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Le Père Henri Leroy : le plus burkinabè des Français

Accueil > Actualités > DOSSIERS > France-Burkina : des relations mouvementées • • samedi 27 mai 2006 à 07h56min

Le Père Henri Leroy a été décoré en octobre 2004 pour son engagement aux côtés des Burkinabè de France

Chaque année, le premier dimanche du mois de juillet, un grand rassemblement réunit plusieurs dizaines de Burkinabè de France à Mours, petite commune du Val d’Oise dans la région parisienne. Ce qui est devenue aujourd’hui une manifestation incontournable pour beaucoup de nos compatriotes résidant en France est l’initiative d’un religieux, le Père Henri Leroy.

C’est en 1954 que le Père Henri Leroy, de la congrégation des Pères Blancs débarque au Burkina pour la première fois, à l’âge de 27 ans. Il est affecté à Réo. Il commence à apprendre la langue lyélé et bien lui en prend car il restera dans la région pendant trente ans, passant de la paroisse de Réo à celle de Didyr.

A la suite d’un accident et de ses complications, le Père Leroy est obligé de rentrer définitivement en France en 1991 ; avec beaucoup de regrets mais après néanmoins une vie sacerdotale bien remplie. Sur place en France, on lui propose de s’occuper des Burkinabè présents sur Paris. Il le fait avec empressement car souligne-t-il « Pendant mon long séjour au Burkina, j’ai apprécié la délicatesse de l’accueil des Burkinabè, surtout envers les étrangers ». Ce sera ainsi pour lui la solution pour garder le lien avec les Burkinabè et avec ses confrères de là-bas qu’il a dû quitter malgré lui.

Ses premiers contacts dans le milieu des Burkinabè de Paris sont des personnes recommandées depuis le Burkina. Il lie ainsi amitié avec Emmanuel Bationo. Les vicissitudes de la vie professionnelle de M. Bationo vont très vite amené le Père Leroy a payer un peu ce qu’il considère comme une dette envers les Burkinabè. « J’essaie d’être au service des gens car quand j’étais au Burkina, on s’est bien occupé de moi et je me dis qu’il faut qu’on s’occupe en retour des Burkinabè qui sont ici » souligne-t-il.

Alors, quand M. Bationo est abusivement licencié de son travail, le Père Leroy s’engage à ses côtés dans une bataille judiciaire qui durera trois ans pour qu’il rentre dans ses droits. Ils auront gain de cause mais nettement en deçà de toute attente car M. Bationo ne récoltera que des miettes comme indemnités après vingt de bons et loyaux services.

Cet épisode douloureux sera aussi l’occasion pour le religieux de faire un constat amer : la légendaire solidarité africaine s’effrite au sein de la diaspora. Face au manque de mobilisation de ceux qui s’étaient engagés à venir en aide à un frère en difficultés, il décide de s’engager encore plus profondément et personnellement. « Comme j’avais ramassé de l’argent grâce à des articles dans la presse et que je ne pouvais pas le placer en mon nom pour qu’il ne soit pas perdu après ma mort, j’ai décidé de créer une association. Ainsi est née ADABIAS : Association d’amitié burkinabè interculturelle autour du Sanguié car c’était le noyau central » explique-t-il.

Le but d’ADABIAS est de réunir les jeunes pour les faire réfléchir sur leur richesse culturelle pour que, précise le Père Leroy « une fois arrivés en France, ils ne se laissent pas intoxiquer car ils ont des valeurs qu’ils n’ont pas le droit d’abandonner ». Mais cela ne va pas de soi, reconnaît-il.

Néanmoins, ADABIAS existe depuis une dizaine d’années et fait son chemin avec diverses manifestations dont la traditionnelle vente de produits d’artisanat du Burkina qu’elle organise chaque année au sein de l’ambassade du Burkina à Paris. Elle a même des réalisations non négligeables à son compte la prise en charge de la scolarité d’une dizaine d’écoliers dans le Sanguié.

Armé de sa détermination à maintenir ce qu’il considère comme les valeurs essentielles de l’Afrique, le Père Leroy continue son sacerdoce avec des visites régulières aux familles des Burkinabè de France avec qui il va célébrer volontiers la messe quand on a la gentillesse de l’inviter, apprécie-t-il. Le religieux qui déplore « le tempérament un peu individualiste des gourounsi » ne désespère pas pour autant. Le 2 juillet prochain, Mours accueillera le grand rassemblement des Burkinabè, au-delà des ressortissants du Sanguié.

Cyriaque Paré
Lefaso.net

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