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Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

Publié le mardi 7 avril 2020 à 11h20min

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Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

Le président Idriss Déby Itno est en feu depuis l’attaque de Boma qui a couté la vie à 98 militaires tchadiens. Le Général a troqué son boubou contre le treillis. Il n’a pas tardé à descendre dans l’arène, quitte à apporter de l’eau au moulin de ses contempteurs qui taxent son action de populiste. Une communication bien calibrée qui a le mérite de harceler l’ennemi, donner l’espoir aux populations locales. Des actes forts et des symboles, voici les autres munitions aux canons des armées en lutte contre le terrorisme. Les déclarations de deuil national et les candides incantations ne font trembler aucun fou de Dieu.

Un chef de l’Etat au front, là où ses hommes ont connu un sévère revers. Discutant avec les chefs pour « revoir tout le dispositif militaire en place ». Des hélicoptères paradant dans le ciel de cette région insulaire de Boma pendant que les pirogues à moteur surfent sur les eaux calmes de Kaïga Kindjiria. Ce sont les images qui ont suivi le lancement de l’opération « Colère de Boma » du nom de la localité ayant essuyé de plein fouet l’attaque terroriste du 23 mars 2020.

Propagande ? Populisme ? Récupération politique ? Pour l’ancien chef de file de l’opposition, Saleh Kebzabo comme pour bien d’autres, ce n’est pas loin de tout cela. « Après l’émotion, la raison : en République, le Chef des armées peut aller au front galvaniser les troupes pour leur remonter le moral. Il n’y reste pas pour faire la guerre, ce n’est pas son rôle. Cette confusion peut coûter cher à la démocratie », croit savoir l’ancien chef de l’opposition.

« Nous allons en finir avec Boko Haram dans cette zone-là. Le moral est très haut, les préparations sont très avancées. Il ne reste plus qu’à se lancer contre Boko Haram, l’attraper et le détruire », avait pour sa part rassuré le Général Idriss Déby Itno en lançant l’offensive terrestre, aérienne et fluviale contre la secte qui a pris naissance au Nigéria avant d’étendre ses tentacules dans les pays voisins (Niger, Cameroun et Tchad) où ses affidés mènent des excursions meurtrières.


Cliquez ici pour lire aussi : Lutte contre Boko Haram : Sur le champ de bataille, le président Déby lance l’opération « Colère de Boma »


En tout cas, « la colère de Boma »après son lancement a déjà permis de détruire cinq bases du groupe terroriste Boko Haram au Niger et au Nigéria, alors que la poursuite des terroristes en débandade continue, a annoncé la présidence tchadienne le 3 mars dernier. « Nous avons l’accord des deux autres pays, le Niger et le Nigeria, et nous avons envoyé des hommes dans ces pays », précisait quelques jours avant le ministre de la Défense nationale, le général Mahamat Abbali Salah.

Une leçon de communication de guerre

Au-delà des résultats difficiles à vérifier, il faut surtout saluer cette communication offensive du président tchadien. Rester dans les salons feutrés du ‘’palais rose’’ (appellation du palais présidentiel) à Ndjaména, et faire dans la routine (deuil national, appel à l’unité, soutien aux forces armées) ne se prêtait pas à la gravité de la situation.

Ce n’est pas pour rien si même dans les pays considérés comme puissants, il est de tradition que le président américain ou français se déplacent en zone de guerre pour s’entretenir et manger avec les militaires lors des fêtes de fin d’année. Aucun discours ne peut remplacer la présence et en cela, le président, chef suprême des armées tchadiennes le sait, en bon général. Il a donné le ton en y allant. En termes de communication, c’est réussi. Les populations locales sont rassurées de ne pas entre délaissées, les militaires sur place sont ragaillardis.

Une véritable leçon pour les autres chefs d’Etat des pays du Sahel qui rivalisent dans les déclarations guerrières entre quatre murs.

Le 19 août 2019, l’armée Burkinabè a vécu l’une des pages les plus noires de son histoire avec la mort de 24 militaires dans l’attaque du détachement militaire de Koutougou dans la région du Sahel. Discours du président du Faso, suivi de l’annonce d’un deuil national.

Le 6 novembre, 38 morts civils et 60 blessés enregistrés dans une embuscade contre un convoi transportant des employés de la Société d’Exploration Minière en Afrique de l’Ouest (Semafo). Discours du président, par ailleurs chef suprême des armées, suivi de l’annonce d’un deuil national.

A Arbinda le 24 décembre 2019, 35 civils dont majoritairement des femmes tués. Il n’y a pas eu mieux que de la rhétorique du côté du politique.

Ce sont là, quelques occasions manquées pour le chef suprême des armées, pour donner un message fort, de par sa présence sur le terrain que l’on attend toujours presque 5 ans à Kossyam. Pourquoi ont-ils si peur de leur sahel, et de toutes ces zones en proie à l’insécurité, alors qu’ils ont leurs administrés qui y vivent et souffrent le martyr ? Ils disposent pourtant de tous les moyens pour baliser le terrain avant. Ces autres présidents membres du G5 Sahel devraient prendre de la graine chez leur homologue tchadien.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 7 avril 2020 à 07:04, par BDAHIEN En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    NO COMMENT.
    C’EST TOUT SIMPLEMENT BIEN DIT. MERCI

  • Le 7 avril 2020 à 07:55, par Pagomdé En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Félicitation mon frère. Bien dit et de façon la plus claire.
    Tu verras, les vuvuzelas et autres du MPP te taxeront d’opposant mais nous, nous savons que tu n’as fait que ton travail de journaliste et d’éveil des consciences.
    Je le dis ici haut et fort
    Si le MPP passe aux élections futures j’engage les procédures pour obtenir la nationalité ghanéenne.

  • Le 7 avril 2020 à 08:43, par Juste En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Le président Idriss Déby Itno est un Général de l’armée ; c’est donc son métier les armes. Je ne défends quiconque mais il faut être réaliste, quelqu’un qui ne connait même pas comment engager une cartouche dans un fusil de chasse ne peut pas prendre le même risque que le Président Déby ; oublions nos anciens CDR qui fanfaronnent avec des Kalach dans les domiciles. Le théâtre des opérations c’est autre chose, et puis il ne faut pas rêver, l’armée Tchadienne c’est pas un petit truc le Président ne prendrait jamais le risque d’être dans un milieu où il n’est pas sûr de sa sécurité.

    • Le 7 avril 2020 à 10:40, par LEADER En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

      les presidents americains, francais si je ne me trompe sont des civils, pourtant ils vont aupres de leurs soldats sur le terrain pour les galvaniser.
      cher internaute "Juste" Je pense qu’ici on ne demande pas au president d’aller combattre. Mais de faire un mission sur le terrain, discuter avec les generaux. Il nya pas plus grande motivation pour la troupe que ça. Aussi les population de ces zone ne se sentiront plus délaissées.

  • Le 7 avril 2020 à 08:46, par Le Pacifiste En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    BRAVO MON GENERAL. ON VOUS SUIT, ON VOUS CROIT.VOS ACTIONS PORTERONT FRUITS SI TOUS LES AUTRES PRÉSIDENTS CONCERNÉS SE JOIGNAIENT A VOUS

  • Le 7 avril 2020 à 10:06, par EBENEZER En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    L’armée tchadienne et son,prėsident ont montrė aux autres pays du G5 Sahel la voie à suivre.

  • Le 7 avril 2020 à 10:25, par Unité En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Très bel article de M.Tiga Cheick Sawadogo !!!Chapeau bas à Vous !Voici un article qui devrait montrer le Chemin à Plusieurs.Mais hélas que voulez-vous ? Au Moutaland" c’est la "démocratie des élections et du...ventre".Ici les dirigeants ont d’autres préoccupations que celles de leurs peuples.

  • Le 7 avril 2020 à 11:29, par Banga En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    En deux semaines ils nous ont montrer que nous africains ont peuvent se defendre sans aide internationale que font les francais sankara disait l aide qui nous bloquent peuple africains unisez vous pour finir avec les terrorists.

  • Le 7 avril 2020 à 11:31, par caca En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Vous avez démanteler le RSP et son spirituel espérant quoi ? La désillusion totale et débandage devant les pauvres djihadistes. Le Déby n’est pas mieux que notre RSP. Combien d’opposants de ce pays ont disparus ?

  • Le 7 avril 2020 à 12:21, par Sidpawalemdé Sebgo En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Hum... Tout cela est vrai, mais il faut relativiser :

    N’oublions pas que Idriss Déby est un ancien chef de guerre, bras droit de Hissène Habré pendant les années de guérilla, puis la guerre contre l’envahisseur Lybien. Il a fini par devenir général et chef d’état major du président Hissène Habré.

    Le boubou brodé ou le costume impeccable de "chef de l’état" ne lui ont pas fait oublier tout cela, surtout qu’il a dû souvent défendre son régime face à des adversaires armés.

    Comparer avec un civil est forcément très réducteur pour le civil...

  • Le 7 avril 2020 à 12:37, par LaPotasse En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Non. La place d’un president n’est pas sur le champ de bataille. Je suis desole mais le President Deby-qui d’ailleurs n’est plus militaire de par la constitution votee apres la Conference Nationale Souvraine de 1993- est tout simplement en train de s’adonner a une vaste operation de com. Les autres presidents ne devraient en aucun cas le suivre dans ses lubies. Pour faire court, retenez que meme sans Idriss Deby sur le theatre des operations, Boko Haram serait efface de la carte dans cette partie du pays, pour ce que nous savons de l’armee tchadienne et de ce qu’elle est capable de faire.

  • Le 7 avril 2020 à 12:47, par Bernard Luther King ou le Prophete Impie En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Tous mes respects à l’Armée Tchadienne et à son President. Par ailleurs, durant les dernières elections au Nigeria, si ma memoire est precise, un contingent de près de 500 soldats Tchadiens ont patrouillés au Nigeria avec l’accord du Nigeria.
    Merci au Panafricaniste President Idriss Deby !

  • Le 7 avril 2020 à 17:43, par F7 En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Mais si au Burkina on ne veut pas de Milo dans le gouvernement !,... si personne n’est n’est prêt au sacrifice !... Et si personne n’aime ce pays ! Si on est malhonnête ! A part THOMAS SANKARA qu’on a livré à 30 pièces d’argent, jusqu’à nous qui parlons tous, à nous voir nous exprimer, nous sommes tous des affamés. Nous sommes constamment animés par l’esprit de comment piller ce pays. Je m’excuse. Je suis vraiment navré parce qu’on n’est pas véridicte, objectif au Burkina Faso.

  • Le 15 avril 2020 à 08:31, par Localhost En réponse à : Idriss Déby au front : Leçon de communication de guerre aux chefs d’Etat du Sahel

    Merci pour cet article bien détaillé ! Pendant que le Tchad anéantie les terroristes dans leur territoire et va même à les poursuivre dans les pays voisins, nous on n’est même pas capable de les chasser dans notre pays ! La présence du président sur le terrain de combat est une source de motivation pour les soldats ! Il faut que mon Président prenne leçon chez son ami tchadien !

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