Réalisé par Abdoulaye Dao en 2022, le film « Un geste d’amour pour briser les chaînes » aborde le thème de la maladie mentale. En Afrique, et plus particulièrement au Burkina Faso, les personnes souffrant de maladie mentale subissent le rejet ou la stigmatisation de la part de leurs proches et de la société. Lorsque les crises commencent, elles sont envoyées chez des guérisseurs traditionnels ou chez des guides religieux. Les familles pensent généralement qu’il s’agit d’un sort maléfique ou que le malade est possédé par des esprits. Et pourtant, le mal peut être atténué par la thérapie médicamenteuse ou par la prise de parole. C’est ce qui ressort de cette œuvre.

Des patientes guéries ont témoigné à cette cérémonie de projection.

L’équipe de tournage a rencontré des âmes généreuses qui, malgré leurs maigres moyens, recueillent et soignent des personnes atteintes de maladie mentale. Des malades, ainsi que des personnes guéries, ont également accepté de s’exprimer. Dans le film, des spécialistes de la question ont expliqué les facteurs et les risques qui peuvent conduire à la survenue d’une maladie mentale, tout en précisant que tout le monde peut être exposé. Aussi, la crise sécuritaire a engendré des traumatismes chez les personnes déplacées internes qui ont vu mourir leurs proches. Certaines d’entre elles en gardent toujours des stigmates et sont plongées dans une forte dépression.

Le film produit par l’association Sœurs pour Sœurs - Tond la Taaba rappelle que les femmes sont les plus touchées par cette maladie et sont les plus stigmatisées. Elles subissent constamment des viols et tombent enceinte. Au Burkina Faso, cette maladie est le parent pauvre dans le domaine de la santé.

La présidente de l’association Sœurs pour Sœurs, Juliette Zongo, a demandé aux personnes de bonne volonté d’aider à la diffusion du film, afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes.

« Les mots passent, mais les images restent »

C’est fort de ce constat que l’association a décidé de sensibiliser les populations, à travers ce film. « On dit que les mots passent, mais les images restent. Pour amener les uns et les autres à changer de regard et de comportement, il faut apporter l’information juste. Nous avons choisi le film pour qu’il nous serve comme outil de communication et de sensibilisation », a expliqué Juliette Zongo, présidente de l’association Sœurs pour Sœurs.

Selon la marraine de cette cérémonie de projection, l’ambassadrice des Pays-Bas au Burkina, Esther Loeffen, il est important de ne pas seulement traiter les maladies physiques. Des politiques nationales doivent être instaurées pour aussi s’occuper des maladies mentales. « Il faut bien traiter la santé mentale afin d’avoir un bon capital humain, pour le développement de ce pays. Je suis ravie de savoir que l’association Sœurs pour Sœurs l’a compris », a-t-elle déclaré.

L’ambassadrice Esther Loeffen (au milieu) a félicité l’association pour cette œuvre.

L’association Sœurs pour Sœurs a été créée en 2020. Elle lutte pour le respect des droits et l’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles souffrant de maladies mentales.

SB
Lefaso.net