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Situation nationale : Le « 10 h » à la Présidence du Faso, un peuple qui retient son souffle !

Publié le mardi 22 septembre 2015 à 20h23min

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Situation nationale : Le « 10 h » à la Présidence du Faso, un peuple qui retient son souffle !

Ouagadougou est plongée dans une psychose liée au « risque imminent d’affrontements » entre deux parties de l’Armée. Après l’entrée à Ouagadougou des troupes des garnisons dans la nuit de lundi à mardi, la nouvelle d’un « ultimatum » donné au camp des putschistes s’est vite répandue. La ville roule au rythme de la « gravité » de la situation. Dans des quartiers Est de la ville de Ouagadougou, certains des commerces, tout en étant ouverts, restent dans un dispositif de vigilance de fermer à tout moment.

Par petits groupes de personnes, les commentaires vont bon train et font état de défections des rangs du RSP pour le camp Sangoulé Lamizana mais aussi de « résistance de certains éléments » du côté des putschistes.
En circulation, les attentions sont orientées et aiguisées vers cet « affrontement » jugé « inévitable » par certains Burkinabè. Chacun prête attention au moindre mouvement …

A 9 h 30, à la gare routière « Ouaga inter » de la Patte d’Oie, un véhicule de « militaires loyalistes » se fait remarquer par des coups de klaxons. A bord dudit véhicule, deux militaires devisent, parés de gilet pare-balles.

Une conférence de presse est annoncée pour 9 h à Kosyam, quartier général des putschistes, en lieu et place de la déclaration qui avait été annoncée dès les premières heures de la matinée. Une nouvelle qui précède l’annonce de la libération du Premier ministre, Isaac Yacouba Zida, de qui il est également attendu une déclaration dans la soirée.

En route pour la conférence au palais présidentiel, nous nous retrouvons face à un char de combat, positionné au feu de la télévision privée BF1 et tenu par des éléments du RSP qui y veillent.

A environ 60 mètres du barrage, on nous fait signe des mains pour demander où est-ce que nous rendons. Nous obligeant donc (Amélie Gué et un confrère des Dernières nouvelles du Faso, DNF), à déployer notre gorge : « c’est pour la conférence de presse… ! ». Une ‘’concertation’’ de quelques secondes entre eux et on nous fait signe d’avancer. Nous avançons à leur niveau et donnons, à nouveau, l’objet de notre présence en ces lieux. Après ces explications, l’un nous fit signe de continuer, pendant qu’un autre soutient : « Feu ! ». Un « feu » pour nous dire qu’on peut continuer !

Quelques minutes après, nous nous adressons à la guérite à l’entrée du palais présidentiel. On nous fait patienter, le temps de faire appel à leur hiérarchie qui, arrivée, nous fera comprendre que nous sommes en retard. Un journaliste ‘’retardataire’’ de la presse étrangère était également dehors dans un véhicule. Nous nous rabattons devant la Présidence, dans l’espace qui fait office de parking visiteurs. A l’intérieur, à la sortie du bâtiment principal, deux véhicules de types V8 sont positionnés. A côté de la guérite, un bidasse se tient avec une arme placée sur pieds, orientée vers le monument et reliée à une ceinture de balles enroulée à même le sol.
9 h 50, un pick-up fait son entrée de la ville, chargée d’éléments armés et accompagnés d’un soldat à moto. Ils se dirigent vers le camp. On constate des mouvements d’entrée et de sortie de soldats habillés en tenue RSP et roulant surtout à moto.

9 h 55, un des véhicules positionnés devant le bâtiment principal démarre pour sortir. Ce départ est précédé d’un mouvement de militaires à l’intérieur de la Présidence, comme si un supérieur s’apprêtait à sortir. Mais, ce sont deux occupants militaires qui s’y trouvent ; ils nous jettent un coup d’œil puis continuent leur chemin. Deux minutes plus tard, une colonne d’environ dix véhicules V8, tous noirs se déploient du côté de la salle polyvalente où a eu lieu la conférence pour se diriger au bâtiment principal.
Sur le chemin du retour, on aperçoit un pick-up devant la résidence de fonction du Président du Faso.

Un silence pernicieux règne en ces lieux ; expression de la « gravité » qui caractérise la situation en journée du 22 septembre.

Malgré cela, les uns et les autres ont espoir que l’intelligence, la sagesse et le souci de la préservation de la Patrie prendront l’ascendance sur toute autre considération, en évitant un bain de sang. Optimisme soutenu par le ballet de « médiations » et de « négociations » entre les chefs de l’Armée et le général Diendéré.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net

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