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« L’Afrique et la sorcellerie » : Bali Nébié ‘’démystifie’’ le sujet avec ses ouvrages

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Publié le vendredi 12 février 2021 à 10h30min

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 « L’Afrique et la sorcellerie » :  Bali Nébié ‘’démystifie’’ le sujet avec ses ouvrages

Interroger la sorcellerie pour mieux la comprendre, prendre le phénomène sous un angle scientifique (pourquoi et comment), tels sont entre autres les objectifs de Bali Nébié, un militant dans la lutte contre les accusations de sorcellerie. Ce jeudi 11 février 2021, au cours d’une conférence de presse animée à l’Institut national des sciences sociales (INSS), l’écrivain a présenté ses ouvrages qui traitent de la question.

« L’Afrique et la sorcellerie ». C’est un débat qui traverse les âges, elle est d’actualité. C’est sous ce thème que Bali Nébié, professeur certifié de SVT (Sciences de la vie et de la terre), a animé sa conférence. Il est engagé dans la lutte contre les accusations de sorcellerie qui, à l’en croire, constitue un obstacle majeur au processus d’apprentissage de jeunes collégiens et lycéens. « Le développement de l’Afrique, telle la sorcellerie est perçue, est compromis parce que vous avez des sociétés secrètes qui limitent des actions », a-t-il indiqué.

Selon l’orateur, la croyance de la sorcellerie a des effets pervers aux niveaux individuel, collectif et national. Pour l’aspect individuel, il a cité entre autres l’irresponsabilité, la paresse intellectuelle, le manque de confiance en soi et la tendance à la soumission aveugle aux coutumes. En ce qui concerne la collectivité, la question de la sorcellerie crée des conflits et tensions au sein des familles et une absence de progrès social. Quant au niveau national, on assiste à une promotion de l’occultisme dans la gestion des affaires publiques au détriment de la rationalité et une forte influence des marabouts et autres féticheurs dans les options et décisions politiques.

Le conférencier a indiqué aux participants que la théorie du complot permettait de justifier la sorcellerie et surtout garder son caractère mystique

De l’existence de la sorcellerie

Qu’est-ce que la sorcellerie ? Le conférencier a montré que la sorcellerie est un ensemble de pratiques et de croyances que l’on retrouvait partout dans le monde. « Quand on parle de sorcellerie, les gens ont le regard fixé sur l’Afrique et les Antilles comme s’ils sont les seuls », a-t-il déploré.

A la question sur l’existence de la sorcellerie, Bali Nébié a fait savoir qu’il est difficile de convaincre quelqu’un qui a déjà une idée arrêtée sur l’existence de la sorcellerie de son contraire. Pour lui, en Afrique subsaharienne, la sorcellerie est indissociable de l’existence des sociétés secrètes (ou confréries). Ces confréries étaient composées essentiellement des hommes, contrairement en Europe où on les appelle des « sorcières ». Cette appellation tire son origine de la Bible où Satan aurait donné son pouvoir à la femme.

Ainsi, ce que le commun qualifie de « sorcellerie », le conférencier a expliqué qu’il s’agit de la mystification des organisations secrètes. « Les confréries mettent tout en œuvre pour semer la peur et garder leurs réputations de possession de pouvoir surnaturels », a-t-il notifié. Pour preuve, il a pris le cas des enfants (dans la culture africaine) qui dès leurs bas âges, à qui on interdit d’être curieux (poser beaucoup de questions) et prendre pour « vérité absolue » tout ce que les vieux disent.

Selon Bali Nébié, les confréries avaient la noble mission d’instaurer l’ordre et la discipline au sein des sociétés

Eradiquer le phénomène

Bali Nébié a écrit trois ouvrages sur la sorcellerie. Deux romans : « Le crépuscule des ténèbres » et « Les secrets du sorcier noir » et un essai : « La sorcellerie : un géant tigre de papier ». Ces trois livres sont disponibles dans la bibliothèque de l’Institut national des sciences sociales (INSS) où la conférence a été animée.

Au cours des échanges, un neveu de l’auteur a donné un témoignage sur « la pression » que son oncle a subie par les parents du village. Dès la parution du premier livre (Le crépuscule des ténèbres, en 2004), un délai de trois jours lui a été donné pour sa survie. Grande a été leur surprise de voir Bali Nébié aux funérailles de sa tante plusieurs années plus tard.

Aux termes de sa présentation, le conférencier du jour a formulé des suggestions. Bali Nébié propose la révision de la législation sur la sorcellerie et faire en sorte que les textes soient appliqués de manière rigoureuse. « Le mal a atteint la société. C’est par le système éducatif qu’il faut l’éradiquer », a-t-il insisté. Il a foi pour une autre approche de la question et invite les gens à prendre conscience des conséquences de la perception de la sorcellerie dans les sociétés africaines. « La culture doit toujours viser à renforcer la cohésion sociale. Dès qu’il y a quelque chose qui menace cette vie, il faut la dénoncer », a conclu Bali Nébié.

Cryspin Masneang Laoundiki
Lefaso.net

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