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Flambée du prix des hydrocarbures : La baisse n’est pas pour demain

Publié le jeudi 26 janvier 2006 à 07h56min

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Jean-Hubert Yaméogo

L’image de cette chaise, destinée au représentant de la SONABHY, restée désespérément vide durant l’émission d’Eco-Finance du 23 octobre 2005, a révolté plus d’un téléspectateur. Silence-radio côté Bingo. Cela a d’ailleurs suscité, dans notre édition du 25 octobre 2005, un Regard sur l’actualité intitulé « De qui se moque la SONABHY ? ». Re-silence.

Hier, la Société nationale burkinabè des hydrocarbures est sortie de son mutisme, à travers un petit-déjeuner de presse à l’hôtel Splendide. Un constat s’est imposé : la baisse des hydrocarbures n’est pas prévisible dans un futur proche.

Pour cette conférence de presse, la spécialiste des hydrocarbures semble avoir mis les petits plats dans les grands. En plus du staff technique assez étoffé qui entourait le DG, Hubert Yaméogo, les trois plus grands distributeurs de carburant du Burkina, Total Shell et Petrofa pour ne pas les citer, y étaient présents.

Naturellement, les journalistes ont cherché d’abord à épurer le vieux contentieux qu’il y avait, c’est-à-dire le mutisme, pour ne pas dire l’immobilisme de la maison, qui, pour certains, frisait le mépris.

Le DG dira que cet état de fait n’était pas une volonté délibérée de l’institution qui du reste a fait de la communication pendant le début de la crise pétrolière et aussi récemment pour l’utilisation de l’essence sans plomb. D’ailleurs, pour désormais communiquer mieux, la maison s’est dotée d’un chargé de communication.

La décision de ne pas participer à l’émission de la TNB relevait de leur ministère de tutelle qui est celui du Commerce. Ayant estimé qu’une commission interministérielle a été mise en place pour réfléchir sur cette flambée des prix, le ministère du Commerce a estimé qu’il siérait mieux d’attendre les éléments de cette commission pour enrichir les discussions.

Les organisateurs de l’émission ont été même contactés pour surseoir à celle-ci. « Malheureusement, nous nous sommes rendu compte que pendant l’émission, on faisait toujours de gros plans sur la chaise restée vide alors que les organisateurs étaient prévenus de notre non-participation ».

Projections diapositives à l’appui, les responsables de la SONABHY présenteront, entre autres, des données statistiques sur les hydrocarbures au Burkina, une étude comparée avec des données de pays voisins et les prix à la pompe des mêmes pays. Dans les réponses qui suivront cette présentation, le premier responsable de la structure, sise à Bingo, énuméra les raisons qui décident du coût du carburant.

D’abord les contraintes internationales : la variation du dollar, la politique extérieure des Etats-Unis, la demande très forte de pays émergents comme la Chine et l’Inde, la réaction de certains pays producteurs de pétrole qui se sentent menacés, comme aujourd’hui l’Iran.

Ensuite, il y a les coûts internes. Par exemple, dans la structure des prix de l’essence « Super 91 » à Ouagadougou, on remarquera qu’il y a sept intermédiaires avant que le carburant n’arrive au consommateur. Par contre, au Mali voisin, il n’ y a que quatre.

Pour le DG de la SONABHY, et concernant le prix du carburant, les données ne sont pas si simples. Il ne faudrait pas se focaliser seulement sur le prix au Mali comme au Bénin par exemple ; c’est le propriétaire qui importe son essence, qui l’amène au Mali, qui distribue et qui est le détaillant.

Chacun peut s’improviser exportateur et vendeur de carburant. Souvent, sans tenir compte de la sécurité, de l’origine et de la qualité du carburant que l’on vend. « Il arrive souvent, précisera le DG de la SONABHY, qu’on mélange souvent du gaz-oil et du pétrole et on vend cela sous la dénomination essence ». Au Burkina, il y a une société qui se porte garante de la qualité du carburant : la SONABHY.

Alors, pour le Monsieur Hydrocarbures du Burkina, il y a un choix à faire : on fait fi de la sécurité, autour de la distribution d’essence, et de la qualité en libéralisant et on a du « carburant moins cher » avec d’autres conséquences plus graves, comme l’impact sur les engins ou la pénurie fréquente de carburant dont on est coutumier dans les pays voisins.

Par contre, la SONABHY, par des appels aux meilleures offres de carburant de qualité dispose d’un stock de sécurité de 60 jours au cas où le précieux liquide arriverait à manquer ailleurs.

Concernant la fameuse subvention dont on parle tant, précision sera donnée qu’elle ne concerne pas actuellement les carburants SONABEL (pour éviter que le prix de l’électricité ne soit prohibitif) et le gaz domestique pour des raisons économiques et environnementales.

En conclusion, on remarquera à la fin de cette conférence de presse que le Burkina ne semble pas avoir une grande marge de manœuvre sur les prix des hydrocarbures. Que ce soit sur la fluctuation du dollar, sur la géopolitique internationale et les différents cataclysmes.

« D’ailleurs, fera remarquer le DG aux journalistes, ce n’est pas la SONABHY qui fixe les prix du carburant, mais plutôt une commission interministérielle conduite par le ministère du Commerce ».

Sur une baisse probable du prix du carburant, le Directeur général de la nationale des hydrocarbures n’abondera donc pas dans la langue de bois. « Je ne suis pas sûr que les prix puissent baisser.

Pour le moment, il nous reste à changer nos comportements par rapport au budget que nous réservons au carburant ». Les deux autres bouées de sauvetage, c’est soit la découverte, un jour, de gisements dans notre pays, ou l’utilisation d’énergies de substitution.

Issa K. Barry
Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2006 à 11:51 En réponse à : > Flambée du prix des hydrocarbures : La baisse n’est pas pour demain

    Décidément on se moque de nous. Conjoncture internationale, fluctuation du dollar, la musique est maintenant rouillée, car tous les pays consommateurs sont soumis à ces mêmes contraintes. Que dire du fait que l’euro auquel est rattaché le fcfa est supérieur au dollar en terme de change, ce qui relative un peu les coûts pour nous ? Et des nombreuses taxes appliquées par l’Etat sur le carburant ?
    La vérité est que le gouvernement se sert des hydrocarbures pour traire le peuple comme une vache à lait. Seuls les gouvernants savent à quel fin. Pendant longtemps les prix des hydrocarbures ont été subventionnés afin d’éviter les flambées des prix à la pompe. Le pays n’a jamais été ruiné pour cela. Pourquoi ces subventions ont-elles été supprimées ? Ils sont au pouvoir depuis 20 ans, ils disposent de bons d’essence à satiété et ne savent pas ce que c’est que de ne pas pouvoir mettre chaque jour un litre d’essence dans sa P50 pour circuler. Gouvernants incapables.

    YVON

  • Le 26 janvier 2006 à 13:05, par Firmin En réponse à : > Flambée du prix des hydrocarbures : La baisse n’est pas pour demain

    Comment peut-on expliquer que les sociétés d’hydrocarbure fassent des milliards de bénéfices alors qu’on pense improbable la baisse des prix ? Je pense que les consommateurs méritent un éclaircissement sur ce point. Par ailleurs, comment comprendre le nombre élevé des intermédiaires, dans un contecte de monopole d’importation ?

  • Le 26 janvier 2006 à 21:18, par La penthère En réponse à : > Flambée du prix des hydrocarbures : La baisse n’est pas pour demain

    Pour ceux qui ont suivi l’émission d’Eco-Finance du 23 octobre 2005, le DG de la SONABHY n’a pas du tout convaincu face aux accusations lancées contre la SONABHY. Bien au contraire il n’a fait que confirmer les propos des participants au débat. Quelles sont alors les conclusions de la commission interministérielle que la SONABHY et son minstère de tutelle attendaient pour participer au débat ? Que le coût du pétrole dépend du dolar US et de la politique américaine ? C’est du déjà entendu et d’ailleurs il en a toujours été ainsi lorsque le litre était à 300F.

    On peut libéraliser tout en gardant un contrôle sur la qualité. Et que dire de ces nombreux intermédiaires qui n’ont pas leur raison d’être, sinon exploiter sans pitié le peuple. Et l’Etat qui qui ne fait rien pour arrêter ces intermédiraires et qui, lui-même continue d’appliquer ses taxes sans penser à les dimunuer pour alléger la souffrance des populations laborieuses. C’est honteux ! L’Etat et les intermédiaires continuent de faire du peuple une vache à traire.

    A y voir de près, ces intermédiaires aux intétêts égoïstes et inavouables qui ne peuvent se faire voir au grand jour ont des affinités avec les hauts dignitaires du pouvoir en place, si ce ne sont tout simplement les mêmes personnes avec des prête-noms.

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