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Le "vieux" Sankara s’en est allé le 4 aôut

Publié le mercredi 9 août 2006 à 08h14min

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4 Août. C’est une date historique pour le Burkina Faso. Il y a 23 ans de cela, un groupe d’officiers en alliance avec les forces patriotiques et démocratiques engageait un processus de transformation progressif et progressiste de la société voltaïque.

A la tête de ce mouvement démocratique à caractère révolutionnaire marqué, un jeune capitaine nommé Thomas SANKARA, leader charismatique adulé par le peuple et véritable produit de la société voltaïque de l’époque. Intégrité, courage et travail seront les valeurs qu’il insufflera à beaucoup de ses compatriotes. Un autre 4 août enregistre le rappel à Dieu d’un grand médiateur social.

Nous sommes au matin du 4 août 2006, date historique et symbolique dans l’histoire du Burkina Faso. Et pourtant, cette matinée est encore humide du fait de la pluie abondante de la veille. Il n’y a pas d’évènements commémoratifs depuis que le calendrier national s’est débarrassé de cette date qui n’est plus considéré comme déterminante dans l’histoire du pays.

Pourtant dans le cœur de bien de Burkinabè, le 4 août 1983, la glorieuse, porteuse d’espoir, de rêve et de progrès a laissé une empreinte indélébile. Et chacun, à sa manière la célèbre.
Ce matin donc, à la clinique Saint-Jean de Bilbalogho, le « vieux », comme l’appelait affectueusement ses proches, rendait son dernier soupir à 7h35mn.

Le « vieux », c’est à l’état civil Joseph Sambo Sankara. Né vers 1919, Joseph se retrouvera très rapidement enrôlé dans les forces militaires. Infirmier gendarme, il participera à la grande conflagration de 39-45. De retour dans son pays, il servira un peu partout dans la colonie de Haute Volta jusqu’à l’accession de cette dernière à la souveraineté politique. Il mettra son expérience au service de son pays naissant et prendra tranquillement sa retraite bien méritée en février 1967.

L’homme qui vient de partir, fidèle catholique, était apprécié de tous ceux qui l’approchait. Très sociable, il était un sage notable du quartier Paspanga de Ouagadougou. Maintes et moult raisons faisaient que sa modeste demeure ne désemplissait jamais. Qui pour prendre conseils, qui pour qu’il aille lui demander la main d’une fille, qui pour qu’il résolve tel conflit, qui pour qu’il l’aide, etc.

Le vieux Joseph Sankara, c’était aussi le père du capitaine Thomas Sankara. Le fils a eu de qui tenir ! Père d’un brillant officier et Président du Faso, aussi invraisemblable que cela puisse paraître pour les prédateurs politiques et sociaux d’aujourd’hui, « le vieux » est resté dans son humble masure, vivant de sa solde de retraité et des petite recettes de sa compagne Marguérite qui vendait des condiments au yaar du quartier. Fils président ou pas, cela n’influencera à aucun moment ni son comportement, ni son mode de vie.

Une grande rigueur morale, une parfaite tolérance et un dévouement sans faille, un homme bon, juste et généreux, tourné vers l’autre, au service de sa conviction spirituelle et de son prochain, voilà ce qu’était le vieux Joseph Sambo Sankara. Et Dieu lui en sait gré pour l’avoir donné une grande et riche famille composée de 9 enfants, environ une vingtaine de petits-fils et 16 arrière-petits-fils qui comblait sa vie.

L’histoire retiendra, qu’après son épouse Marguérite rappelé à Dieu le 6 mars 2000, le vieux Joseph aussi s’en est allé sans avoir pu organiser les obsèques de son fils Thomas Sankara dont il n’a pas non plus vu la dépouille, ensevelie avec précipitation dans un trou creusé à la sauvette, à fleur de terre à Dagnoën.

L’histoire retiendra aussi que malgré les vicissitudes de la vie, malgré les pressions multiples, le vieux Joseph a su garder la tête haute, vivre digne et humble jusqu’à sa dernière heure.

L’histoire retiendra enfin que, c’est un 4 août que le vieux Joseph s’en est allé. Et c’est un autre 4 août que son fils accéda à la magistrature suprême. Simple coïncidence ou signes qui nous interpellent ?

Par Pabeba Sawadogo

Bendré

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