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Procès du putsch du CND : Me Mamadou Sombié accuse le commandement militaire d’avoir pactisé avec les putschistes

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Publié le jeudi 28 février 2019 à 09h00min

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Procès du putsch du CND : Me Mamadou Sombié accuse le commandement militaire d’avoir pactisé avec les putschistes

L’interrogatoire du Colonel-major Alassane Moné est entré dans le vif du sujet le mercredi 27 février 2019. Il a réaffirmé que la hiérarchie n’a jamais été complice du coup de force, chose que Me Sombié, un des avocats de la défense, ne veut pas entendre.

Dans son récit du jour, le Colonel-major Alassane Moné, Secrétaire général du ministère de la Défense nationale et des anciens combattants (MDNAC) au moment du putsch, a réaffirmé le fait qu’un refus catégorique a été opposé au Général Gilbert Diendéré à la réunion du 16 septembre 2015. Il en a été de même à la réunion du 17 septembre 2015, ainsi que les jours suivants jusqu’au bombardement du camp Naaba Koom II le 29 septembre 2015, soit près de deux semaines après le coup d’Etat.

Avocat du Lieutenant Jacques K. Limon et du Capitaine Ousène Zoumbri, Me Mamadou Sombiè trouve que ce que le témoin et ses devanciers racontent à cette barre est trop beau pour être vrai. Pour lui, c’est de la poudre aux yeux de dire que pendant les évènements, l’armée est restée républicaine. « L’armée n’a pas été républicaine comme l’a dit le Général Zagré », martèle-t-il. L’avocat accuse l’armée d’être la cause des différentes morts et exactions qui ont découlé de ce coup de force à cause de sa passivité. L’armée aurait dû faire un communiqué aux premières heures du coup d’Etat pour se démarquer et inviter la population à rester chez elle.

Au demeurant, elle devait mettre un cordon sanitaire autour du camp Naaba Koom II, base arrière de l’ex-RSP. Pour preuve, il cite le cas du Venezuela et du Gabon où l’armée s’est démarquée des agissements de ceux qui ont tenté de prendre le pouvoir par la force. « L’armée républicaine doit se ranger du côté de la république.

Cette république était incarnée par Sy Sheriff depuis le 16 septembre 2015 », lance-t-il. On se souvient qu’au début de ce coup de force, le président du CNT, Sheriff Sy, sur les ondes de la radio Résistance, avait annoncé qu’il assumait les fonctions de Président du Faso vu que Michel Kafando était aux arrêts.

Me Sombié demande au témoin pourquoi le commandement de l’armée qui dit avoir refusé le coup d’Etat n’est pas entré en contact avec le président du CNT. Au contraire, ils l’ont laissé se « débrouiller » en cachette. Selon l’avocat, il suffisait juste de refuser au lieu de faire venir des chefs d’Etat de la CEDEAO et de s’adjoindre les service d’un ancien chef d’Etat et d’un religieux pour faire la médiation. « Si j’étais le chef d’état-major général des armées, je n’aurais pas réagi ainsi, surtout que le Général Diendéré était mon promotionnaire », souligne-t-il.
Après avoir religieusement écouté le développement de l’avocat, le témoin Moné lâche : « Il est facile de faire des méthodes de raisonnement dans le sens tactique.

Aujourd’hui, je ne peux pas jouer à l’avocat, sinon je passerais à côté ». Comme pour dire à l’avocat que chacun parle de ce qu’il sait. Le témoin explique que deux choix s’offrent à celui qui veut s’opposer à un coup d’Etat. Soit par la force s’il a la force de frappe ou par la négociation. Le commandement, pour éviter un bain de sang, a fait le meilleur choix.

Marcus Kouaman
(kmagju@gmail.com)
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