Roger Nikiéma : Bon… micro ne saurait mentir !
Destiné à l’enseignement après sa formation à l’Ecole normale de Ouahigouya, il n’y aura tenu la craie qu’une année à peine. Son désir de devenir journaliste était plus fort que celui de faire la classe. A 75 ans, et toujours très actif, Timbila Roger Théodore Nikiéma est certainement l’un des plus passionnés de la presse, et particulièrement de la radio, de sa génération…
Lorsqu’il a eu l’opportunité d’exercer ce métier dont il a toujours rêvé, il n’a pas hésité un seul instant. L’occasion lui a été donnée de faire ses premières armes à la Radiodiffusion de Haute-Volta. L’essai fut concluant et il occupa son poste immédiatement, le même jour ! Depuis lors, il n’est sorti de cet univers que lorsque sonna pour lui, l’heure de faire valoir ses droits à la retraite, en décembre 1988. Il a eu droit à une formation de qualité au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) de l’Université de Dakar au Sénégal, au Centre de formation de journalisme de Khool, en Israël, etc. « Très facilement, j’ai gravi tous les échelons. Quinze ans avant ma retraite, j’ai eu tous les honneurs, donc plus rapidement que d’autres, qui ont commencé avant moi », se souvient-il, non sans humilité.
En effet, il n’a pas mis longtemps à acquérir son premier grade à la radio nationale. Dès 1958, il y a été nommé chef des informations, puis directeur de la station, de 1967 à 1969, avant d’occuper, de 1985 à 1987, le fauteuil de directeur de la télévision nationale.
Mais ce qui a fait sa notoriété, c’était moins ses postes de responsabilité que sa dextérité dans le traitement et, surtout, dans la transmission de l’information. La voix de Roger Nikiéma a eu véritablement la cote auprès de la jeunesse de l’époque, mais aussi des fonctionnaires et des politiques. Il avait le secret pour captiver son auditoire, et donc de transmettre efficacement son message. Cela lui a valu, même après sa retraite, de continuer à bosser pour des radios internationales, telles que Radio France internationale (RFI), la Deutsche Welle (la Voix de l’Allemagne), Radio Nederland et la British broadcasting corporation (BBC). Et s’il continue, depuis 1996, de diriger la station de radio privée, « Radio Salankoloto », qui émet sur la bande FM à Ouagadougou, c’est bien la preuve que l’homme a voué pratiquement sa vie à ce média. Il ne cache d’ailleurs pas sa grande passion pour la radio.
L’écriture aussi…
Mais la très riche vie de Roger Nikiéma ne s’est pas toujours déroulée entre les quatre murs d’un studio. De 1976 à 1984, il a temporairement mis le micro entre parenthèses pour aller servir comme chef du service de presse de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEAO), qui avait alors son siège dans la capitale burkinabè. En plus de la radio, l’homme voue également une grande passion pour l’écriture et rêvait, pendant ses études secondaires, de « devenir un grand écrivain africain, de la taille de Victor Hugo ou de Châteaubriand ».
Ce rêve-là aussi, il l’a réalisé en partie, puisque malgré ses multiples charges, il a réussi à publier « Dessein contraire » (roman), à l’imprimerie des Presses africaines, en 1966, « Les adorables rivales » suivi de « Le soleil de la terre » (nouvelles) aux éditions C.E.L. de Yaoundé en 1971, « Le rêve de Macalou » (poésie) à l’Institut culturel africain de Dakar et « Mes flèches blanches » (poésie pour enfants) à l’imprimerie des Presses africaines de Ouagadougou en 1981. Il a en chantier, une nouvelle intitulée « L’hier de Koss-yam ».
Père de six enfants -qui évoluent dans différents secteurs de la vie socio-économique du Burkina- il consacre ses week-ends et temps libres à sa vingtaine de petits-enfants, tout en gardant encore une oreille sur les émissions de « Radio Salankoloto ». Sa profonde conviction est que « l’audiovisuel est l’outil de développement par excellence de l’Afrique. A condition que les professionnels y mettent un peu plus d’âme ». Parole de sagesse, conseil de doyen.
Félix Koffi Amétépé
Fasozine