La Mutuelle d’épargne et de crédit des artisans producteurs du Burkina (MECAP-Dédougou) est déclarée en faillite courant 2018. L’institution financière disparaissait avec une « importante » somme d’argent appartenant à près de 3 000 clients, informe Zakaria Dianda porte-parole des victimes. Dès lors, un marathon de démarches commence pour ces personnes qui disent avoir un seul objectif : entrer en possession de leur argent dont la mutuelle avait la garde. Selon le porte-parole, après l’échec de leurs approches avec la gendarmerie et la justice, les membres de la défunte mutuelle ont décidé de prendre attache avec le gouvernorat de Dédougou.

Au même moment, le délégué régional du médiateur du Faso dans la Boucle du Mouhoun, le trésorier régional, le chef de canton de Dédougou ont été saisis en 2018 pour plaider en leur faveur. Dans la même dynamique, les plaignants ajoutent avoir rencontré en 2020, le ministre en charge de l’économie d’alors. « Nous avons pu rencontrer le ministre de l’économie Lassané Kaboré. Il a fait savoir qu’il est au courant de notre situation et que tout allait rentrer dans l’ordre », assure Zakaria Dianda.

Selon Zakaria Dianda, les ex-membres de la MECAP-Dédougou ont tapé à presque toutes les portes sans succès jusque-là

Préjudice incommensurable

Contrairement aux promesses et assurances qui leur ont été faites à tous les niveaux de leurs démarches, les ex-clients de la MECAP-Dédougou sont au regret de relever qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer. « Nous n’avons jamais eu de retour d’informations ni de la mutuelle ni des autorités. Il est difficile de croire que nous sommes dans un pays de lois ou d’hommes intègres », a déploré Sigrun Spaans, fondatrice d’un lycée technique privé à Dédougou. Elle lutte depuis plus de cinq ans pour que la mutuelle restitue 4,6 millions de F CFA à son établissement.

Quant au porte-parole des victimes, il a révélé que la défaillance de la mutuelle lui a dérobé 5,8 millions F CFA. A en croire celui qui a confié être allé à la mutuelle juste pour sécuriser son argent, cette manne financière constituait le fonds de roulement de son entreprise avicole ; une ferme où il cultivait et produisait des poules pondeuses qui, malheureusement n’a pas survécu à la crise. Le préjudice est inqualifiable, martèle un autre membre.

Victime de la faillite, Sigrun Spaans implore les autorités de la transition de voler au secours des ex-mutualistes

« J’ai déposé 1 million 50 mille F CFA à la MECAP. Je suis reparti un jour pour un retrait, on m’a dit qu’il n’y a pas d’argent », s’est offusqué le commerçant Ousséni Ouédraogo. « Mon activité est gâtée comme celle de beaucoup d’entre nous les membres. Certains sont morts et d’autres ont quitté le pays parce qu’ils y avaient déposé des fonds communautaires », se souvient-il avec amertume.

Au bord du désespoir, Ousséni Ouédraogo souhaite une intervention diligente des autorités de la transition

Au secours

Se disant victimes de la situation, ses camarades et lui n’entendent pas baisser les bras. Cette sortie, selon leurs dires, traduit la volonté de porter à la connaissance des autorités de la transition leur mésaventure avec la MECAP. Par ce cri du cœur, « nous interpellons les nouvelles autorités à se pencher sur notre situation, à faire appliquer la loi pour qu’on ait plus de victimes de mal gouvernance dans ce pays », clament-ils.
Contacté, un des responsables de la défunte institution de microfinances à Dédougou, au moment des faits, dit partager les angoisses de l’ex-clientèle. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Yacouba SAMA
Lefaso.net