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Procès du putsch : « Une si longue » attente de Guelwaré Minata

Publié le mercredi 16 janvier 2019 à 00h28min

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Procès du putsch : « Une si longue » attente de Guelwaré Minata

La troisième sera-t-elle la bonne ? Après deux demandes de mise en liberté provisoire jugées mal fondées par le président du tribunal militaire, Me Silvère Kiemtaremboumbou et sa cliente Dame Guelwaré Minata n’en démordent pas.

Minata Guelwaré, c’est cette militante du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ancien parti au pouvoir, qui s’est rendue avec des camarades dans une radio de la place, dès les premières heures du coup d’Etat, pour faire un communiqué demandant à la population de rester chez elle, pour éviter des morts. Elle avait également joué le rôle d’agent de renseignement, à la demande de l’Adjudant-chef, Moussa Nébié, dit « Rambo ». Dans un véhicule de marque Mercedes, elle devait lui remonter des informations notamment sur les mouvements des militaires venant des autres garnisons, surtout par la route nationale n°4.

« La liberté pourrait compromettre la procédure »

Aujourd’hui, accusée de Complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens, Dame Guelwaré veut respirer l’air frais de la liberté provisoire. Mais le Parquet et le Président du Tribunal s’y opposent.

En effet le samedi 31 mars 2018, Guelwaré Minata, pour motiver sa première demande de mise en liberté provisoire, avance que son état de santé se dégrade et que plus rien ne va pour son fils à l’école. S’opposant à cette demande, le procureur avait estimé que cette liberté, si elle était accordée, pourrait compromettre la procédure (le procès avait commencé un mois plutôt, le 27 février). Et il avait fait observer aussi que l’accusée a été appréhendée à la suite d’un mandat d’arrêt international et qu’elle se cachait sous une fausse identité à Ouagadougou.

Une vue des avocats de la Partie civile et de la Défense aux premières heures du procès (Photo d’archives)

Retour à la case départ le 6 décembre

Au deuxième round, Me Kiemtaremboumbou Silvère, plaide cette fois-ci pour un transfèrement de sa cliente de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA). « A la MACO, on m’a logé avec des folles, des personnes qui ne jouissent pas totalement de leurs facultés mentales. Aussi, quand l’eau coule dans la cellule, on ne peut pas tenir », témoigne Dame Guelwaré. En effet, précédemment détenue à la MACA où elle était la seule femme encore sur les lieux, elle avait été conduite à la MACO, conformément au principe de la détention collective. A défaut du transfèrement, l’accusée avait misé sur une liberté provisoire. Que nenni. Le Parquet ordonne son transfert à la MACA, le 6 décembre 2018.

Peur que l’accusée prenne la fuite

Le 19 décembre, pour la deuxième fois à proprement parlé, Me Silvère Kiemtaremboumbou plaide de nouveau. Pour motiver sa demande, il déclare que sa cliente est presque « abîmée » et atteinte, selon son médecin, d’une pathologie ORL chronique due à ses conditions de détention. Contre cette demande, le Parquet soutient que le certificat médical de Dame Guelwaré parle plutôt d’allergie due à la poussière, aux poils d’animaux et aux acariens. « Il n’est pas précisé une incompatibilité de son état avec le milieu carcéral », révèle le Parquet qui pense qu’une fois dehors, l’accusée prendrait la poudre d’escampette. Une nouvelle fois, le président du Tribunal rejeta la requête.

Sortie des avocats en fin d’audience (Photo d’archives)

De nouveau seule en cellule

Ne désespérant pas, Me Kiemtaremboumbou Silvère joua, ce 15 janvier, la troisième carte pour sa cliente qui séjourne actuellement à la MACA où elle était détenue, jusqu’au 2 janvier, avec Dame Safiatou Lopès, en liberté provisoire. Dame Guelwaré se retrouve à nouveau seule en cellule. « Pourquoi maintenir cette dame en prison ? Pourquoi se donner du travail ? Elle est seule en violation de la loi pénitentiaire », a déclaré Me Kiemtaremboumbou, qui pour convaincre le tribunal a posé trois questions auxquelles sa cliente a répondu par la négative. « Est-ce que vous allez fuir ? Est-ce que vous allez subordonner des témoins ? Est-ce que vous allez effacer des preuves ? ».

La solution du Parquet

Une fois de plus, le Parquet a privilégié la prudence en soutenant que cette demande est inopportune. Toutefois pour montrer sa bonne foi, l’accusation a rassuré l’avocat que des dispositions sont en train d’être prises avec le Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou pour le transfert d’une détenue de la MACO à la MACA, dans la même cellule que Dame Guelwaré. Mais avant, le Parquet doit avoir l’accord de cette détenue, inconnue de Me Kiemtaremboumbou.

La décision du président du Tribunal, Seidou Ouédraogo, est attendue, ce mercredi 16 janvier 2019. Il devra également se prononcer sur les demandes de mise en liberté provisoire du soldat de première classe, Ly Amadou, et de Yacouba Kinda, qui comparait pour la première fois au tribunal militaire de Ouagadougou.


Herman Frédéric Bassolé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 16 janvier 2019 à 12:48, par Nabiiga En réponse à : Procès du putsch : « Une si longue » attente de Guelwaré Minata

    ....’ A la MACO, on m’a logé avec des folles, des personnes qui ne jouissent pas totalement de leurs facultés mentales...’

    Ainsi donc, cette militante de CDP et donc putschiste tout fait de par l’idiologie de son parti, se plains des conditions de son incarcération notamment l’état mentale de ses codétenus. Elle les juges folles, point. La question que je me pose. Toute personne qui fait un coup d’état, qui assiste à l’édification d’un coup d’état, est-ce la personne jouissent totalement de ses facultés mentales ? Je crains fort que non. Peut-on dire que Gilbert jouie pleinement de toutes ses capacités mentales ? Peut-on dire que tous les membres de RSP de triste mémoire, jouissent correctement de leurs facultés mentales ? Cela étant, elle est au même niveau que ses codétenus : Folle : sinon, elle n’aurait pas du tout s’impliquer dans cette folie de coup d’état.

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