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27e édition du FESPACO : Le public à la découverte de la série « Vaillante »

Publié le samedi 23 octobre 2021 à 12h00min

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27e édition du FESPACO : Le public à la découverte de la série « Vaillante »

A quelques heures de la clôture du FESPACO, le premier épisode de la série « Vaillante » de l’UNICEF a été projeté en avant-première, le vendredi 22 octobre 2021 à Canal Olympia Pissy, à Ouagadougou. C’était en présence du délégué général du festival.

Depuis le 16 octobre 2021, Ouagadougou vibre au rythme de la 27e édition du FESPACO. A l’occasion, des films et séries de belle facture provenant de divers pays sont proposés aux amoureux du septième art. Dans la liste de ces séries, figure « Vaillante » produite par l’UNICEF. Il s’agit d’une mini-série de trois épisodes qui traite d’une « plaie » qui mine nos sociétés : le mariage des enfants. La série aborde aussi l’engagement de la jeunesse et la question de l’égalité des genres en Afrique.

Des acteurs engagés dans la lutte

Le vendredi 22 octobre 2021, le premier épisode a été projeté à Canal Olympia Pissy, à Ouagadougou. Pour cette avant-première, les cinéphiles, composés en majorité de jeunes, n’ont pas marchandé leur présence. D’une durée de 43 mn 10 secondes, le premier épisode met en scène Sali, une jeune femme de 24 ans, militante contre le mariage des enfants. En plus de ses études à plein temps, elle a mis au point une stratégie pour tenter d’empêcher les mariages d’enfants : rencontrer les familles et les orienter vers des programmes gouvernementaux pouvant leur apporter du soutien et permettre la poursuite de la scolarisation des filles.

Les jeunes étaient représentés à cette projection

Elle publie également sur son blog des récits sur les enfants-épouses et les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Sa plus grande chance d’avoir un impact réel se présente lorsqu’elle est interviewée à la radio lors d’un talk-show de grande écoute. L’interview semble se retourner contre elle : de nombreux auditeurs appellent pour s’opposer à son opinion sur le sujet. Mais au cours des semaines qui suivent, l’interview devient virale sur les réseaux sociaux, déclenchant une vague de soutiens. De nombreuses personnes contactent Sali pour qu’elle les aide à empêcher le mariage de jeunes filles dans leur entourage. Adi, une adolescente de 14 ans qui est originaire d’un village fictif du nom de « Banye en Afrique de l’Ouest », fait partie de ces jeunes filles. Elle a reçu l’ordre de son père d’épouser un homme plus âgé. Dévastée à l’annonce de la nouvelle, Adi demande à son frère Boubé de trouver quelqu’un en ville pour lui venir en aide. Quelques jours plus tard, Boubé part pour la ville et, à la demande d’Adi, emporte avec lui une photo d’elle ; il est déterminé à trouver de l’aide. La photo d’Adi parvient jusqu’à Sali, mais personne ne vient en aide à la jeune fille, et le mariage finit par avoir lieu.

La lutte contre le mariage des enfants est l’affaire de tous, rappel la représentante de l’UNICEF, Sandra Lattouf

La fin de ce premier épisode a ému toute la salle : un vieil-homme qui rentre avec une jeune fille de 14 ans et la porte se referme derrière elle. Le récit de l’avenir incertain d’Adi s’entremêle au passé douloureux de Sali jusqu’à la révélation : Sali est la future fille d’Adi.

Les deux autres épisodes sont en production. Ils seront probablement disponibles d’ici la fin de cette année 2021. Cette série, produite par Nicolas Ledner, Richard Ahlfeldt, Denna Jones, Diane Yaméogo, Nankali Maksud, Ramatou Touré, Rose Zara Chitou, Lalaina Fatratra Andriamasinoro et Hadrien Bonnaud, vise à amplifier la réponse au mariage précoce qui est une réalité sous nos cieux, selon la représentante de l’UNICEF, Sandra Lattouf.

Pour l’artiste Smarty, la place de la jeune fille, c’est à l’école

Au Burkina, des efforts sont consentis par les autorités et ses partenaires, mais la lutte doit se poursuivre car cette pratique est culturelle. L’un des acteurs essentiels dans cette lutte, ce sont les jeunes eux-mêmes qui peuvent faire la différence. La représentante de l’UNICEF a un souhait qui lui tient à cœur : la diffusion de ce premier épisode d’une série de trois au Burkina mais aussi à l’extérieur. Ce qui permettra de renforcer davantage la lutte contre cette pratique qui viole les droits des enfants.

« Lorsqu’on parle de mariage précoce, on parle de jeunes filles qui quittent pour la plupart les écoles. On parle aussi de jeunes filles qui vont malheureusement pour la plupart avoir des enfants en étant elles-mêmes des enfants. Sans oublier le risque que cela comporte. Il y a beaucoup de sujets qui sont autour de la thématique du mariage précoce. Donc, c’est un moment de réflexion où on a l’occasion d’avoir différents acteurs dans le cadre du FESPACO », a déclaré Mme Lattouf.
Dans la foulée, elle a remercié les organisateurs du FESPACO pour l’opportunité qui leur a été donnée de porter la voix des enfants et de trouver ensemble des solutions pour arrêter ce fléau.

Les panélistes

L’artiste Smarty, par ailleurs ambassadeur de l’UNICEF, voit en « Vaillante », la continuité de son message (Ne m’appelez pas madame). « Quand on parle du mariage des enfants, les gens disent qu’il y a d’autres choses qui sont prioritaires. D’autres affirment que si on ne marie pas les filles, il n’y a pas d’autre avenir pour elles. Je pense que c’est un sujet assez sensible. A travers cette série, on éveille surtout la conscience des hommes pour qu’ils prennent le problème à bras-le-corps. Moi, j’ai été content d’avoir suivi ‘‘Vaillante’’ parce que c’est vraiment touchant », a confié l’artiste, avant d’inviter la population à découvrir cette mini-série.

A l’issue de la projection, le public a échangé de vive voix avec des personnes averties de la problématique du mariage des enfants au Burkina. Il s’agit de Eulalie Yerbanga de la Coalition nationale contre le mariage des enfants au Burkina ; Saïb Kobiané, directeur de la promotion et de la protection de la famille auprès du ministère de la Femme ; Karim Sankara, spécialiste de la protection de l’enfant à l’UNICEF ; Amélie Gué, journaliste et influenceuse sur les droits humains et l’engagement de la jeunesse.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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