LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

RECENSEMENT ELECTORAL : Vers une grosse escroquerie

Publié le jeudi 1er avril 2010 à 05h25min

PARTAGER :                          

Les conditions du recensement en cours pour la constitution du nouveau fichier électoral national sont calamiteuses. C’est l’objet de l’interpellation du président national du PDP/PS, François Kaboré. Le délai d’inscription a été prolongé. Mais si rien n’est fait en amont par le MATD, l’opération se révélera encore une grosse escroquerie selon lui.

Monsieur le ministre,

Par décision du Conseil des ministres, en début de l’année 2010, les Burkinabè ont été informés que seules les pièces ci-après pourront désormais être utilisées pour : . les inscriptions sur les listes électorales constituant le fichier électoral national : la carte nationale d’identité burkinabè (CNIB), la carte militaire, le passeport, la carte consulaire pour les Burkinabè vivant à l’extérieur et enfin l’acte de naissance ou le jugement supplétif d’acte de naissance. Pour les deux dernières pièces, elles ont été admises parmi les pièces requises à titre provisoire pour les Burkinabè ne disposant pas encore de la CNIB au moment des inscriptions sur les listes électorales qui ont effectivement démarré depuis le 1er mars 2010 pour se terminer le 21 du même mois. Pour la participation à l’élection présidentielle du 21 novembre prochain et plus tard aux municipales en 2011 et aux législatives en 2012, seules les quatre premières pièces ci-dessus citées pourront être utilisées ; excluant tout autre document.

En cette dernière semaine du recensement électoral, démarré le 1er mars 2010, des inquiétudes persistent et même se renforcent, alimentant des sentiments d’exclusion de certains Burkinabè volontairement orchestrés par divers réseaux du parti au pouvoir et ses acolytes de tout genre. En effet, pour les actes de naissance et jugements supplétifs d’acte de naissance, malgré l’opération spéciale de délivrance des actes d’état civil pour les Burkinabè de 18 ans et plus, démarrée en avril 2009 et qui vient de se terminer en février 2010, ces documents, censés être délivrés gratuitement par les mairies en concertation avec les préfectures, restent inaccessibles pour un grand nombre de Burkinabè des villes et des campagnes.

Il faut être dans des réseaux organisés, prétendant travailler pour le compte du parti au pouvoir, pour pouvoir en disposer aisément. Beaucoup de Burkinabè se sont inscrits, ont rempli des formulaires correspondants dans beaucoup de mairies du milieu rural notamment et attendent pendant 2 à 3 ou même 4 mois, et jusqu’aujourd’hui (16 mars 2010) pour ne même pas pouvoir entrer en possession de leurs actes de naissance et s’inscrire sur les listes électorales qui seront closes le 21 mars 2010.

Monsieur le ministre, quel ressentiment voulez-vous que ces nombreux Burkinabè ainsi exclus du fichier électoral national, par calcul politicien ou par incapacité à gérer la situation, ces Burkinabè ne pourront pas accomplir leur devoir citoyen qu’est la désignation des dirigeants de ce pays, aient vis-à-vis du MATD, de la CENI, de l’ONI, de la direction du CDP et de notre administration de manière générale censée être citoyenne ? Pour ce qui concerne la CNIB, délivrée à 500 F CFA l’unité, la question récurrente, lors de nos contacts avec les populations des villes comme des campagnes, c’est "Comment pouvons-nous faire pour pouvoir avoir cette fameuse CNIB" ?

Le gouvernement et l’ONI s’évertuent cependant (Cf. rencontre du Premier ministre avec les partis politiques en début décembre 2009, diverses rencontres du MATD avec la presse) à rassurer le peuple burkinabè que tout sera mis en œuvre pour permettre à tous ceux qui souhaitent avoir la CNIB de pouvoir en disposer avant l’élection présidentielle de novembre prochain ; des dispositions devant être prises pour permettre à l’ONI d’assurer une délivrance massive des CNIB de l’ordre de 2 000 à 25 000 unités par jour.

La résultante de tous ces problèmes rencontrés par les populations, auxquels s’ajoute le manque d’intérêt grandissant au niveau des populations pour la chose politique vidée de son sens par une cohorte de prédateurs de tout genre aux affaires depuis plus deux de décennies dans notre pays, explique la faible affluence des électeurs désabusés au niveau des bureaux de recensement. A mi-parcours de cette opération, on enregistrait des taux d’inscription de l’ordre de 10 à 20 % par rapport au potentiel national d’électeurs. Si la situation ne s’améliore pas, ce sera environ 30 à 40 % ; soit environ 1,8 à 2,5 millions de l’électorat potentiel qui figureront sur le fichier électoral, avec les pièces requises pour prétendre pouvoir prendre part à l’élection présidentielle de novembre prochain sur une population totale de plus de 14 millions.

Cela, malgré les efforts de sensibilisation des populations entrepris et poursuivis par nos partis politiques aux moyens assez limités. A cet effet, il faut rappeler que le financement public des partis politiques, de 500 millions de francs CFA par an, n’a pour l’essentiel, été donné en 2008 qu’à deux partis politiques (le CDP et l’ADF/RDA) et en 2009 à cinq partis ; un montant de l’ordre de 300 à 400 millions revenant chaque fois au CDP.

D’aucuns commencent à suggérer une prolongation du délai d’inscription, mais si rien d’essentiel n’est fait en amont par le MATD au niveau des mairies, des préfectures et de l’ONI, pour démocratiser et fluidifier la délivrance des pièces requises pour s’inscrire sur les listes électorales, rien de fondamental ne changera sur ce fichier qui, au lieu de permettre le renforcement de notre processus démocratique par des élections propres et transparentes, se révèlera encore une grosse escroquerie perpétrée contre le peuple burkinabè. C’est pour toutes ces raisons que les militantes et militants du PDP/PS, partie intégrante de ce peuple, dénoncent, une fois de plus, ce marché de dupes qui va encore permettre à cette pseudo-démocratie et son corollaire de malgouvernance de perdurer encore dans notre pays ; retardant de quelques années encore le véritable développement économique et social du Burkina Faso.

Ouagadougou, le 16 mars 2010

François Kaboré Président national PDP/PS

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme