Sidawaya (S). : Nous avons constaté qu’à partir de 1 heure du matin, la SONABEL coupe le jus à ses abonnés. Comment expliquez-vous cette situation M. le directeur général ?

Daniel Sermé (D.S.). : Il faut comprendre tout d’abord que dans son organisation d’ensemble, la SONABEL a des centres qui fonctionnent en continu et d’autres en discontinu. La dernière catégorie regroupe les nouveaux centres qui ont un nombre réduit d’abonnés. Ces centres fonctionnent en diesel jusqu’à ce qu’ils atteignent une certaine rentabilité afin qu’on envisage leur fonctionnement en continu ; lequel engendre beaucoup plus d’investissement en matériel et exige plus de personnel.

S. : Depuis quand Manga est électrifié ?

D. S. : La SONABEL est installée à Manga depuis 1998.

S. : Cela fait environ huit ans et vous trouvez que c’est un nouveau centre ?

D. S. : Cela est aussi fonction du nombre d’abonnés du centre.

S. : Pourquoi ne pas envisager une promotion comme le fait l’ONEA quand on sait que la facture de branchement n’est pas à la portée du Burkinabè moyen ?

D. S. : Nous avons fait des extensions de plus de 300 poteaux il y a deux ans et nous n’avons enregistré que 600 abonnés. Il faut reconnaître que la croissance est très faible. De plus, même si l’ONEA est une société d’Etat comme la SONABEL, il faut tenir compte de la charge d’exploitation.

S. : Pensez-vous qu’en tant que chef-lieu de région, Manga mérite toujours les ténèbres à partir de 1 h du matin ?

D. S. : Vous savez bien que l’ouverture du centre s’est effectuée avant l’érection des régions. Maintenant que Manga est chef-lieu de région, je pense qu’avec le dynamisme des activités économiques et l’implantation des directions régionales déconcentrées, il puisse être envisageable un fonctionnement en continu. Nous, nous travaillons sur la base des objectifs de rentabilité.

S. : Il est aussi un devoir pour vous de mener un plaidoyer en faveur des populations dont vous êtes censés maîtriser les préoccupations.

D. S. : Je pense que c’est plutôt le rôle des autorités locales de s’adresser à qui de droit. Je sais qu’elles avaient introduit une demande qui avait suscité une étude. Malheureusement, les conclusions ont fait ressortir le caractère déficitaire du fonctionnement en continu. Je crois savoir que les autorités du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD) connaissent le fonctionnement des régions et doivent prendre les mesures qui s’imposent. Ce n’est pas à un directeur régional d’en décider.

S. : Savez-vous aussi qu’il n’y a pas de boulangerie à Manga pour la même cause ?

D. S. : Je ne crois pas. Une boulangerie ne fonctionne pas forcément 24/24. Le fait d’alimenter de 7 h à 1 h devrait pouvoir permettre à une boulangerie de fonctionner.

S. : Que proposez-vous concrètement ?

D. S. : Je dirai que Manga étant devenu un chef-lieu de région, il serait important que les personnes habilitées à décider prennent une décision afin que l’électricité puisse être fournie 24 h/24. Pour nous, il est toujours intéressant de voir une ville évoluer, le nombre de ses abonnés croître et notre chiffre d’affaires grossir. Il faut pour cela que les gens consomment et qu’il y ait beaucoup de réalisation.

Propos recueillis par A. Verlaine KABORE et Zackaria BAKOUAN
Sidwaya