Dans ces deux livres, l’auteur crève l’abcès en abordant des sujets aussi sensibles que délicats. À travers des témoignages et des éléments factuels, le journaliste Atiana Serge Oulon met le doigt sur des comportements indélicats de certaines communautés qui nuisent au vivre-ensemble. Se fondant sur des discours et des actes, l’auteur relève une fracture sociale entretenue par des amalgames faits à l’endroit de certaines ethnies.

« Les Moosé veulent nous retirer notre village ! » ; « Peul, c’est peul » ; « Un étranger ne sera plus maire à Karangasso, c’est non-négociable » ; « Il ne faut pas voter le Bissa ». Beaucoup d’autres slogans ethnicistes comme ceux-ci sont rapportés par l’auteur pour mettre en exergue la réalité des clivages ethniques au Burkina Faso. « L’ethnie au Burkina Faso : amalgames et dérives » retrace tout simplement les récits de stigmatisation et des dérives meurtrières, en passant en revue quelques foyers de tension avec leurs corollaires de dégâts.

L’auteur des deux livres, le journaliste Atiana Serge Oulon.

« On a tenté de m’égorger ; et mon bourreau, me croyant mort, m’a abandonné dans le sang. Celui qui a tenté de m’égorger, je le connais très bien parce que nous sommes tous des Koglwéogo. J’ai réussi à me relever avec l’aide de ma femme et de mes deux frères qui avaient réussi à se cacher dans la brousse ». C’est le témoignage d’un rescapé du drame de Yirgou, rapporté parmi tant d’autres dans ce document de 111 pages.

« Les secrets de deux putschs », c’est le film du déroulement des coups d’Etat du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba contre Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier 2022, et du capitaine Ibrahim Traoré contre le tombeur de Roch Kaboré le 30 septembre de la même année. L’auteur révèle, dans cette œuvre de 75 pages, les dessous de l’avènement de ces deux putschs.

Un extrait du livre.

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Me Mamadou Savadogo, dans la présentation de la première œuvre, a salué le courage du journaliste qui a abordé un « sujet délicat ». Il estime que ces conflits traduisent la faiblesse de l’État. Et l’ouvrage de Serge Oulon permet de tirer des leçons pour la construction d’une nation parce que, dit-il, le Burkina n’est pas encore une nation mais un État. Mais cet État, de son point de vue, n’existe que par le nom parce qu’il est incapable d’apporter des réponses à ces problèmes de crise ethnique. « L’État est mort à Yirgou », a-t-il déclaré, indiquant qu’il n’a pas pu imposer son autorité face aux massacres de dizaines de personnes dans cette localité du Centre-Nord en 2019.

Me Mamadou Sawadogo a présenté « L’ethnie au Burkina Faso : amalgames et dérives ».

L’ancien ambassadeur Ismaël Diallo a présenté le deuxième ouvrage, « Les secrets de deux putschs ». Le diplomate a lui aussi félicité l’auteur et invité le public à lire les deux livres. « Il y a beaucoup de choses que je ne savais pas. Mais à la lecture de ce livre, j’ai découvert beaucoup de choses », a-t-il laissé entendre.

Selon l’auteur, l’idée de départ, pour le premier ouvrage, était d’évoquer les conflits entre éleveurs et agriculteurs. Mais par la suite, a-t-il poursuivi, elle a été élargie parce que le problème était aussi perceptible sur le plan politique. Outre cet aspect, la production de ces ouvrages répond à une raison particulière, à en croire le journaliste. « J’ai estimé qu’en tant que journaliste, nous avons le devoir de témoigner de ce que nous avons vécu » a-t-il conclu.

« Les secrets de deux putschs », a été présenté par Ismaël Diallo.

Les livres sont disponibles dans les librairies Mercury et Jeunesse d’Afrique, au Centre national de presse Norbert-Zongo, au siège du MBDHP et au siège du journal l’Évènement, au prix unitaire de 5 000 francs CFA.

En rappel, l’auteur a déjà publié plusieurs ouvrages : « Le général Diendéré parle » ; « Insurrection populaire d’octobre 2014 au Burkina Faso : Les trahisons » ; « Comprendre les attaques armées au Burkina : profils et itinéraires des terroristes ». Atiana Serge Oulon est aussi le directeur de publication du bimensuel d’investigations et de reportage, l’Évènement.

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Serge Ika Ki
Lefaso.net