LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine.” Montaigne

Situation politique au Burkina : Deux syndicats invitent le MPSR à dévoiler un agenda clair

LEFASO.NET

Publié le lundi 14 février 2022 à 22h50min

PARTAGER :                          
Situation politique au Burkina : Deux syndicats invitent le MPSR à dévoiler un agenda clair

Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation du privé et des enseignants non intégrés dans la fonction publique et le Syndicat national des fonctionnaires de l’éducation du Burkina ont conjointement organisé une conférence de presse ce lundi 14 février 2022, à Ouagadougou. L’un des points essentiels de cette rencontre était relatif à la formulation de près d’une trentaine de recommandations à l’endroit du MPSR.

Le 24 janvier 2022, le président Roch Kaboré a été renversé par un coup d’État. Le nouvel homme fort du pays est le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Situation nationale oblige, le syndicat national des travailleurs de l’éducation du privé et des enseignants non intégrés dans la fonction publique et le syndicat national des fonctionnaires de l’éducation du Burkina sont sortis de leur silence.

Ceci en vue de donner leur position sur la situation qui prévaut dans notre pays et faire des recommandations pour une refondation de la nation. C’est ainsi qu’ils ont conjointement organisé une conférence de presse ce lundi 14 février 2022, à Ouagadougou.

Des membres des deux syndicats

Faut-il condamner la prise du pouvoir par les hommes en armes ? A cette interrogation, la position des syndicats est claire : « Nous condamnons par principe démocratique la prise de pouvoir par les armes mais à contrario, si nous partons de l’hypothèse que ses conflits intérieurs peuvent interrompre le fonctionnement de nos institutions, nous dirons que notre constitution a prévu de telles situations en faisant cas de conflits intérieurs en son article 59. Mais, la prise du pouvoir par les armes est un recul pour notre démocratie ».

A travers la voix de Robert Kaboré, ils disent prendre acte de l’avénement du MPSR à travers sa déclaration et son acte fondamental mais ne comptent pas pour autant suivre aveuglément et dans l’euphorie les nouvelles autorités. Ils se réservent donc le droit d’apprécier ses actes qu’ils soient en faveur du peuple ou pas, du fait de l’exception soulevée par l’article 36 de l’acte fondamental du MPSR. Le processus de mise en place des délégations spéciales et de désignation de trois cadres compétents et intègres par ministère fait de gorges chaudes en ce moment. Pour ces deux syndicats, cette mesure suscite des soupçons d’un coup d’État arrangé.

Les journalistes lors de la conférence de presse

Fort de ce constat, le porte-parole de ce regroupement syndical a égrené près d’une trentaine de propositions adressées au président du Faso. Il a, entre autres, cité la prise d’actions pour la sécurisation du territoire et le retour des personnes déplacées ; la diversification de la coopération militaire en se donnant les moyens pour l’acquisition de moyens logistiques, pour la formation et le recrutement massif des FDS ; un retour à l’ordre constitutionnel sans précipitation, ni calcul comme cela l’a été avec la transition de 2014-2015. "Si on échoue avec cette transition, nous sommes tous foutus. Voilà pourquoi nous attirons l’attention du MPSR de prendre le temps qu’il faut. Il ne suffit pas de faire de la précipitation pour donner des postes à des gens. Nous avons le dos au mur, du MPSR jusqu’aux paysans", a laissé entendre le conférencier.

Abordant les maux à éradiquer urgemment, il a relevé le terrorisme, l’insécurité alimentaire, la pauvreté, la paupérisation, la justice taillée sur mesure pour une classe bourgeoise inaccessible à la grande masse et inadaptée aux aspirations du peuple.

La prise du pouvoir par les armes est un recul pour notre démocratie, selon le porte-parole

Au cours de cette conférence de presse, les journalistes ont soulevé des préoccupations auxquelles le conférencier a apporté des éléments de réponses. Interpellé sur l’épineuse question de la prestation de serment du lieutenant-colonel Damiba en qualité de président du Faso devant le conseil constitutionnel, le porte-parole a rappelé que le conseil constitutionnel n’est pas un organe qui inspire confiance dans la mesure ou c’est le président du Faso ou le président de l’Assemblée nationale qui nomme ses membres. "En quoi cet organe est digne d’investir quelqu’un que les Burkinabè doivent suivre ?", s’est-il questionné.

A la question de savoir en quoi le coup d’État à impacté le système éducatif, le ton monte d’un cran. "Déjà le fait qu’on veut choisir des acolytes du ministre pour faire des consultations, c’est dangereux. Et c’est malheureux pour nous en tant que syndicalistes de constater que des syndicats accompagnent cette initiative. C’est avec ces syndicats qu’on corrompt nos carrières. Nous leur souhaitons bon vent. Mais nous allons toujours dire que ce n’est pas bien. On ne vient pas au syndicalisme pour applaudir parce qu’il faut applaudir ; pour suivre parce qu’il faut suivre. C’est du syndicalisme brouette. Nous ne faisons pas partie de ce type de syndicalisme", a martelé M. Kaboré.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos réactions (13)

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique