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Mesures préventives contre le coronavirus : « Pourquoi fermer les écoles et laisser les maquis, les églises et les mosquées ? »

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Publié le mardi 17 mars 2020 à 16h00min

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Mesures préventives contre le coronavirus : « Pourquoi fermer les écoles et laisser les maquis, les églises et les mosquées ? »

Au Burkina Faso, le nombre de cas positifs au Covid-19 est passé à 20 personnes, le lundi 16 mars 2020. Pour éviter une contamination à grande échelle de la maladie qui ébranle le monde entier, le gouvernement burkinabè a pris des mesures préventives, dès l’annonce des premiers cas. Parmi ces mesures, il y a l’interdiction des grands rassemblements. Votre journal en ligne Lefaso.net a tendu son micro à des Ouagalais, le mardi 17 mars 2020, afin de recueillir leurs appréciations.

Cheick Fayçal Traoré, Fondateur du Centre d’expertise et d’incubation Akri

A mon avis, le gouvernement a bien pris la mesure de la situation et pris une décision courageuse qui met chaque entité et citoyen face à ses responsabilités. Les mesures conservatoires permettent à chacun d’user de jugeote pour adapter ses activités et attitudes afin de se préserver et préserver la communauté. Au-delà de la réponse globale apportée par le gouvernement, la responsabilité individuelle de chacun est engagée.

S’il est vrai que des mesures fortes sont à prendre, il y a lieu de ne pas oublier la fragilité de notre économie face à ces types de chocs. Comment faire la balance entre la fermeture des frontières, des lieux de grande fréquentation (marchés, alimentation, lieux de culte...) et notre grande dépendance de l’extérieur pour nous ravitailler, pratiquement au jour le jour ? Les experts nous diront certainement bientôt combien nous aurait coûté cette pandémie.

Il convient tout de même pour le gouvernement de faire preuve de plus d’entraide dans la réponse, en renforçant les mesures de contrôles (notamment à l’aéroport avec le système de prise d’empreintes par exemple qui apparaît concrètement comme à risque, la réduction aussi des vols non essentiels pour nous surtout provenant de pays très touchés) et de tirer les conséquences de ces faits et asseoir de manière structurelle des réserves solides. Enfin, chacun doit s’investir dans sa communauté en partageant l’information, rendre disponible les lave-mains, gels... Dans les jours à venir, des actions seront conduites dans ce sens. »

Almamy KJ, artiste et secrétaire général du Syndicat national des artistes musiciens du Burkina Faso

Pour ma part, je ne nie pas l’existence de coronavirus mais je reste convaincu que les mesures prises par le gouvernement visent essentiellement les travailleurs en lutte qui s’opposent à l’application de l’IUTS sur les primes et indemnités, ainsi que la remise en cause des libertés individuelles et collectives. En voulant une énième fois taper sur les syndicats, le régime impopulaire en face se voit obligé d’élargir la mesure, d’où l’interdiction des regroupements de plus de cinquante personnes ; ce qui pénalise tout naturellement les acteurs culturels que nous sommes. Et tout d’un coup, plus de spectacles, plus de cinémas, et la misère s’amplifie tout simplement à cause du tâtonnement de ce pouvoir qui, depuis son existence, ne prend que des décisions inadéquates. Comme dernier mot, je retiendrai toujours qu’il faut solidariser avec les autres quand ils sont en lutte pour des causes nobles. Le mouvement syndical a le soutien des artistes musiciens de notre pays ainsi que celui de toutes les composantes conscientes de notre peuple.

Benjamin Sompougdou, agent de santé

Les mesures gouvernementales pour protéger les populations du coronavirus sont inadaptées et injustifiées. Parce que, le virus concerne uniquement les adultes et plus les immunodéprimés. Pourquoi fermer les écoles et laisser les maquis, les églises et mosquées, ainsi que les yaars et les transports en commun ? La principale porte d’entrer qui est l’aéroport est toujours ouverte. La structure de prise en charge dotée de 15 lits pour une épidémie avec un indice de contagiosité élevé est un non-sens. Néanmoins, je recommande fortement au gouvernement de faire sortir des gens pour la sensibilisation, avec un accent particulier dans les villages car beaucoup n’ont pas accès à la radio et encore moins à la télévision.

Abdoul Ouibga, comptable

Le gouvernement a traîné le pas et a voulu concilier santé publique et conséquences économiques. C’est ce qui explique le fait que l’aéroport et les marchés sont toujours ouverts. Soit le gouvernement est dépassé par le problème, soit il n’avait aucune mesure adéquate pour empêcher la propagation de la maladie. Aujourd’hui, non seulement les mesures sont insuffisantes mais elles sont aussi désordonnées. Pire, elles ne suivent aucune logique.

Dr Daouda, Diallo, secrétaire exécutif du CISC

Les mesures prises dans le cadre du Covid-19 au Burkina me semblent être des mesures inappropriées et disproportionnées. Ces décisions ne sont motivées ni par les évidences scientifiques ni par les intérêts de la population, et cela masque mal la légèreté dans la riposte contre le coronavirus au Burkina. Pour mieux comprendre, il faut savoir que selon la gravité, on distingue classiquement trois étapes dans les plans de riposte aux épidémies comme celle du Covid-19. Le stade 1 a pour objet de freiner l’introduction du virus sur le territoire national. Le stade 2 a pour objet de freiner la propagation du virus au pays. Le stade 3 a pour objet de gérer dans les meilleures conditions les conséquences de l’épidémie et d’en atténuer les effets.

Propos recueillis par Aïssata Laure G. Sidibé
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