Jeux Paralympiques 2024 : Rahinatou Moné, une athlète handicapée visuelle qui rêve d’offrir au Burkina Faso une médaille paralympique
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Agée de 21 ans, Rahinatou Moné est une athlète paralympique burkinabè. Malgré sa jeune carrière, elle a déjà glané plusieurs médailles sur la scène continentale. Qualifiée pour les jeux paralympiques (jeux olympiques réservés aux personnes vivant avec un handicap) Paris 2024, Rahinatou Moné veut inscrire son nom au panthéon du sport mondial. Pour ce faire, elle appelle les autorités sportives et les bonnes volontés à l’accompagner dans sa préparation afin qu’elle puisse offrir au Burkina Faso, une médaille paralympique comme l’a fait Hugues Fabrice Zango avec sa médaille olympique en 2021 au Japon. Zoom sur une athlète au destin particulier, handicapée visuelle mais prête à marquer le sport burkinabè (100 mètres, saut en longueur et lancer de poids) de son empreinte.
Si les regards sont fixés sur des stars comme Hugues Fabrice Zango, Marthe Koala ou Fayçal Sawadogo pour les jeux olympiques 2024, d’autres athlètes dans l’ombre et malgré les moyens modestes, se battent pour faire rayonner le Burkina Faso sur la scène internationale. Rahinatou Moné est l’une de ces athlètes.
En effet, Rahinatou Moné est une jeune fille vivant avec un handicap visuel. Agée de 21 ans, elle est en première année de socio-anthropologie à l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso. Par passion, elle s’est lancée dans le sport depuis 2018 et depuis lors, mène son bonhomme de chemin dans plusieurs disciplines réservées aux personnes vivant avec un handicap. « Au début je faisais uniquement l’épreuve des 100 mètres. En 2022, j’ai ajouté le saut en longueur et en 2024 j’ai ajouté le lancer de poids », confie-t-elle.
Rahinatou Moné s’est inspirée d’autres grands noms de l’athlétisme burkinabè. Il s’agit notamment de Hugues Fabrice Zango et de Marthe Koala. « En voyant le champion du monde en triple saut (Hugues Fabrice Zango) et également la championne en saut en longueur (Marthe Koala), je me suis lancé un défi, celui de les égaler », précise-t-elle.
Elle revient sur sa jeune carrière déjà jalonnée de succès tant sur le plan national qu’international. « De 2018 à nos jours, je suis championne nationale. En 2022, j’ai obtenu une médaille de bronze au World para athlétisme à Marrakech au Maroc. En 2023, aux 9e jeux de la francophonie en RDC, j’ai pu avoir deux médailles d’or dont une sur 100 m et l’autre en saut en longueur. En 2024 j’ai arraché deux médailles dont une en or (lancer du poids) et l’autre en argent (100m) et c’est ce qui m’a d’ailleurs permis de me qualifier pour les jeux paralympiques », a indiqué Mlle Moné.
Qualifiée pour les jeux paralympiques de Paris 2024, Rahinatou Moné a laissé entendre que cette qualification est un premier pas et une grande satisfaction car dit-elle, l’un de ses objectifs est atteint. Mais pour elle, son plus grand défi, est de décrocher une médaille lors des jeux paralympiques et d’offrir au Burkina Faso, une médaille paralympique comme Hugues Fabrice Zango l’a fait avec sa médaille olympique.
Rahinatou Moné veut également inscrire son nom au panthéon du sport mondial. « Mon plus grand objectif, c’est d’inscrire mon nom dans l’histoire sportive du monde et je sais que ça ne sera pas simple mais comme on a l’habitude de dire, quand on veut, on peut », a-t-elle révélé.
La jeune athlète paralympique est revenue notamment sur les difficultés rencontrées dans son métier. Et ces difficultés sont entre autres l’inaccessibilité ou le manque des terrains, le manque de moyens financiers, entraînant des problèmes matériel et technique. Sur les préjugés concernant son handicap, Rahinatou Moné se veut un peu plus claire : « En ce qui concerne mon handicap, il ne m’empêche pas d’atteindre mes objectifs ».
Elle est ambitieuse certes, mais pour compétir dans les compétitions d’envergure internationale comme les jeux paralympiques, il faut une bonne préparation. Et sur cette question, Rahinatou Moné se débrouille avec les moyens de bord en attendant les actions du ministère des Sports et de la Fédération burkinabè d’athlétisme. « Pour le moment je n’ai pas de soutien, je me débrouille comme je peux et je compte sur vous pour faire passer ma voix », affirme-t-elle.
Pour aider les athlètes vivant avec un handicap, Rahinatou Moné demande des terrains d’entraînement adaptés à leurs conditions. Elle demande également que le sport pour les personnes vivant avec un handicap soit pris au sérieux par les décideurs car relève-t-elle, « nous remarquons que notre sport n’est pas assez vulgarisé ». Elle a saisi l’occasion pour exprimer sa gratitude et ses remerciements aux personnes qui soutiennent le sport pour les personnes vivant avec un handicap.
A l’endroit des jeunes surtout ceux vivant avec un handicap qui voudraient se lancer dans le sport notamment l’athlétisme, Rahinatou Moné conseille : « C’est d’aimer d’abord le sport, être patient car le sport pour les personnes vivant avec un handicap n’est pas facile. Il faut faire deux fois l’effort des personnes valides. Il faut travailler aussi à atteindre ses objectifs. J’encourage tous mes camarades à s’impliquer dans le sport car il y a de nombreux avantages ».
Pour rappel, les jeux paralympiques se dérouleront du 28 août au 8 septembre 2024 à Paris en France.
Mamadou Zongo
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