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SUSPENSION DES LOTISSEMENTS PAR LE GOUVERNEMENT : Une mesure salutaire pour le devenir nos cités

Publié le mardi 5 juillet 2011 à 02h27min

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L’un des premiers actes du gouvernement de son Excellence Luc Adolphe Tiao a été la suspension des opérations de lotissement sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure saluée par la grande majorité des burkinabè permettra sans nul doute d’assainir un tant soit peu la gestion des parcelles.

Prendre du recul sur les opérations de lotissement afin d’assainir la gestion des parcelles

Cette mesure vise de prime à bord, à prendre du recul sur les pratiques actuelles en matière de lotissement et faire le bilan de l’ensemble des opérations de lotissement entreprises dans notre pays depuis un certain nombre d’années, notamment depuis l’avènement du processus de décentralisation. En effet, la décentralisation a permis de transférer aux communes la compétence des aménagements urbains pour le bien-être du citoyen. Les lotissements devraient de ce fait permettre aux populations de disposer d’un terrain afin de sécuriser leurs investissements en milieu urbain, mais aussi de bénéficier des services sociaux de base tels que l’eau, l’électricité, l’assainissement, des routes praticables, l’éclairage public…

Mais, on a le regret de constater que les lotissements sont aujourd’hui source de conflits entre les populations et les pouvoirs locaux à cause des problèmes de gestion des parcelles. Ce faisant, les parcelles sont devenues inaccessibles aux personnes les plus dans le besoin et ayant peu de ressources. Par ailleurs, les lotissements sont rarement accompagnés d’un minimum d’aménagement de voirie et réseau divers (VRD) comme le prévoit le Code de l’urbanisme, pour les rendre viables.

Le bilan des opérations de lotissement doit aussi et surtout porter sur les modes de production de l’espace urbain

Au-delà des problèmes de gestion que génèrent les lotissements, ce moratoire décidé par le gouvernement doit être mis à profit par les professionnels et les décideurs de l’aménagement et de la construction, pour mener une réflexion de fond sur les lotissements et les opérations d’aménagement urbain de manière générale. En effet, au regard des pratiques actuelles le lotissement semble être le seul mode de production de l’espace urbain au Burkina, hormis le projet ZACA. Ces lotissements ont provoqué un étalement démesuré de nos grandes villes et un rejet de la grande majorité des populations dans les zones périphériques dépourvues de tout service urbain.

A contrario, les centres-villes qui bénéficient de tous les avantages de la ville sont totalement inertes surtout les nuits et les jours non ouvrables. On a ainsi une certaine dualité de nos villes avec des centres modernes super équipés, mais peu peuplés et les quartiers périphériques populaires, denses, sous-équipés. Les exigences du développement durable et la recherche du bien-être des populations citadines doivent conduire les professionnels et les décideurs à mettre à profit ce moratoire pour réfléchir sur la forme urbaine de nos villes, notamment les outils d’aménagement et les modes de construction qui permettent de "reconstruire la ville sur la villes", de densifier nos centres-ville en terme du coefficient d’occupation des sols et de densité de peuplement.

En somme, pour la recherche d’une solution durable aux problèmes liés aux opérations de lotissement, le bilan ne doit pas seulement porter sur la gestion des parcelles. Il doit aussi et surtout concerner les questions plus en amont relatives aux outils d’aménagement et les modes de production de l’espace urbain.

Abdramane SANOU Programmiste – Urbaniste (s_abdramane05@yahoo.fr)

Le Pays

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