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Burkina : Le Conseil économique et social préoccupé par les effets des produits chimiques dans l’agriculture

Publié le mardi 29 octobre 2019 à 19h55min

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Burkina : Le Conseil économique et social préoccupé par les effets des produits chimiques dans l’agriculture

Les effets des produits chimiques dans l’agriculture se vivent au quotidien au Burkina. Pas plus tard qu’en septembre 2019, plusieurs Burkinabè sont décédés du fait de ces produits. C’est fort de la gravité de la situation que le Conseil économique et social (CES) a décidé de s’approprier la question à travers sa deuxième session ordinaire de l’année 2019, ouverte ce mardi, 29 octobre 2019 à Ouagadougou.

« Utilisation des produits chimiques dans l’agriculture au Burkina Faso : quels impacts sur la santé, l’environnement et le développement des filières de production ? ». Tel est l’intitulé du thème autour duquel, sont appelés à réfléchir les 90 conseillers de l’institution. Ceux-ci vont s’appuyer sur un rapport produit à cet effet par la Commission chargée des secteurs de production et de soutien à la production. Ce document de base est constitué, entre autres, de données collectées et analysées, d’entretiens avec des personnes sur le terrain et des institutions dont les missions sont en lien avec la thématique.

La Commission chargée de la production et de soutien à la production, présidée par Mahamadi Napon, a élaboré le document qui sera soumis aux travaux des 90 conseillers 

Le travail a également associé des acteurs-clés de la gestion et de l’utilisation des produits chimiques au Burkina, notamment le Conseil national de l’agriculture biologique, l’Union nationale des producteurs du coton du Burkina, les importateurs, grossistes et détaillants d’intrants chimiques, les vendeurs de fruits et légumes, les producteurs maraîchers, les pêcheurs, les éleveurs, les apiculteurs, etc.

La collecte des données a eu lieu en septembre 2019 et a concerné six régions à savoir, la Boucle du Mouhoun, le Centre, le Centre-ouest, les Hauts-Bassins, les Cascades et le Nord.

« L’usage des produits chimiques s’est accru de façon constante depuis le début de leur production industrielle au milieu du 19e siècle. Ces produits sont devenus aujourd’hui une composante essentielle de nos sociétés modernes. Utilités dans une vaste gamme d’applications, ils contribuent à l’amélioration du niveau de vie des pays à tous les stades du développement et/ou maintien de celui-ci », explique la deuxième vice-présidente du CES, Elisabeth Ouédraogo, représentant le président de l’institution.

L’utilisation non adéquate ou non maîtrisée de ces produits est bien souvent lourde de conséquences sur la santé humaine et sur l’environnement.
Selon les données, dans le monde, trois millions de personnes sont intoxiquées aux pesticides chaque année avec 200 000 décès, soient plus de 500 personnes en moyenne par jour.

« Les pays en développement sont les plus touchés, car certains produits interdits dans les pays du Nord depuis des années, y sont encore vendus et environ un tiers des pesticides utilisés ne sont pas aux normes de qualité internationale. Bien que la consommation des pays en développement ne représente que 25% de celle mondiale, ces pays enregistrent 99% des décès dus à l’utilisation des pesticides », campe la deuxième vice-présidente du CES, Elisabeth Ouédraogo.

Au Burkina, la situation est tout aussi critique. Une opération de contrôle des pesticides, réalisée en 2017 par le ministère de l’Agriculture à travers quatre régions, a montré qu’environ 70% des produits phytosanitaires vendus aux agriculteurs ne sont pas homologués.

La deuxième vice-présidente du CES, Elisabeth Ouédraogo (au milieu) a, à l’ouverture de la session, insisté sur l’enjeu du sujet pour les populations burkinabè

« Les producteurs maraîchers urbains, péri-urbains et les agriculteurs en milieu rural, surtout dans les zones cotonnières, utilisent les pesticides et des herbicides dont ils ignorent la qualité ou la composition. Par ailleurs, l’utilisation détournée de produits chimiques pour le mûrissement des fruits et légumes et la préparation de certains mets ou pour déplumer la volaille reste une pratique qui tend à se généraliser. A cela s’ajoutent les divers produits utilisés dans la conservation des récoltes, du poisson et des produits carnés. Ces pratiques de production, de conservation et d’utilisation entraînent à court, moyen et long termes, des problèmes de santé publique, si rien n’est fait. Les treize cas de décès de Didyr dans la région du Centre-ouest et les cinq décès de Nayamtenga dans la région du Centre-est, respectivement le 1er et le 9 septembre 2019, constituent un témoignage très fort quant aux effets nocifs des pesticides sur la santé humaine », présente Elisabeth Ouédraogo.

Selon ses explications, par l’utilisation désordonnée ou détournée des pesticides/herbicides, l’on lègue un « héritage empoisonné » aux générations futures, non seulement dans leur environnement, mais également dans leur corps, car de nombreux enfants reçoivent des produits chimiques dès le sein de leur mère à travers le placenta, puis après leur naissance par allaitement. « De plus en plus, de nombreux enfants naissent ainsi avec un lourd héritage chimique », illustre-t-elle, rappelant que la vie au quotidien de l’homme est envahie par les produits chimiques.

Pour la deuxième vice-présidente du CES, Elisabeth Ouédraogo, lutter contre l’utilisation anarchique des produits chimiques, c’est préserver la vie et protéger l’environnement. Protéger l’environnement, conclut-elle, c’est se protéger soi-même et, par ricochet, protéger les générations futures.

OHL
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