Au Burkina, le secteur agricole est appelé à assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à contribuer à la croissance économique. Cependant, avec le contexte actuel de changement climatique, les niveaux de production agricoles sont faibles et ne peuvent pas répondre aux besoins des populations. Pire, ces changements climatiques contribuent à l’augmentation de la prévalence de la malnutrition chronique, surtout chez les enfants de 0 à 59 mois, les femmes enceintes et les personnes âgées.

Les équipements reçus par l’INERA

L’Union européenne (UE) accorde un intérêt particulier aux grandes questions qui se posent au Sahel en général et au Burkina en particulier. C’est ainsi qu’elle a mis en place l’initiative DeSIRA (Development smart innovation through research in agriculture). Dans le cadre de DeSIRA, l’UE a accordé une subvention de financement d’un montant de 8 millions d’euros pour exécuter le projet de renforcement des réseaux et des capacités institutionnelles en amélioration des plantes pour le développement de cultures résilientes répondant aux besoins des paysans d’Afrique de l’Ouest en abrégé ABEE.

Une vue des participants lors de la cérémonie

Il s’agit d’un projet régional (Burkina, Niger et Sénégal) coordonné par le Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) et exécuté par l’INERA, l’Institut national de la recherche agronomique du Niger (INRAN), l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), avec l’appui technique du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et l’Integrated Breeding Platform (IBP). Il s’exécutera sur cinq ans.

Consciente du fait que la sécurité alimentaire et nutritionnelle commence par la disponibilité de semences adéquates en quantités suffisante, l’UE, à travers le CORAF, a financé l’achat de matériels et d’équipements au profit de l’INERA pour un montant de 280 millions de francs CFA. Ces équipements sont composés de matériel roulant avec quatre véhicules double cabine et cinq motos ; de matériel informatique avec dix ordinateurs portables, de cinq ordinateurs de bureau, de cinq imprimantes, de 20 tablettes ; de forages équipés de systèmes solaires, de chambres froides ainsi que d’aires de séchage. Le Centre de recherche agricole et de formation a abrité ce jeudi 30 septembre 2021, la cérémonie de remise officielle des équipements acquis dans le cadre de du projet ABEE.

Le ministre de l’enseignement supérieur a loué l’initiative de l’UE

Plusieurs personnalités étaient témoins de ce grand moment ; parmi lesquelles le représentant de la délégation de l’UE, Antonio Marquez Camacho, le ministre de l’enseignement supérieur, Pr Alkassoum Maïga. « C’est un évènement assez important quand on sait que nous sommes dans une situation où il n’y a pas assez de précipitations. Pour pouvoir avoir de bons rendements, il est important d’avoir les variétés qui sont les meilleures, qui soient adaptées à nos conditions climatiques. Ce projet va dans ce sens. Je sais que nous avons des chercheurs assez compétents dans tous les domaines. L’accompagnement dont ils bénéficient va leur permettre de répondre à nos attentes et aux besoins de la population », a laissé entendre le ministre Maïga.

Le directeur exécutif du CORAF

Reconnaissant, il a remercié les partenaires en l’occurrence l’Union européenne, le CORAF, la Fondation Bill & Melinda Kate, la Banque mondiale et a invité les chercheurs à être encore plus présents aux côtés des producteurs. Après avoir réceptionné les équipements, le directeur de l’INERA, Dr Amidou Traoré, a égrené un chapelet de difficultés auxquelles les chercheurs sont confrontés au quotidien. Entre autres, l’insuffisance des bureaux, et le problème d’électricité. Dr Traoré a dit compter sur le ministère de l’Enseignement supérieur et celui des Finances pour relever ces défis.

Pour le directeur exécutif du CORAF, Abdoul Tankoano, le choix de l’INERA comme bénéficiaire de cette dotation n’est pas un fait du hasard. En ce sens que c’est le chef de file des partenaires institutionnels de CORAF au Burkina.

Profitant de cette occasion, il a partagé avec les journalistes la raison d’être du projet ABEE, celui de répondre au défi du changement climatique. « Nous avons des problèmes sérieux avec la qualité des semences. Aujourd’hui, ce projet vient nous permettre de rassembler nos intelligences collectives sur un projet de développement des nouvelles variétés, de leur diffusion à grande échelle pour résoudre ce problème de changement climatique avec des variétés résilientes », a-t-il renchéri.

En clair, ABEE vise principalement l’amélioration des compétences et l’efficacité des équipes de sélection travaillant au Burkina, Niger et au Sénégal sur le mil, le sorgho, le fonio, le niébé et l’arachide afin de leur permettre d’utiliser les techniques modernes de l’amélioration des plantes pour un gain rapide de productivité.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net