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« Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

Publié le mercredi 1er mai 2024 à 21h55min

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« Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

Doctorant en Études culturelles africaines, Oulon Nitin Bruno a animé, ce mercredi 1er mai 2024, à Bobo-Dioulasso, une communication sur le thème « Les bois sacrés, des sanctuaires de richesses à préserver : cas du Nahuri Piu ». La communication qui fait partie de l’axe 4 du colloque intitulé « Culture comme vecteur de valeurs pour un Burkina nouveau », a fait réagir le défenseur de la religion traditionnaliste, Konomba Traoré.

Dans son exposé, le communicant définit les bois sacrés comme « des lieux de cérémonies et rites religieux ou d’initiations. Ils sont considérés par les communautés qui les protègent comme le lieu où résident les esprits ou les dieux de la forêt, de l’eau, de la colline et de la grotte. »

« Les pratiques coutumières relatives à la protection de I’environnement sont de plus en plus rares et les Africains de nos jours renient leurs sources. Ils ont honte de leurs appartenances religieuses notamment la religion traditionnelle. IIs aiment les pratiques des autres plus que les leurs ( langue, nom, religion, les modes vestimentaires) », a lancé Oulon Nitin Bruno. Il dit vouloir mettre en évidence l’identité du noir à travers les bois sacrés”, en l’occurrence le « Nahuri Piu » (Colline du Nahouri), pour son rôle et sa place dans la visibilité de la province qui porte son nom.

Selon le doctorant, le « Nahuri Piu » présente une grande richesse floristique et faunique. « On y retrouve, selon ses recherches, plus de 18 espèces d’arbres sur une superficie d’un hectare. Aussi, plus de 10 espèces animales et d’oiseaux y vivent ». Le communicant a rappelé que le Pic du Nahouri qui culmine à 447 mètres est l’une des principales attractions touristiques du Burkina Faso.

« La colline a une fonction identitaire et presque tout le monde s’identifie par la colline . Il y a des fils de la localité qui portent le nom Apiou, cela renvoie à la colline. Celle-ci a également une fonction de cohésion sociale. Lorsqu’il y a des sacrifices à faire, on parle d’une même voix, on mange et boit ensemble. Il y a aussi la fonction alimentaire, car la colline est riche en produits forestiers non ligneux », note le communicant.

Malgré toutes ces richesses, le doctorant Oulon Nitin Bruno relève que le « Nahouri Piu » est menacé par des actions anthropiques comme les feux de brousse et la divagation des animaux. Il regrette également la mauvaise gestion du site touristique et l’absence de l’administration publique dans sa gestion.

Comme solution, il préconise une gestion participative avec une implication de l’Etat car la colline a été reconnue comme patrimoine national en 2023. « Il faut revaloriser le site avec des infrastructures d’accueil et impliquer la mairie dans son entretien et sa gestion », recommande le communicant.

Rentré du Maroc où il a donné une communication sur la sacralisation de la nature, le défenseur de la religion traditionaliste, Konomba Traoré, a reproché au doctorant Oulon de n’avoir pas donné dans sa communication les conséquences que la sacralisation engendre, c’est-à-dire les interdits.

« Il est bon de connaître ces interdits. Sinon les touristes vont profaner nos lieux sacrés et il n’y aura plus rien de sacré. Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes. Il y a des limites que les touristes ne doivent pas franchir. Si quelqu’un vient profaner ces lieux sacrés, cette personne doit être sanctionnée immédiatement sinon ce n’est pas un lieu sacré. J’ai dans mon village, un baobab sacré. Si vous chiez dessous, dès que vous vous levez, les génies des lieux enduisent votre corps de vos fèces », a laissé entendre Konomba Traoré.

En réponse, Oulon Nitin Bruno a rassuré qu’avant d’accéder au « Nahuri Piu », toute personne doit passer obligatoirement chez le chef de terre. « On ne doit pas revenir avec une pierre de la colline », défend le communicant qui prévient que tout contrevenant s’expose à des sanctions.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 1er mai à 13:52, par AZERTY En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

    Pardon cher doctorant. Nous avons faim et la situation sécuritaire du pays nous suffit.
    La colline et autres sont sacrés, donc qu’ils se protègent. Nous n’allons pas gaspiller nos ressources (hommes, materiel, finance, etc) pour protéger du vent.
    NOUS SUIVONS CE QUI EST FONDE.
    Pardon faites des recherchent et des propositions tendant à améliorer nos vies ?
    Sinon ça lààààààààààààà ...............id kétin ngoundamin

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    • Le 2 mai à 12:21, par Ismo En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

      Pourtant, c’est sous la banniere de la réligion d’autres ancetres que les forces se cachent pour nous endeuiller....

      Tant que nous ne comprendrons pas cette guerre est egalement culturelle, nous ne vaicrons pas.

      Vous verrez que les GAT ne prosperent pas dans les zones toujours ancrées dans leurs cultures et les pratiques religieuses de leurs encetres.

      Merci

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    • Le 2 mai à 16:28, par Gwandba En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

      AZERTY
      « Du temps de l’esclavage, il existait deux sortes d’esclaves, deux sortes de Nègres. Il y avait le Nègre de maison et le Nègre des champs. Le Nègre de maison faisait toujours attention à son maître.
      Quand les Nègres des champs dépassaient un peu trop les bornes, il les retenait et les renvoyait à la plantation. Le Nègre de maison pouvait se permettre d’agir de la sorte parce qu’il vivait mieux que le Nègre des champs, il mangeait mieux, il s’habillait mieux et il vivait dans une plus belle maison. Il vivait dans la maison de son maître, dans le grenier ou la cave, il mangeait la même nourriture que son maître, il portait les mêmes habits que lui et il pouvait parler comme son maître, d’une diction parfaite. Il aimait son maître bien plus que son maître ne s’aimait lui-même. C’est pour ça qu’il ne voulait pas que son maître souffre. Si le maître tombait malade, le Nègre de maison disait : “Quel est le problème maître, sommes-nous malades ?” Sommes-nous malades !? Il s’identifiait à son maître plus que son maître ne s’identifiait à lui-même. Si la maison du maître prenait feu, le Nègre de maison luttait plus fort que son maître pour éteindre l’incendie. Il était prêt à donner sa vie plus rapidement que le maître ne le serait pour sauver sa maison. »

      C’est donc ça ???

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  • Le 1er mai à 15:17, par jeunedame seret En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

    Beau travail d’éveil pour ta région !
    Et ’’’Malgré toutes ces richesses, le doctorant Oulon Nitin Bruno relève que le « Nahouri Piu » est menacé par des actions anthropiques comme les feux de brousse et la divagation des animaux’’’’... et vous vos confessions chrétiennes ???!!. Monsieur le doctorant exposant, commencez d’abord à vous présenter sans le prénom BRUNO pour un beau combat d’identification. Avant de me pointer du doigt, veuillez bien assurer que vos mains sont propres nous rappelle BOB MARLEY. Ou bien voulez vous garder un pied traditionnel et l’autre pied chrétien pour mieux convaincre le gouvernement à valoriser vos forêts ? BRAVO !

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  • Le 1er mai à 23:49, par jan jan En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

    C’est une vérité, mais est-ce que ces lieux "sacrés" ont développé vos pays ?? Chez le blanc, il y a aussi ces lieux habités par les "génies" et vénérés, mais ils étaient toujours dans la misère, c’est les religions révélées qui leur ont permis de faire des bons en avant.

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  • Le 2 mai à 05:15, par jan jan En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

    M. Traoré, j’’aurais aimé que "nos" lieux sacrés avec leurs gendarmes empêchent le colonisateur blanc de traverser les océans avec la Bible et le fusil pour nous conquérir et nous assujettir.

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    • Le 2 mai à 12:30, par Ismo En réponse à : « Les lieux sacrés sont eux-mêmes leurs propres gendarmes », prévient le traditionnaliste Konomba Traoré

      Si vous connaissez l’histoire, vous saurez bien que le colonisateur nous a utilisé nous meme contre nous meme. Donc la ruse.

      Quand il a amené la bible, il a d’abord montré qu’il est bon et gentil. Il a dit qu,il a un Dieu bon et gentil. On a jeté nos affiare et on l’a sorti.
      Et soudain, il a sorti le fusil....

      Mais malheuresement, on continue de se faire berner.

      Il y’a des zones aujourdhui, meme avec fusil tu ne peux pas. Il y a des hommes, avec fusil tu ne peux pas... Si vous ne savez pas tout ca, je ne vous en veux pas.

      Bien sur, vous pourrez questionner pourquoi avec tout cas le colonisateur a reussi, vous verrez encore ma reponse encore plus haut.
      Merci

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