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Cinquantenaire de l’indépendance : Gaby « achète » son certificat de nationalité grâce à son logo

Publié le lundi 22 mars 2010 à 16h16min

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Gaby Mont-Rose Ali

Le lancement des activités du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina, organisé le 20 mars, à Bobo-Dioulasso, a servi de cadre, à la présentation du logo officiel de la célébration. Conçue par Gaby Mont-Rose Ali, Burkinabè d’adoption d’origine tchadienne, l’œuvre a remporté un franc succès auprès du public.

Durant la cérémonie de présentation du logo du cinquantenaire, un jeune homme, en chemise rouge, se presse contre les barreaux de la tribune officielle du stade Wobi. Tout ouie, il écoute religieusement l’interprétation donnée du logo, son logo, par le speaker de la soirée. Quelques secondes plutôt, l’accès à l’estrade présidentielle lui était bloqué, par le draconien service de sécurité. La poignée de main tant espérée ne viendra jamais !

Les yeux se frayant difficilement un champ de vision à travers les fentes de la grille métallique, Gaby écoute le speaker interpréter son œuvre : « le logotype du cinquantenaire du Burkina Faso suggère globalement un cheval au galop vers un soleil rayonnant. L’ensemble du logo est constitué d’éléments graphiquement imbriqués de façon à traduire clairement l’évènement du cinquantenaire, le thème et la philosophie qui le soutendent ». Le cheval est au milieu de deux demi-cercles. Celui du dessus, tout en jaune, porte le nom du pays. Celui du dessous, limité aux deux extrémités par le drapeau de la Haute-Volta et la bannière du Burkina Faso, porte les mots « souvenir & espérance ». Sous le drapeau de la Haute-Volta est inscrit « 1960 », date de la proclamation de l’indépendance, tandis que, sous celui du Burkina, est inscrit « 2010 », date du cinquantenaire. Le poitrail du cheval forme avec le disque rayonnant, au cœur duquel est placé une carte du Burkina, le nombre 5O. Juste en dessous du disque, on peut lire « ans » qui intégré au nombre exprime le cinquantenaire de l’indépendance.

Logo du cinquantenaire du Burkina

A la fin de l’explication du speaker, par ailleurs bien applaudi par le public, Gaby rejoint sa place, le cœur serré. C’est moins pour les félicitations présidentielles que l’occasion manquée d’exprimer sa reconnaissance à son pays d’adoption qui le peine autant. « J’ai tout fait dans ce pays », déclare le graphiste, « j’y ai obtenu mon BAC, puis j’ai suivi tout le cursus universitaire au département d’Arts et Communication de l’université de Ouagadougou », poursuit-il. « Ce logo est le moyen pour moi qui ne possède pas encore la nationalité burkinabè, de traduire ma reconnaissance à ce pays, à ce peuple qui a fait de moi l’homme que je suis », a-t-il conclu. Noble intention ! Hélas, il ne pourra la concrétiser en face du président de la république.

La présentation prend fin. Le président rejoint sa loge. Il ne reste plus qu’à Gaby de rejoindre sa place. Retomber dans l’anonymat avec un goût d’inachevé surmonté d’une pointe d’amertume. Assis dans la foule, il ne verra pas une scène qui l’aurait sans doute réconforté. Descendue des tribunes prises d’assaut par une centaine de femmes, une vielle dame, la soixantaine, se dirige vers un monsieur tenant dans ses mains une dizaine de posters du logo que l’organisation a distribué dans le public. « Pourriez-vous me donner une affiche ? », dit-elle respectueusement. Face à la réticence du monsieur, la femme, analphabète, lui adressa une phrase désarmante : « Si vous voyez que j’insiste autant, c’est parce que ce papier est la traduction d’une cause nationale ». Le mot est lâché ! A contrecœur, le monsieur lui tendit un poster avec un large sourire. Sans même le savoir, Gaby tient sa reconnaissance méritée. Sa photo serrant la main de Blaise Compaoré, ne fera point la une des journaux. Cependant, le poster de son logo, ira tapir les murs craquelés de vielles analphabètes aux confins du pays. Pouvait-il rêver d’une meilleure revanche ?

Nourou-Dhine Salouka
Lefaso.net

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