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République du Soudan : projecteurs sur la communauté burkinabè avec Dr Moustapha Ouédraogo

LEFASO.NET | Par Oumar L. Ouédraogo

Publié le jeudi 19 juillet 2018 à 23h30min

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République du Soudan : projecteurs sur la communauté burkinabè avec Dr Moustapha Ouédraogo

Pour la première fois, l’Etat burkinabè a organisé un cadre de concertations directes réunissant l’ensemble de ses ressortissants à travers le monde. Intitulée Forum national de la diaspora, l’initiative a réuni, à Ouagadougou, autour du président du Faso, Roch Kaboré, plus de 200 délégués venus de l’extérieur pour réfléchir à leur contribution à la construction nationale. Nous avons rencontré un des responsables de la délégation du Soudan, un pays qui, dit-on, abrite de nombreux Burkinabè. Dans cet entretien, Moustapha Ouédraogo, docteur en théologie islamique (Franco-arabe) et patron d’entreprise, lève un coin du voile sur les Burkinabè du Soudan.

Lefaso.net : Comment appréciez-vous l’initiative du Forum national de la diaspora et, en tant que délégué des Burkinabè du Soudan, êtes-vous satisfait de votre participation ?

Moustapha Ouédraogo (M.O.) : Je félicite cette initiative du président du Faso. Nous avons rencontré de nombreux compatriotes venus de toutes les contrées du monde. C’est une diversité, non seulement en termes de participation, mais également sur le plan des compétences (nous avons des participants qui sont responsables d’entreprises, leaders dans des secteurs-clés et stratégiques de leur pays de résidence, etc.). Nous avons pu échanger, d’une part, avec les autorités et, d’autre part, entre nous, Burkinabè vivant hors du pays et également avec des partenaires (des structures du secteur privé burkinabè, des partenaires internationaux du Burkina). C’était nécessaire. Si cette initiative est institutionnalisée, elle pourra permettre à de nombreux Burkinabè de conjuguer des efforts et fédérer les énergies pour le bonheur de notre pays, le Burkina Faso.

Notre délégation est également satisfaite de sa participation, en ce sens qu’elle a pu soumettre aux autorités, les préoccupations des Burkinabè du Soudan et présenter les potentialités de ces compatriotes qui pourraient être utilisées au service de leur pays, le Burkina Faso.

Lefaso.net : Quelles étaient les préoccupations dont vous étiez porteur de la part des Burkinabè du Soudan ?

M.O. : Il faut d’abord relever que les Burkinabè sont nombreux au Soudan. Les difficultés sont nombreuses et se situent à plusieurs niveaux. Je me rappelle, pas plus tard qu’il y a environ un mois, j’ai quitté Tripoli pour aller à Khartoum, au niveau de l’aéroport (à Tripoli), on a appelé un certain monsieur Ouédraogo. Etant aussi Ouédraogo, j’ai accosté le monsieur en question pour le saluer et sympathiser. Je l’ai donc salué en mooré d’abord, mais j’ai constaté qu’il ne comprenait pas. Je l’ai ensuite salué en français, il ne comprenait pas.
Je l’ai salué maintenant en arabe et c’est là qu’il m’a répondu et il s’est présenté en disant qu’il se nomme Mohamad Ouédraogo (il était en visite à Tripoli et rejoignait Khartoum). Je lui ai ensuite demandé pourquoi il ne parle pas le mooré, alors qu’il est Ouédraogo. Il m’a dit qu’effectivement, il ne comprend pas le mooré (même pas le Français), qu’il sait qu’il vient en tout cas du Sanmatenga (que c’est ce qu’on lui a dit), au Burkina.

Son père vient du Sanmatenga, mais sa mère est Soudanaise. Donc, il y en a plein comme lui. J’étais également dans une province du Soudan où j’y ai trouvé des quartiers de Burkinabè, mais ils n’ont aucun papier officiel qui montre qu’ils sont Burkinabè (tous leurs documents sont soudanais, ils y sont nés). Mais, ils savent et réclament leur appartenance au Burkina.
Donc, il y a assez de Burkinabè au Soudan. Je ne peux pas donner un chiffre exact, mais il faut évaluer en termes de millions. Les Burkinabè y sont arrivés par différents canaux ; il y en a, c’est à la faveur du pèlerinage à la Mecque (ils y sont allés et au retour, sont restés pour travailler puis ont fini par se sédentariser).

Ceux-là se sont mariés aux Soudanaises et ont eu des enfants. Certains, parmi eux, ont envoyé les enfants venir connaître le Burkina, d’autres par contre ne l’ont pas encore fait. Il y a ceux qui y sont allés en aventure, à la recherche d’un mieux-être. Une autre catégorie (dont je fais partie) y est arrivée pour les études.
Pour ceux qui sont dans le dernier cas, et dans une moindre mesure, le second cas, ça va encore, nombreux ont des papiers burkinabè, mais pour les autres, c’est compliquer. Je me rappelle que dans le cadre des préparatifs de ce Forum, il y a une grande rencontre de la communauté vivant au Soudan.

Ce jour-là, un de nos compatriotes est arrivé avec une photo de son papa pour qu’on l’aide à le situer. Il dit que son papa est Yarga (une ethnie du Burkina, ndlr). Je lui ai fait comprendre que Yarga, c’est vague, parce que nous avons des noms comme Sana, Derra, Guiro, Soré, etc. Il me dit que tout ce qu’il sait, est que son père est un Yarga. Ce sont des réalités auxquelles on fait souvent face.
Les gens tiennent à leur pays, ils ont un attachement pour lui, mais les choses ne sont pas faciles.
Au Soudan, les Burkinabè sont dans tous les secteurs (dans l’armée on a des colonels, capitaines, généraux ; dans l’agriculture ; l’enseignement ; l’immobilier ; le commerce, etc.).

Aujourd’hui, la principale préoccupation des Burkinabè du Soudan, ce sont les papiers. Un Consulat général dans ce pays va résoudre tous nos problèmes.

Lefaso.net : Il faut donc établir le cordon ombilical entre ces Burkinabè et la mère patrie !

M.O. : C’est indispensable, parce que les gens n’ont pas de documents officiels qui prouvent qu’ils sont Burkinabè. Donc, les préoccupations des Burkinabè résident à ce niveau. Voilà pourquoi, nous avons plaidé auprès des autorités pour l’ouverture d’au moins un Consulat général. Cela va permettre de recenser les Burkinabè et leur permettre d’avoir les papiers.

De nombreux compatriotes ont de grandes sociétés là-bas et veulent investir au pays. Un des nôtres là-bas était même sur un projet d’installation d’une industrie de montage de véhicules au Burkina (parce qu’au Soudan, on fait le montage de véhicules et lui travaille à ce niveau). Il avait donc entrepris les démarches ici au pays (sous l’ancien régime), mais ça n’a pas marché. Il y en a plein d’autres qui ont des entreprises ou sont responsables dans des multinationales, qui veulent venir.

En réalité, les Burkinabè ont l’avantage d’avoir quelque chose de particulier, qui fait que, quelque soit là où ils se retrouvent, ils se mettent au sérieux dans leur travail. C’est quelque chose qui est en nous, si fait que, partout, on bénéficie rapidement de la confiance des gens.

Lefaso.net : C’est dire donc avec le président Roch Kaboré que les Burkinabè sont appréciés dans leur pays d’accueil !

M.O. : C’est dû au fait que les Burkinabè, à l’extérieur, se mettent au sérieux dans le travail. Le Burkinabè, dans le travail, fait plus que ce qu’on lui demande. Quand le travail démarre à 8h, vous verrez qu’à 7h30, il est là. Pendant le travail, il se met aussi au sérieux et il a un esprit ouvert. Au Soudan, les Burkinabè sont sollicités dans les sociétés (les Maliens aussi).

Côté études aussi, les étudiants burkinabè occupent, la plupart du temps, la tête des listes. Les gens s’y mettent vraiment, ils ne s’amusent pas du tout ; ils ne dorment pas, ils bossent dur. Souvent, le Burkinabè peut être malade, mais il part au travail et c’est souvent le patron lui-même qui va constater que ça ne va pas et va lui dire de rentrer.

Lefaso.net : … comme quoi, au Burkina, la jeunesse doit aussi bosser dur pour maintenir le cap… !

M.O. : (…) Sincèrement, je me demande comment un jeune qui reste dimanche au maquis jusqu’à minuit, et plus, peut bien travailler le lundi. Je constate qu’ici, les jeunes sont plus tournés vers les loisirs, la fête (ce ne sont pas tous les jeunes, mais le constat est là). Pourtant, nos jeunes frères doivent comprendre qu’il faut appliquer le même sérieux et la rigueur dans le travail.

Le dimanche, un ami m’a accompagné pour aller rendre visite à quelqu’un et quand on rentrait, il était autour de 00h30, mais je voyais les maquis bondés de monde. Ça m’a beaucoup fait réfléchir.
Alors, comment on peut être opérationnel le lendemain lundi ? Il faut qu’on apprenne à concentrer nos énergies sur le travail pendant qu’on est jeune. Qu’on apprenne aussi à planifier notre vie. Le travail d’abord. Sinon, chercher à avoir de l’argent tout de suite pour aller danser et faire la fête, ça ne sert à rien.
C’est le travail avant l’amusement, et non l’inverse. La fête peut arriver à tout moment de la vie ; normalement, on doit beaucoup s’investir dans le travail quand on est jeune, de sorte à pouvoir nous permettre, lorsqu’on sera à un âge avancé, d’aller faire la fête partout où on veut.

Lefaso.net : Quand on parle de Soudan, on ne peut s’empêcher également de penser au déficit sécuritaire. Comment vivez-vous la situation ?

M.O. : Nous vivons à l’aise en Soudan. Vous savez que le Soudan est vaste et l’insécurité, c’est du côté du Darfour (frontière avec le Tchad, la Centrafrique). Au niveau de Khartoum où nous vivons, il n’y a aucun problème sur ce plan.

Lefaso.net : Compte-t-on une forte communauté de Burkinabè au Darfour ?

M.O. : Non, pas beaucoup de Burkinabè au Darfour. Les compatriotes sont à Khartoum et dans d’autres provinces ; les zones qui côtoient la mer. Au niveau du Darfour, ce sont plutôt des ressortissants des pays comme le Tchad, la Centrafrique, etc. Nous y vivons en toute intelligence avec les Soudanais et avec les autres communautés.

Lefaso.net : Quid de la solidarité entre Burkinabè, quand on sait aussi que lors du Forum, le président du Faso a déploré les querelles de leadership qui animent des communautés burkinabè dans certains pays ?

M.O. : Sincèrement, si on pouvait avoir, partout, le degré de cohésion et de solidarité qui prévaut entre Burkinabè de Soudan, ça allait être encore formidable. Il y a un Burkinabè qui travaille dans une charcuterie dirigée par un Turc. Un jour, il s’est blessé avec une des machines de son lieu de travail. Il a donc envoyé un message à un membre du bureau et à quelques compatriotes pour les informer.

Mais, en un laps de temps, près de 80 Burkinabè se sont retrouvés sur son lieu de travail. Le propriétaire de l’entreprise a eu pris peur et il a fui les lieux. Nous étions obligés de lui faire comprendre que c’est juste pour avoir des nouvelles de notre frère, parce qu’il avait envoyé un message qu’il s’était blessé, alors, ne sachant pas l’ampleur et ne s’étant pas concerté, on s’est retrouvé en nombre sur le lieu. On lui a (le patron) fait savoir que ce n’était pas sa faute, si c’est arriver. Là-bas, nous ne connaissons donc pas de division, chaque Burkinabè est le « père » et le frère de l’autre.

Lefaso.net : Mais comment êtes-vous organisé dans ce vaste pays ?

M.O. : Nous avons des associations dans chaque province, coiffée par une coordination (Fédération). C’est bien structuré et l’attente est réelle, si fait que lorsqu’on sonne la mobilisation, tout le monde est là.

Lefaso.net : Mais le Soudan a connu une scission en 2011. Cette nouvelle configuration n’a-t-elle entamé la communauté burkinabè ?

M.O. : Effectivement. Mais au Sud-Soudan, il n’y a pas assez de Burkinabè. Ils sont vraiment rares. C’est une zone où il n’y a pas assez d’activités. En plus, ils sont hostiles aux étrangers ; même entre eux, ce n’est pas facile, à plus forte raison avec les étrangers.
Voyez-vous au Burkina, le Peulh et le Bobo s’amusent (parenté à plaisanterie, ndlr), le Mossi et le Samo, le Yarga et le Peulh, le Bissa et le Gourounsi…, mais au Sud-Soudan, les habitants du même pays se rentrent dedans, sans motif.
Ce qui fait que les gens n’aiment pas y aller. Je connais quelques Burkinabè qui y étaient, mais sont revenus vivre à Khartoum (Soudan du Nord, ndlr). C’est une zone qui a du pétrole, mais les gens n’aiment pas y aller.

Lefaso.net : Comment réussissez-vous à rester en contact avec votre patrie, le Burkina ?

M.O. : Nous nous informons beaucoup à travers Internet, Lefaso.net surtout. On rentre aussi souvent sur le site de la RTB. Certains (mais, ils sont rares) ont réussi à faire fonctionner le système Canalsat pour écouter certaines radios de la place, regarder des télés locales.
Mais, la grande partie (et même ceux qui ont le système Canalsat) utilise l’Internet, parce que partout où tu te trouves, rapidement tu te connectes sur le site et tu as les informations.

Lefaso.net : Quelle image les gens ont-ils là-bas du Burkina ?

M.O. : Le sérieux et la confiance. Les gens voient aux Burkinabè, des travailleurs, des gens qui sont sérieux et à qui on peut faire confiance. Ça, ils ne s’en cachent pas. Le Burkinabè n’est pas dans les vols, les attitudes malhonnêtes, les comportements anti-sociaux, etc. Il est résilient et souvent, là où on pense qu’il va se plaindre, il ne se plaint pas.
En tout cas, nous jouissons d’une bonne image au Soudan. Il y a beaucoup de gens qui disent là-bas que s’ils avaient la possibilité, ils allaient tout faire pour que leurs enfants aient l’éducation burkinabè.

Lefaso.net : Qu’est-ce que les Burkinabè du Soudan attendent le plus de l’Etat ?

M.O. : C’est vraiment la question des papiers. La priorité pour nous, c’est un Consulat général. Si on a ça, c’est un grand pas et le reste viendra naturellement. Si les Burkinabè du Soudan arrivent à avoir les papiers, il y a beaucoup de choses qu’ils peuvent faire pour soulager l’Etat et les populations burkinabè ; parce que beaucoup ont de la richesse là-bas.
On n’a besoin que d’un consulat général. Malgré l’obstacle lié aux papiers, beaucoup sont venus prospecter au Burkina et actuellement, je sais qu’il y a deux qui sont en train de s’installer dans le domaine des mines. Il y en a beaucoup d’autres dans les autres domaines, qui sont prêts à investir au Burkina.

L’Etat peut organiser de sorte que ces Burkinabè qui sont à l’extérieur et ceux de l’intérieur puissent conjuguer les efforts dans les investissements, ça va beaucoup aider (on ne peut pas finir totalement avec le chômage, mais je reste convaincu que ça peut beaucoup aider).
Ça va créer aussi une saine émulation dans la société burkinabè. Dans le même temps, l’Etat doit revoir les curricula de formation. On ne peut pas tout temps être celui-là qui achète ; il faut que nous aussi, nous puissions vendre aux autres.

Au Soudan, on voit par exemple l’Etat envoyer les jeunes pour aller se former et revenir travailler dans des sociétés comme celle de montage des véhicules. Il faut donc que l’Etat revoit la formation, parce que c’est difficile de croire qu’après quinze ans ou plus d’études, on attend que quelqu’un vienne nous embaucher. Dans beaucoup de pays, ce système de concours qu’on connaît au Burkina n’existe pas. Donc, actuellement, le Burkina a plus besoin d’organisation pour que les mentalités changent. C’est nécessaire, sinon on aura à un moment donné, un pays, mais pas de gens de qualité pour diriger.

Donc, il faut que l’Etat revoit cela pour permettre aux jeunes d’adopter une mentalité de développement. Regardez même au niveau du volet investissement, l’Etat devrait faciliter les choses ! Il y a des gens qui ont leur argent et leurs projets, ils viennent, passent le temps à courir jusqu’à ce qu’ils soient découragés et ils repartent. Des participants au Forum ont vécu l’expérience.
Des Burkinabè qui ont trois, quatre, cinq sociétés, mais ne peuvent pas investir au Burkina ; ils tentent, mais impossible parce que l’Etat ne fait rien pour faciliter les choses.

Prenez ce compatriote du Congo qui a plusieurs immeubles là-bas et plus de sept entreprises, mais difficile d’investir dans son propre pays. Pourtant, ce sont des gens qui peuvent embaucher des centaines de personnes par entreprise. En plus, ces entreprises vont payer des taxes.
Mais si la personne n’a pas d’hommes de confiance sur place au pays (il envoie l’argent et les gens prennent pour faire la fête), que l’Etat aussi n’a aucune initiative pour faciliter l’investissement de ces Burkinabè de l’extérieur, c’est du gâchis.

Souvent tu engages tes papiers jusqu’à se bloquer et après, on t’apprend que c’est parce que tu n’as pas déposé ‘’déposer caillou’’ sur le dossier. Vraiment, c’est très compliquer.
Les gens ne te le disent pas clairement, mais ils vont te fatiguer, tu ne comprends rien et après, tu es obligé de laisser tomber et te rabattre dans ton pays d’accueil pour préserver ton pain. Pourtant, l’Etat peut créer un bureau spécial pour les investissements des Burkinabè de l’étranger. Là, ces Burkinabè passent par ce bureau.

Au Soudan par exemple, il y a beaucoup d’immeubles que la diaspora soudanaise a construits pour donner à l’Etat. Mais, il a suffi d’une simple organisation de la part de l’Etat. Pas plus ! Les gens ne demandent pas l’argent, ils ont les moyens pour le faire gratuitement pour l’Etat.

Au Burkina, si l’Etat s’organise, les Burkinabè de la diaspora peuvent construire par exemple un grand bâtiment qui va servir de logements pour ces gens qui viennent des provinces avec des malades et qui n’ont pas d’endroit pour dormir (regardez comment les accompagnants et autres souffrent à l’hôpital). Là, les gens vont y loger et aller se soigner tranquillement. Tout le monde y gagne ! La diaspora peut bien le faire, mais aussi faut-il que l’Etat incite à ce genre d’initiatives et facilite les choses.

Lefaso.net : On sait que les Burkinabè de l’extérieur se caractérisent par leur conservatisme culturel. Avez-vous à votre niveau des initiatives de ce genre ?

M.O. : Effectivement, c’est le cas. A titre d’exemple, la célébration de la fête de l’indépendance est également chez nous, une sorte de fête de la culture burkinabè. C’est une journée culturelle avec un dassandaaga (kermesse, ndlr) et une nuit culturelle. C’est un moment où on met en exergue les tenues et danses traditionnelles du Burkina. On expose également des photos des responsables coutumiers et autres personnalités du Burkina.

A l’approche de l’évènement, on fait venir du Burkina, des mets pour exposer au cours de la journée. On organise également des rencontres sportives et de loisirs, des compétitions de danses, etc. C’est vraiment un grand moment au cours duquel, on met en exergue la culture moaga, bôbô, san, fulfuldé, bissa, lobi bref, des ethnies de notre pays. C’est vraiment un grand moment de fête. Et puis, il y a une grande solidarité entre ressortissants de l‘Afrique de l’Ouest, qui sont bien organisés entre eux.

Par exemple, quand un président de l’Afrique de l’Ouest est en visite là-bas, tous les ressortissants de l’Afrique de l’Ouest sortent pour l’accueillir (ce ne sont pas seulement ses compatriotes). Si fait que certains présidents s’étonnent de voir autant de monde à leur arrivée.
A notre fête d’indépendance, vous verrez par exemple que le Ghana vient avec des chansons, le Mali avec la danse, les ivoiriens avec le théâtre, le Togo avec le défilé de mode, tel autre volet culturel avec le Niger, etc. Les communautés ouest-africaines vivent là-bas comme en famille.

Au Soudan, on n’a aucune différence entre Burkinabè, Malien, Ivoirien, Togolais, Nigérien, Ghanéen, Guinéen…, non ! C’est le même peuple.

Oumar L. Ouédraogo
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

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