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Burkina/Petits métiers : Esaïe Zongo, l’ambitieux conducteur de taxi-moto

Publié le lundi 18 mars 2024 à 21h40min

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Burkina/Petits métiers : Esaïe Zongo, l’ambitieux conducteur de taxi-moto

Esaïe Zongo est chauffeur de taxi à Koudougou, dans la province du Boulkiemdé, région du Centre-Ouest. Il conduit plus précisément ses clients sur une moto. Nous l’avons rencontré un jour de mars 2024 à la gare routière. Ce jeune dynamique et ambitieux a des rêves pleins la tête, et travaille à les réaliser.

Chaque jour, installé sur sa moto, Esaïe Zongo guette l’arrivée des bus de transport en commun à la gare routière de Koudougou, pour proposer ses services de taxi-moto aux voyageurs. Cette activité, il la pratique depuis maintenant sept ans. Il ne se destinait pas à ce métier, mais a fini par y prendre goût au fil des années. En classe de 5e dans une école technique à Koudougou, le jeune Esaïe décide d’abandonner l’école pour se rendre en Côte d’Ivoire auprès de ses frères aînés qui y sont.

Cette décision d’arrêter l’école résulte de son envie de chercher de l’argent car, dit-il, « j’aime l’argent et je voyais mes frères qui, lorsqu’ils revenaient de la Côte d’Ivoire, achetaient de nouvelles motos. Je me suis dit que si je reste à l’école, ça va me retarder. C’est comme ça que j’ai décidé d’arrêter l’école pour aller en Côte d’Ivoire pour me chercher. »

Il se retrouve donc du côté de la lagune Ébrié et après cinq ans, en 2017, il retourne auprès de ses parents dans son village situé à quelques kilomètres de Koudougou. Au regard de leur situation de précarité et de leur âge avancé, il décide de ne plus retourner en Côte d’Ivoire et de rester le plus près possible pour veiller sur eux.
C’est ainsi qu’Esaïe se retrouve à Koudougou et décide d’exercer le métier de taxi-moto qui ne nécessite pas de formation particulière et qui, pour lui, était le boulot à portée de main. Pour débuter son activité, il disposait d’une vieille moto.

C’est avec cet engin qu’il va conduire ses premiers clients. Avec cette activité, il loue une maison à 15 000 F CFA et arrive à s’acquitter de ses différentes factures. « Les gens ont commencé à parler et m’ont dit que moi, un simple taximan, pourquoi je loue une maison de 15 000 F CFA. Je dois chercher une maison moins chère. Mais je leur réponds que cela me permet de me battre davantage pour payer mon loyer, prendre soin de moi et de mes parents », confie-t-il.

« J’épargne 60 000 à 70 000 F CFA par mois »

Petit à petit, l’oiseau fait son nid, dit-on. Au fil des années, Esaïe Zongo arrive à tirer son épingle du jeu. Il a économisé et est parvenu à s’acheter une nouvelle moto, une « moto homme », bien plus robuste et confortable pour ses clients et lui. Ses revenus lui ont également permis de s’acheter un terrain en zone non-lotie et d’y bâtir une maison, mais aussi de passer son permis de conduire, de prendre soin de ses parents et de se fiancer. « Je peux dire que je vis mieux qu’avant. Je vis à l’aise », lance-t-il, le sourire aux lèvres.

Par semaine, lorsqu’il y a de l’affluence, Esaïe confie pouvoir se dégager un bénéfice de 20 000 F CFA, voire plus, après avoir fait face à toutes les dépenses relatives à son activité, à savoir le carburant, le paiement des taxes qui s’élèvent à 3000 F CFA par mois, l’entretien de la moto. « Je fais le ‘‘cauri d’or’’ (une sorte d’épargne, ndlr) de 2 000 F CFA par jour et je dépose aussi de l’argent en banque. Il y a des mois où je peux épargner 60 000 à 70 000 F CFA », nous confie-t-il.

Pour le jeune homme de la vingtaine bien sonnée, ce qui fait sa particularité, c’est le respect qu’il voue à ses clients ainsi que sa courtoisie. Ce qui lui a permis de tisser de nombreuses relations et d’avoir des clients qui, souvent, louent ses services pour toute une journée, voire plus. Certains de ses clients qui ne sont pas sur place à Koudougou lui confient leurs courses, et ce, parce qu’ils lui font confiance, affirme-t-il. Même s’il conduit les clients essentiellement dans la ville de Koudougou, il arrive qu’Esaïe Zongo conduisent certains clients hors de Koudougou, dans certaines villes à proximité.

Un jeune ambitieux…

Bien qu’il avoue s’épanouir en tant que chauffeur de taxi, Esaïe ne souhaite pas le rester toute sa vie. Passionné de cinéma, le jeune homme explique avoir écrit au moins une vingtaine de scénarios de films. Ce qui lui manque, ce sont les moyens financiers pour réaliser son rêve. C’est ce à quoi il travaille. « Si je trouve quelqu’un qui va m’aider à réaliser mon rêve, on fera du 50-50 sur les bénéfices, parce que c’est lui qui m’aura aidé à donner vie à mes projets », théorise le jeune homme.
En attendant, Esaïe est encore chauffeur de taxi et prie pour que la paix revienne au Burkina Faso et que beaucoup d’opportunités d’affaires soient offertes aux jeunes, qui sont l’avenir du pays.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net

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