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Humeur : histoire de portable

Publié le lundi 5 avril 2004 à 10h50min

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Megd’ ! Le téléphone portable n’est pas une religion et pourtant ! Il y a des types qui aiment leur portable comme certains adorent leur Bible ou leur Coran. Ils se baladent toujours avec leur mobile et n’arrêtent pas de le consulter et de le toucher.

Je comprends que certains tombent en pâmoison devant les textes sacrés. Mais je comprends un peu moins que l’on puisse s’abandonner à un putain de téléphone petit comme une souris. Megd’ !

Le soir dans les maquis de Ouaga, il y a souvent plus de portables que de Guigui sur la table. On dirait que trois nouvelles chapelles viennent de naître à Wogodogo, les trois fournisseurs de réseau du Burkina Faso. Megd’ ! Il y en a même qui prient dans deux chapelles. La chapelle Télecel en public et puis, en douce, dans une poche prévue à cet effet, dissimulée des regards indiscrets, il y a un autre téléphone, connecté sur la chapelle Telmob ou Celtel et qui ne sonne que pour quelques intimes.

Les pires fervents du mobile sont les prosélytes qui tentent de convaincre les infidèles de l’absolue nécessité de posséder un truc qui sonne dans la veste et qui coûte - en comparaison de nos budgets de gaou - la peau du derrière.

J’ai un ami qui est comme ça. On se voit de temps à autre pour prendre une bière. Il y a trois ans que mon pote est amoureux du portable. Il est capable de couper de deux mois de Guigui et de porco, d’aller au service à pied pour acheter le dernier modèle à la mode avec sept millions de couleurs et un tournevis qui fait aussi appareil photo et transistor mais seulement en mode veille... Megd !

Quand il me rencontre, il me dit généralement avec une incrédulité courroucée : "Megd’ ! Tu n’as toujours pas de portable !". Il me dit ça un peu comme s’il me disait : "Megd’ ! Tu n’as plus qu’un seul pied". Je lui réponds : " Ben non. Et si l’on compte le nombre de mouisards qui n’ont pas de cellulaires mobiles dans ce pays, on doit pas être loin des dix millions. Je suis dans la majorité, donc j’ai raison ! Megd’alors !".

Après, on commence à boire et à discuter. Habituellement, son téléphone nous coupe la parole et nous fait perdre le fil de notre causerie. Megd’ ! Je pardonne à mon ami en me disant qu’il est envoûté par le fétiche du cellulaire. Mais si un jour il ose m’offrir une de ces petites saloperies qui font bip bip, je lui téléphonerai immédiatement pour lui dire Megd’alors !

Journal du jeudi

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