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Gestion de la crise du COVID-19 au Burkina : Le gouvernement s’en lave les mains !

Publié le mardi 5 mai 2020 à 22h50min

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Gestion de la crise du COVID-19 au Burkina : Le gouvernement s’en lave les mains !

Après les dernières décisions allégeant les mesures d’endiguement de la pandémie du Coronavirus dans notre pays, l’on est tenté de dire que le gouvernement burkinabè a décidé de s’en laver les mains. A la Ponce Pilate. A chaque groupe social ou individu de prendre ses responsabilités et de se débrouiller comme il peut. Et vogue la galère !

Par décret en date du 4 mai 2020, une batterie de mesures de « déconfinement » ont été prises par le président du Faso et son Premier ministre : la suspension de la mise en quarantaine des villes ayant au moins un cas de COVID-19 ; l’autorisation des transports urbains et interurbains ; la réouverture des commerces, cafés, restaurants, bars, etc. à compter du 15 mai. Deux jours plus tôt, les lieux de culte ont été autorisés par le ministère en charge des cultes à rouvrir à en croire un communiqué de la Fédération des associations islamiques du Burkina. Le 20 avril, c’est Rood Woko, le grand marché de Ouagadougou, qui avait retrouvé le chaland. Et au cours des jours qui ont suivi, une trentaine d’autres marchés secondaires de Ouagadougou et les principaux marchés des villes de l’intérieur ont repris leurs activités, etc. Sans oublier le retour dans les classes annoncé pour le 11 mai.

Sur quelles bases le gouvernement a-t-il pris ces mesures ? Est-ce sur les recommandations du Haut conseil scientifique qui a été mis en place pour l’occasion mais qu’on n’entend pas beaucoup ? Selon le porte-parole du gouvernement intervenant sur le plateau de la télévision nationale, il s’agit de décisions murement réfléchies qui s’insèrent dans un calendrier arrêté de longue date. Alors, tant mieux s’il est vraiment ainsi !

Mais à l’analyse, on ne peut s’empêcher de noter un certain caractère précipité à ces décisions qui, pour la plupart, arrivent au lendemain de manifestations de remise en cause, de défiance de l’autorité et de revendication d’abrogation de ces mesures. Le pouvoir en place a-t-il cédé aux sirènes de la rue ? Peut-être bien. Car il a dû, comme beaucoup d’observateurs, faire le constat de la crise de confiance et du fossé grandissant entre gouvernants et gouvernés ; au point qu’une partie de la population burkinabè en arrive à douter de l’existence-même de la maladie du Coronavirus et à réduire la crise sanitaire à une combine politique des gens d’en-haut pour se faire de l’argent avec la communauté internationale. La cacophonie dans la prise et l’application des mesures, les contradictions entre responsables au sommet ont bien dévalué la parole politique qui a perdu aujourd’hui une bonne partie de sa légitimité.

A regarder les dernières décisions, s’il s’agissait d’une affaire à l’échelle d’individus, on aurait parlé de dépit. Une attitude que l’on tend à adopter quand son vis-à-vis ne vous est plus réceptif malgré les trésors de bonne foi et de sollicitude qu’on développe pour le séduire. Mais à l’échelle d’un Etat, ces dernières mesures s’assimilent plutôt à une démission. On est aujourd’hui en effet dans une situation où c’est à chacun de se débrouiller pour s’occuper de lui-même, prendre les mesures qu’il estime propices à sa sécurité sanitaire et à ses autres attentes. Chacun pour soi, Dieu pour tous, pourrait-on dire. Alors, que Dieu nous sauve !

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