Michel Fructus, Consul honoraire du Burkina Faso à Marseille : « La carte sécuritaire du Burkina qui est diffusée ne correspond pas à la réalité »
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Avocat de profession, Michel Fructus est Consul honoraire du Burkina Faso à Marseille en France. Il y a quelques jours, il était de passage au Burkina qu’il continue de visiter « quatre fois par an » et où il possède même un terrain à Komsilga, non loin de Ouagadougou. Il nous explique la nécessité d’une meilleure communication sur l’attractivité du pays.
Vous venez de rentrer du Burkina ; comment s’est passé votre séjour ?
Comme toujours merveilleusement bien, même si je ressens les difficultés économiques que connait le pays à cause des événements actuels.
N’avez-vous pas eu peur du contexte sécuritaire, avec toutes les alertes « rouges » qui sont diffusées ?
Absolument pas, même si j’ai bien conscience qu’il y a des régions à éviter
Comment réagissez-vous quand vous voyez ces mises en garde contre la destination Burkina ?
Je suis vraiment désolé par la carte du Burkina qui est diffusée car elle ne correspond pas à la réalité du pays et elle dissuade beaucoup de gens à venir.
Alors que le pays connaissait un bel essor, les opérateurs économiques sont actuellement assez frileux pour investir au Burkina ou travailler avec le pays. Bien plus de nombreuses ONG qui faisaient un travail admirable ne viennent plus.
Si on mettait en rouge les régions françaises dans lesquelles il y a eu un attentat terroriste, la carte de la France serait encore plus rouge que celle du Burkina et Paris devrait alors être fortement déconseillé pour les voyageurs !
Quel est l’état de la coopération entre le Burkina et la région de Marseille ?
Toujours pour les mêmes raisons, elle a malheureusement fortement diminuée, car vu de l’extérieur le pays a perdu de son attractivité même si je m’efforce au quotidien à plaider le contraire.
Sur quels domaines précis porte cette coopération ?
Elle porte sur plusieurs domaines comme l’économie, le sport, la culture, l’éducation. Au niveau économique et à titre d’exemple, j’ai pu mettre en contact la société des eaux de Marseille et l’ONEA ; ce qui leur a permis de travailler ensemble à Ouaga.
J’ai également créé une chambre de Commerce Franco Burkinabé du Sud de la France et nous avons commencé à bien avancer dans la coopération entre ma région et le Burkina en faisant notamment venir des responsables de la Chambre des Métiers du Burkina à Marseille afin de signer un accord avec la Chambre des Métiers de Marseille qui est une des plus grandes de France.
Cela va permettre notamment de faire de la formation en ligne pour toutes les activités émergentes du Burkina ou les talents sont nombreux mais ont besoin de développer leurs acquis.
Au niveau de la santé et de l’éducation, je m’efforce d’assister les ONG pour leur rappeler leurs droits et devoirs dans le pays et les mettre en contact avec les autorités locales pour éviter qu’elles viennent travailler dans des zones où il y a déjà d’autres associations et éviter les doublons inutiles.
Au niveau sportif je suis notamment en contact avec la Fédération cycliste du Burkina, où, grâce à des amis cyclistes français, je leur apporte beaucoup de matériel pour développer ce sport qui est une véritable passion au pays.
Au niveau culturel, je tente d’aider quelques chanteurs et chanteuses en leur trouvant des ouvertures ; et du reste une d’entre elles qui est de Marseille a eu le Koundé de la meilleure chanteuse de la diaspora l’année dernière (et j’étais du reste présent à la cérémonie).
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Dans le contexte général actuel, quelles solutions proposez-vous ?
Les solutions politiques ne relèvent bien évidemment pas de mon ressort. Je pense donc simplement qu’il faudrait arriver à développer la communication sur l’attractivité du pays et les compétences des Burkinabé dans de nombreux domaines. Pour les entreprises françaises, le Burkina est un marché économique qui pourrait être important. Elles en avaient conscience mais ont perdu un peu la confiance dans le pays ; il faut la leur redonner à nouveau.
Comment réagit la communauté burkinabè de Marseille par rapport à tout ce qui passe au Burkina ?
Les Burkinabé qui viennent régulièrement au pays tentent de les rassurer car l’image du Burkina que l’on a de la France est très inquiétante et une fois encore ne correspond pas à ce que l’on ressent lorsqu’on est au pays.
Un dernier message ?
En tant que Consul honoraire, j’ai la confiance de l’Etat Burkinabé pour établir des visas puisqu’il m’a été donné une délégation pour ça. Je pourrai cependant faire beaucoup plus si le pays me le demande et j’aurai de nombreuses propositions dans ce sens.
Je suis à l’entière disposition du Burkina en tant que Franco-Burkinabé et fier de l’être. Je suis certain que notre pays va rapidement trouver une solution pour sortir de cette difficile période.
Entretien réalisé en ligne par C. PARE
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