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Télévision : Sou Jacob écrit au président du Faso

Publié le vendredi 14 octobre 2005 à 09h24min

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L’auteur de l’écrit, dont teneur suit, est remonté contre l’Administration qui n’a cessé de bloquer son projet. Il raconte dans les détails son parcours du combattant dans cette lettre ouverte adressée au chef de l’Etat.

Nous vous remercions publiquement par la présente de l’adience que vous avez bien voulu accorder le 4 novembre 1992 à une délégation du projet MULTIMEDIA-BURKINA conduite par nous. Elle faisait suite, à notre demande, à des essais démonstrations de production et de diffusion-radio et/ou TV tout au long de l’année 1992, au cours de la Semaine nationale de la culture (S.N.C.) à Bobo-Dioulasso, du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (S.I.A.O.) et dans les villes de Tenkodogo et Koudougou.

Excellence, Monsieur le Président du Faso,

Nous avions souhaité vous rencontrer pour recevoir vos conseils et obtenir votre caution morale pour l’exécution, à partir du Burkina Faso, d’un projet résolument ambitieux dont le volet Télévision, tout particulièrement, comportait un bouquet de chaînes TV à vocation continentale devant émettre du Burkina Faso.

L’équipe qui nous accompagnait ce jour-là et nous-même, sommes repartis « gonflés à bloc » après l’accueil que vous avez bien voulu nous réserver et les encouragements que vous avez bien voulu nous prodiguer et, surtout, l’assurance que vous nous donniez votre bénédiction pour exécuter notre projet tel que nous le concevions, assurance réaffirmée au mois de mai 1993 par votre Directeur de Cabinet qui nous recevait à son tour en votre nom.

Malheureusement, depuis lors, certaines Administrations, dont celles qui, de par leur nature, auraient dû nous accompagner pendant toutes ces années d’existence du projet, nous imposent un véritable parcours du combattant.

Excellence, Monsieur le Président du Faso,

La brève description ci-dessous, de l’exécution du projet, en deux (2) étapes, et la malgouvernance du projet par l’Administration publique révèlent bien les nombreux obstacles rencontrés.

1. De la brève présentation de l’exécution du projet

1) La période de 1992 à 1999 a été caractérisée par des tracasseries de différentes natures tendant manifestement à nous décourager de poursuivre notre projet, tracasseries qui nous ont conduits à suspendre le projet au bout de cinq (5) années de diffusion du volet TV, par une lettre ouverte adressée au président du C.S.I. (juillet 1999) pour dénoncer nommément des administrations, du domaine de la communication pour la plupart, qui avaient entravé le développement du projet.

C’est ainsi que sous le couvert de redevances dues au titre de nos stations de télévision à Ouagadougou, radio à Diébougou et à Bobo-Dioulasso, alors même que celle de Bobo-Dioulasso n’était pas fonctionnelle, l’Office national des télécommunications (ONATEL) nous a sevrés du téléphone, allant jusqu’à suspendre les téléphones cellulaires de nos partenaires occidentaux lors de la couverture, par nous, de la CAN’98.

Les enseignements tirés de cette période, que nous jugeons expérimentale, nous ont permis de revenir auprès du Conseil supérieur de la communication sous la forme d’un Groupement d’intérêt économique (G.I.E.), dénommé Réseau Multimédia-Burkina, avec des dossiers de demande de fréquences mieux élaborés (des fréquences pour 3 projets de télévision et 5 fréquences radio) où la télévision notamment s’adapte plus aux besoins de l’Afrique, devenant de véritables outils au service du développement.

Peine perdue, hélas ! Car, durant la période de 1999 à octobre 2005 : les ennuis administratifs ont perduré. Non seulement nous n’avons obtenu que des fréquences (3 radios et 3 TV) ne correspondant pas totalement aux besoins clairement exprimés dans nos requêtes, mais en plus cette étape a sanctionné les premiers retraits abusifs de nos fréquences radio, en mars 2004, qui n’ont pas été sans conséquences.

II. De la malgouvernance du proiet par l’administration publique et ses conséquences

Excellence, Monsieur le Président du Faso,

Quand nous revînmes auprès du C.S.C., par le biais du G.I.E. dénommé Réseau Multimédia-Burkina pour introduire de nouveaux dossiers de demande, d’abord dès 1999 pour la fréquence radio déjà en exploitation à Diébougou, puis pour deux (2) autres fréquences radio et celles TV en février 2001, nous avions suffisamment d’intentions fermes de partenaires étrangers nous permettant d’exécuter notre projet. Mais, après maintes péripéties, nous n’avons obtenu les fréquences demandées qu’en 2001, en octobre 2002 et novembre 2003.

Nous avons engagé alors, dès le mois de décembre 2003, la procédure devant aboutir au recrutement et à la formation des professionnels requis pour le démarrage de nos activités radio, TV et cinéma. Et curieusement, peu après la fin de publication de notre avis de recrutement, en mars 2004, l’administration du C.S.C. décida « bruyamment » de nous retirer toutes nos fréquences radio avant de nous les restituer « furtivement » quelques semaines après leur retrait.

Les conséquences de ce nouveau forfait du C.S.C., se manifestèrent peu après par la suspension de la participation de nos partenaires occidentaux, ces derniers subordonnant désormais leurs interventions au démarrage préalable de nos activités, avec d’autres partenaires.

Ceux-ci, des nationaux, se signalèrent spontanément et une convention de financement fut même signée avec l’un d’entre eux, le 08 juillet 2005, pour le renforcement immédiat de l’exploitation de la fréquence radio de Ouagadougou, qui venait de commencer à émettre le 30 juin 2005, et pour des interventions financières ultérieures au profit des autres fréquences radio et TV.

L’aboutissement de nos dernières démarches et l’enthousiasme de nos partenaires nationaux n’émurent point l’Administration du C.S.C. qui décida, et de façon très contestable, du retrait de nos cinq (5) nouvelles fréquences radio et TV, le 14 juillet 2005.

Ainsi, Excellence, Monsieur le Président du Faso,

en plus des autres fréquenœs radio et TV qui se préparaient à démarrer leurs activités, la fréquence radio 104 800 de Ouagadougou, en exploitation dans les délais requis, et qui s’activait pour la couverture de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005, vient d’être étouffée ;

les espoirs de tous ces jeunes burkinabé qui croyaient au projet sont déçus, et
l’un des maillons manquants les plus efficaces du FESPACO, à notre sens, à savoir, les multiples points de diffusion audiovisuelle et les chaînes TV à vocation continentale et leur extension à l’intention de la diaspora africaine et créole d’Amérique du Nord francophone, prévus par le projet sont presqu’enterrés.

Comme si, Excellence Monsieur le Président du Faso, en dépit de votre total et indéfectible engagement, sur la voie de la démocratisation et de la bonne gouvernance, des mentalités rétrogrades habitaient toujours certaines sphères de l’Administration.

Sinon, comment comprendre la décision de retrait de nos fréquences du 14 juillet 2005 de l’Administration du C.S.C., juste après la position non tranchée du Collège des conseillers lors de sa 23e session, le 20 juin 2005, et nos correspondances du 22 juin 2005 et du 12 juillet 2005 sur la situation du projet et transmettant une convention de financement des activités du projet ? Nous restons persuadé que votre souci du bien-être de l’ensemble des Burkinabé, sans exception, ne saurait tolérer de pareilles dérives.

Aussi, nous sommes profondément choqué et déçu par la désinvolture de l’Administration du C.S.C. et avons décidé de lutter contre de telles tares au sein de l’Administration du pays.

C’est pourquoi, Excellence Monsieur le Président du Faso, conformément aux dispositions des conventions radio et TV, notre service juridique met la dernière main au dossier afin de saisir les juridictions compétentes pour trancher le litige..

Les conclusions de cette étude, dont les premiers éléments relèvent que le Président du C.S.C. aurait même pu agir dans l’illégalité parce que ne disposant plus de mandat explicite pour le faire depuis quelques temps déjà, qui seront déposés incessamment auprès des instances citées plus haut, réclament des dommages à la hauteur des préjudices subis par nous, le principal desdits dommages étant certainement la perte de confinance de nos multiples partenaires.

Telle est aujourd’hui, Excellence Monsieur le Président du Faso, la situation d’exécution de notre projet que nous avons l’honneur de porter à votre connaissance. Nous vous souhaitons tous les succès possibles pour votre noble et combien délicate mission au profit de l’ensemble des Burkinabè et vous prions de bien vouloir agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’assurance de notre plus haute considération.

Sié Lamoussa

Jacob Sou

L’Observateur Paalga

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