

J’ai également été reçue par l’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso à qui j’ai rendu compte des activités de JHPIEGO, notamment le partenariat établi avec le ministère de la Santé. De ces échanges avec le diplomate américain, je retiens son engagement à soutenir et à faciliter les relations entre JHPIEGO, une agence américaine et ses différents partenaires au Burkina Faso.

S. : Quels sont vos domaines d’interventions au Burkina Faso ?

L.D.M. : Nous menons beaucoup d’activités au Burkina Faso. Il s’agit entre autres de la mise à disponibilité et l’amélioration de l’accessibilité aux méthodes de planification familiale. En ce moment, nous sommes en train de promouvoir avec le ministère de la Santé et différentes structures sanitaires une méthode de planification appelée la « méthode Mama ». Elle consiste, après l’accouchement, à l’allaitement exclusif du nouveau-né pendant 6 mois.

Elle est perçue comme un transit pour la mère qui, pendant la période des 6 mois doit songer à d’autres méthodes de planification familiale à la fin ou pendant l’allaitement exclusif. Nous avons aussi proposé une autre méthode de planification familiale, la « méthode du collier ». Cette approche permet aux femmes, même à celles qui n’ont pas été à l’école de comprendre leur cycle menstruel et donc de savoir à quels moments il faut éviter les rapports sexuels si elle ne veut pas tomber enceinte.

Ces deux méthodes de planification ont été développés en collaboration avec l’Université Georgestown. Nous travaillons aussi en partenariat avec le ministère de la Santé sur la prévention de la transmission verticale (la transmission mère-enfant) du VIH/Sida.
Aussi, d’autres activités telles que le renforcement des capacités des structures sanitaires et du personnel de santé, la prévention du paludisme chez la femme enceinte, sont à inscrire dans le lot des actions que nous menons au Burkina Faso.

L.D.M. : Au Burkina Faso, j’ai visité plusieurs sites de projets et de prestation de services à Bobo-Dioulasso, Orodara, Ouagadoguou. J’y ai échangé avec beaucoup d’experts (médecins, sages-femmes, infirmiers). Et j’avoue que j’ai été impressionnée par le niveau de connaissance et de maîtrise des experts burkinabè.
J’ai également été impressionnée par l’engagement de tous ces experts à réduire la mortalité maternelle, néonatale et infantile au Burkina Faso. Aussi, j’ai constaté une amélioration de l’accessibilité et de la qualité des services de santé de la mère et de l’enfant.

S. : Quelle est la situation au Burkina Faso dans vos domaines d’intervention comparativement à celle d’autres pays de la sous-région que vous avez déjà visités ?

L.D.M. : Chaque pays à ses défis qui lui sont propres. Mais ce qui m’a marquée au Burkina Faso, c’est la spécifité et la force des experts. Ce pays dispose d’une grande expertise qu’il met au profit de la sous-région et même au-delà. Un autre trait caractéristique du Burkina est l’engagement politique des autorités à faire de la santé maternelle et néonatale une préoccupation. Suite à nos interventions, le Burkina Faso est devenu un pays qui offre de l’assistance technique aux pays de la sous-région grâce à son expertise. Les infirmiers, les médecins et les sages-femmes de ce pays font valoir leur expertise dans des pays comme le Togo, le Rwanda, la Mauritanie, le Cameroun, le Niger etc.

S. : De 1996 à nos jours, à combien peut-on estimer vos investissements au Burkina Faso ?

L.D.M. : En fait JHPIEGO est au Burkina Faso avant 1996. Mais comme toujours, les chiffres donnent une vue partielle de la réalité des choses. Qu’à cela ne tienne, on estime à plus de 4 milliards de F CFA les investissements faits au Burkina Faso de 1996 à nos jours. (JHPIEGO existe au Burkina depuis plus de 25 ans, mais c’est en 1996 que nous avons formalisé notre partenariat avec le ministère de la Santé et d’autres structures au Burkina Faso).

Cet investissement a permis de former du personnel, de développer des expertises, de changer certaines politiques en faveur de la santé de la femme et des nouveau-nés. Tous ces acquis, ajoutés à l’assise régionale que le Burkina Faso a désormais dans le domaine de la santé maternelle et infantile sont difficilement quantifiables. Le plus important, ce n’est pas la somme investie, mais les résultats positifs constatés sur le terrain.

S. : Après le constat fait sur le terrain, quelles sont les perspectives de JHPIEGO au Burkina Faso ?

L.D.M. : Quand on voit l’engagement des autorités politiques et du personnel de santé au Burkina Faso, on ne peut qu’être optimiste pour l’avenir. Le défi de mobiliser des ressources n’est pas facile à relever. Cependant, dès mon retour, je vais encore m’y investir afin que ce pays bénéficie de plus de soutien pour des résultats encore plus éclatants.

S. : Quel message particulier avez-vous à l’endroit de tous ceux qui bénéficient de vos services ?

L.D.M. : Je voudrais remercier tous les partenaires au niveau national pour leur amitié et leur sens élevé de collaboration et de partenariat. Mon souhait est que ce partenariat perdure et se renforce au bénéfice de la santé de la mère et de l’enfant. Pour le Burkina Faso, je vois l’avenir avec beaucoup d’optimisme.

Interview réalisée par Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya

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