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Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire au palais de justice

Publié le dimanche 7 août 2016 à 20h35min

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Lettre ouverte au ministre de la justice : On peut mieux faire au palais de justice

Ce matin vendredi 29 juillet 2016, je me suis rendu au palais de justice de Ouagadougou pour demander un permis de visite afin de passer voir un cousin détenu à la MACO (Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou). Je suis arrivé à 6 heures 41 mn et il y avait du monde au grand dehors.

A l’ouverture du portail, le monde se déporta à l’intérieur, les femmes d’un côté et les hommes de l’autre. Je me dirigeai naturellement vers les hommes et quelqu’un commença à faire l’appel pour faire un rang et j’ai vite compris que la liste que tenait un monsieur, qui ne ressemblait pas à un agent du coin, contenait les noms des usagers. C’est donc une initiative des candidats au "permis de visite à la MACO". A la fin de l’appel, ceux qui venaient d’arriver ou qui n’avaient pas bien compris comme moi, envahirent celui qui tenait la liste manuscrite sur une feuille de demande (lui remettant leur CNIB) pour qu’il les inscrive sur la liste. Je refusai cela et allai m’aligner derrière le dernier à être appeler.

A 7 heures deux guichets s’ouvrirent (un guichet pour les femmes et un autre pour les hommes). En moins de 15 mn, presque tout le monde avait déposé.
NB : on dépose la CNIB et on donne le nom du détenu. RDV nous est donné pour 13h 30 mn pour le retrait.
J’étais plus ou moins satisfait ! Et la raison : j’imaginais que j’allais prendre plus de temps mais aussi je croyais que le permis était établi sur place. Comme c’est un jour ouvrable, je suis parti à mon service pour revenir à 13h 30.

Je suis arrivé à 13h 26 mn et on avait débuté l’appel. Je me suis empressé de demander à mon voisin à quelle heure ils avaient débuté l’appel et il me dit que cela fait un bout de temps. Les deux guichets sont côte à côte et nous étions très nombreux (peut-être 200 ou plus… vraiment aucune précision….). On appelait des deux côtés et on doit répondre présent et ensuite donné le nom du détenu (enfin, crier « présent ! » et crier le nom du détenu).

Les agents crieurs criaient de leur mieux mais nous, on avait sérieusement du mal à les entendre. Celui qui, par malchance n’a pas entendu son nom ou n’a pas compris qu’il faut donner aussi le nom de son détenu voyait son tour passé car on n’a pas le temps, on dépose et on continue. Quelques fois la tension montait au dehors et les agents (l’un en tenue GSP et l’autre en civil) faisaient des menaces pour dissuader les rebelles. De temps à autre, les mêmes agents à travers les noms des usagers, provoquaient l’hilarité et j’ai compris que c’est pour faire baisser la tension.

Personnellement je ne voulais pas crier le nom de mon cousin mais j’ai vite réalisé que c’est la seule solution pour le voir le week-end. Lorsqu’on cria mon nom, je criai aussi le nom de mon cousin…et on me remit par l’entremise de ceux qui sont devant moi ma CNIB et un morceau de feuille de demande (je dis bien un morceau), sur lequel figurent le nom de mon cousin et un numéro…plus des écritures de quelqu’un qui avait demandé un casier judiciaire et son morceau de timbre de 200 F encore visible. C’est ok !

En résumé, je pense que l’on peut mieux faire pour atténuer la souffrances des pauvres parents de détenus qui veulent voir leurs ami, cousin, oncle, voisin, collègue etc., dans une situation que personne ne souhaite. Mais aussi, de donner la chance aux détenus de voir leur proche régulièrement. Je sais que des permis permanents existent mais ce n’est pas donné à tout le monde.

Vu le nombre de demandeurs de ce document et sans connaitre les moyens mis à la disposition des agents commis à cette tâche, j’apprécie ceci :
  le fait de séparer le guichet des femmes (parmi elles celles enceintes ou enfants au dos) qui résistent moins aux bousculades, de celui des hommes ;
  l’effort des agents dans le respect du temps même dans ces conditions de travail très précaires ;

Je propose ce qui suit :
  que l’on fasse comme ce que fait la police nationale actuellement pour la légalisation des actes (un retro de 7 ans permet de savoir qu’il y a eu une amélioration très appréciable en la matière) ;
  que l’on fasse l’effort de découper les feuilles qui servent de permis afin que cela ressemble un peu à un acte qui vient d’une administration sérieuse ;
 
En fin, je déplore une chose : le fait que des usagers stationnent leurs engins sans réglementation dans la cour du palais.

Cordialement !

Moumouni Kindo

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