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AFRIQUE : Un développement miné

Publié le jeudi 6 septembre 2012 à 23h11min

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AFRIQUE : Un développement miné

Marikana, une ville que beaucoup n’oublieront pas de si tôt, en Afrique du Sud et au-delà, tant elle aura marqué négativement les esprits avec les tueries survenues dans la mine de platine qui y est implantée. Les images publiées dans la presse et qui ont fait le tour du monde, ont choqué plus d’un. Des noirs tombant sous les balles de policiers comme dans un film de guerre, voici l’image forte et déplorable qu’on retiendra du conflit social qui oppose, depuis le mois d’août 2012, les mineurs de la mine de platine à l’exploitant britannique, le groupe « Lonmin ».

Pourtant, il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. Il suffit d’interroger cet événement malheureux, pour en savoir plus sur les véritables causes de ce conflit qui a dégénéré et emporter la vie de 44 personnes, policiers comme grévistes, avec à la clé une paralysie du fonctionnement de la mine depuis quelques mois. La tuerie de Marikana relance, en réalité, le débat sur l’exploitation des ressources minières en Afrique. Comment organiser l’exploitation des mines pour qu’elles contribuent véritablement au développement des pays où elles sont implantées, en particulier et de l’Afrique en général, tout en permettant aux investisseurs de rentabiliser leurs investissements.

Certains pays comme le Botswana sont parvenus à concilier ces deux exigences, d’autres par contre, sont toujours à la recherche de solutions. Le cas de la République Démocratique du Congo laisse perplexe. Voici un pays riche, possédant 34% des réserves mondiales de cobalt, 10% des réserves de cuivre, d’or et d’uranium, et plus des deux tiers des gisements mondiaux de coltan, mais qui peine à émerger. Pis, il est empêtré dans une guerre de plus de 15 ans qui l’empêche de profiter de ses richesses. Conséquence, les populations du Nord-Kivu, où sont exploités les gisements de coltan, vivent dans l’extrême pauvreté.

A leur image, les conditions de vie de certains mineurs en Afrique du Sud ne sont pas non plus meilleures. Beaucoup survivent dans des bidonvilles aux alentours de la mine de Marakana. Une situation qui a motivé beaucoup à a se syndicer pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi réclament-ils de l’exploitant, l’augmentation de leurs salaires de plus de 200%. Les revenus moyens devraient évoluer de 4 500 rands par mois (45O euros) à 12 550 rands.

Le problème sud-africain devrait interpeller les autres pays africains, afin qu’ils examinent davantage les contrats et autres droits d’exploitation minière. Certains de ces documents datent de la période des indépendances ou des avènements démocratiques. Ils avaient été négociés, alors que les prix sur les marchés mondiaux étaient bas (dans les années 80-90) et que les régimes politiques étaient fragiles. Dans ces contextes, certains Etats avaient simplement misé sur le minimum de rentabilité. De nos jours, les choses ont évolué et le prix des matières premières ont renchéri, l’or en premier, avec la crise financière de 2008. Ce qui justifie d’ailleurs le boom minier observé dans nombre de pays africains. Les termes des contrats devraient donc être revus et les revenus des travailleurs, augmentés, afin que cela se ressente sur le développement socioéconomique.

Il s’agit aussi de faire en sorte que les ressources tirées des exploitations soient investies dans des infrastructures appropriées, notamment dans la construction d’écoles, de routes, de dispensaires et d’hôpitaux. A cet effet, il faudra surtout veiller à ce que les ressources soient bien gérées et non accaparées par quelques individus. En la matière, il faut saluer la mise en place, au Burkina Faso, de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) qui prône, entre autres, l’utilisation à bon escient, des ressources minières, la transparence, le développement des zones d’exploitation, etc.

Pour une justice sociale et dans le but d’éviter des tensions comme le cas de Marikana, l’exploitation rimer avec développement et la rentabilisation ne devrait pas aller, dans un sens unique. En tous les cas, la décision d’exploiter revient aux pays.

Séraphine SOME/MILLOGO (serasom@yahoo.fr)

Sidwaya

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