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Cinquantenaire de l’indépendance : La fête des Burkinabè du Bénin

Publié le mardi 21 décembre 2010 à 02h30min

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Le moins que l’on puisse dire est que la célébration du cinquantenaire de notre indépendance, le 11 décembre 2010, a mobilisé les Burkinabè en général, qui l’ont fêté chacun à sa manière, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. C’est le cas de ceux vivant sur le territoire béninois qui l’ont commémoré en différé, le 16 décembre dernier, sous l’égide du Consul honoraire du Burkina Faso près le Bénin, Mahamadou Lamine Ouédraogo.

Marche pacifique de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin (ABRB) pour la préservation de la paix au Burkina Faso et sur le continent, déjeuner en communauté, match de football, dîner spectacle sont, entre autres, les points majeurs de leur journée de commémoration dans la capitale économique, Cotonou, qui a connu une forte mobilisation des ressortissants venus des 4 coins de l’ex-Dahomey.

Acte 1 : Hall des arts de Cotonou, jeudi 16 décembre 2010, 10h30. Les membres de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin (ABRB) s’alignent pour le départ de la « marche pacifique de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin (ABRB) pour la préservation de la paix au Burkina Faso et sur le continent », premier point au programme de leur commémoration en différé du cinquantenaire de notre indépendance, le 11 décembre dernier.

Habillés en tenues traditionnelles burkinabè ou béninoises, en tee-shirts ou pagnes du cinquantenaire, ils viennent des 4 coins de l’ex-Dahomey notamment des villes de Parakou, Banikouara, Bohicon, Savalou, Krakré, Porto-Novo et Cotonou. Parmi eux, des familles burkinabè vivant sur le territoire béninois, l’Amicale des étudiants burkinabè, ainsi que celle des femmes. Accompagnés par une fanfare locale et deux troupes traditionnelles du Burkina, ils vont traverser la ville en direction du Consulat burkinabè.

Acte 2 : Consulat honoraire du Burkina Faso près le Bénin situé dans le quartier Cadjèhoun de la capitale économique béninoise. 11h30. Tous les marcheurs prennent place sous les tentes aux couleurs nationales dressées à la devanture de la représentation consulaire.

A leurs côtés, les membres de l’Union des ressortissants de la CEDEAO (UR-CEDEAO) dont chaque pays membre a envoyé des représentants. Le Ditanyè, l’hymne national burkinabè, est entonné en chœur. Vient ensuite la série des allocutions. Premier à prendre la parole, le secrétaire général du bureau des étudiants burkinabè, Thierry Ouédraogo, qui, tout en rendant hommage à tous ceux qui ont lutté pour la cause nationale, espère une revue à la hausse de la situation estudiantine afin de préparer la relève de la « Old school » (NDLR :

signifiant littéralement la vielle école en anglais, ce terme désigne les aînés ou doyens). La représentante des femmes, Maïmouna Mikponhoué née Toé, elle, reviendra sur le rôle important que jouent les femmes dans la vie d’une nation.

Aussi interpelle-t-elle nos décideurs à mieux œuvrer pour l’épanouissement de la femme en général et la scolarisation des filles en particulier. Le président de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin, Assane Ouédraogo, tout en souhaitant bonne fête à tous, ne va pas manquer de demander à ses frères et sœurs vivant sur le territoire béninois à œuvrer pour la continuité de leur intégration réussie.

A sa suite, le président de l’UR/CEDEAO au Bénin, le Sénégalais Lamine Cissé, va, lui, traduire la solidarité de tous les membres de l’Union avec les frères Burkinabè dans la célébration du cinquantenaire de l’indépendance de leur pays. Leur participation aux activités commémoratives à raison de 5 membres par pays en est la preuve.

L’hôte des lieux, en l’occurrence le Consul honoraire du Burkina Faso près le Bénin, Mahamadou Lamine Ouédraogo, prend enfin la parole pour souhaiter au nom de l’ambassadeur du Burkina au Ghana, Togo et Bénin, Sini Pierre Sanou, absent, la bienvenue à tous les compatriotes et leurs ‘‘frères et amis’’ de la CEDEAO et du Bénin.

La marche pacifique des Burkinabè du Bénin, du hall des arts au consulat, traduit, selon lui, leur soutien à l’engagement du Président du Faso, Blaise Compaoré, pour la préservation de la paix au Burkina et en Afrique.

Mahamadou Lamine Ouédraogo a traduit son sentiment de fierté au regard de la forte mobilisation des Burkinabè du Bénin qui ont fait massivement le déplacement de Cotonou pour marquer leur attachement au pays mais aussi leur engagement au rayonnement du Burkina à l’étranger, notamment en terre béninoise.

Il les a exhortés à rester attachés à la devise nationale : Unité-Progrès-Justice. Un déjeuner en communauté sera ensuite partagé par l’ensemble des participants qui vont après se laisser aller à des pas de danse pour exprimer leur joie, le tout sur fond de parenté à plaisanterie.

Acte 3 : Plateau omnisports du CEG de Gbegamey. 16h. Le match de gala de football oppose la formation représentant le Burkina Faso au tournoi de l’UR-CEDEAO (regroupant les équipes des communautés des pays membres vivant au Bénin et dont ils ont atteint les demi-finales) à une équipe composée de ressortissants burkinabè et de jeunes joueurs de la relève.

Dans une ambiance bon enfant et malgré les beaux restes de certains ressortissants, c’est la formation « pro » qui va empocher le gain du match, 2 buts à 1. Une enveloppe financière et un lot de tee-shirts du Cinquantenaire sera remise à chacune des deux équipes par le Consul.

Acte 4 : Salle polyvalente du Palais des congrès de Cotonou. 21h. Le dîner-spectacle de clôture de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Burkina Faso par les Burkinabè du Bénin débute par les hymnes nationaux du Burkina et du Bénin.

Au nombre des invités, la Grande chancelière des Ordres nationaux béninois, le Dr Osseni Koubourat, les représentants des corps diplomatique et consulaire au Bénin, les délégués de l’administration béninoise, les membres de l’ABRB mais aussi des Burkinabè de passage ou en mission à Cotonou qui ne se sont pas fait conter l’évènement. Le documentaire « A minuit... l’indépendance » réalisé par Issaka Thiombiano est ensuite projeté.

Ce film, conçu à partir des archives de la Cinémathèque africaine de Ouagadougou, retrace les faits marquants de la proclamation de l’indépendance de notre pays. L’épouse du Consul honoraire du Burkina près le Bénin, Jacqueline Ouédraogo, va alors lire un poème du Moro Naaba sur la paix.

Vient après la décoration du président de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin, Assane Ouédraogo, qui reçoit sa médaille de chevalier de l’Ordre du mérite burkinabè des mains du consul, Mahamadou Lamine Ouédraogo.

Sentiments de joie et fierté légitimes pour le récipiendaire qui ne manque de dédier sa distinction à l’ensemble de la communauté burkinabè du Bénin, tout en remerciant les autorités qui ont bien voulu l’honorer. Pour lui, cette reconnaissance de la mère partie est une invite à l’endroit de chacun des membres de l’ABRB à persévérer dans leurs efforts pour le développement du Burkina.

La soirée, dont le dernier acte a été la coupure du gâteau d’anniversaire aux couleurs du cinquantenaire, a été animée par la troupe Toléa de Komtoèga et la troupe warba de Mogtédo venues de la terre des hommes intègres pour la , ainsi que l’artiste béninois Francis Evia.

Le jubilé d’or de l’indépendance en Afrique se devait d’être fêté à en croire la Grande chancelière des ordres nationaux du Bénin, le Dr Osseni Koubourat, par ailleurs Consul honoraire du Mali près le Bénin :

« 50 ans dans la vie d’un homme ce n’est pas rien et encore moins dans la vie d’une nation, alors nous nous devons de fêter cela. C’est également l’occasion de tirer le bilan afin de corriger les imperfections et de nous engager résolument vers le développement. Et la présence du chef d’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, au cinquantenaire du Bénin et de celui béninois, Thomas Yayi Boni, à la commémoration de l’indépendance du Burkina sont le signe de l’excellence des relations entre nos deux pays. »

Satisfécit du consul honoraire à l’issue de la journée de commémoration. Pour lui, le cinquantenaire de l’indépendance est un évènement trop important pour le Burkina pour que la communauté burkinabè au Bénin reste en marge :

« Déjà, ce n’est pas gagné d’avance que nous puissions vivre le prochain cinquantenaire, alors nous nous devions de célébrer à sa juste valeur le présent. Cette commémoration a été l’occasion pour tous les Burkinabè du Bénin de se réunir et de communier. C’est vrai que nous n’en avons pas souvent l’occasion et c’est avec joie que nous nous sommes retrouvés. Le message principal qui a été véhiculé est qu’ensemble nous devons œuvrer à préserver ce trésor que représente la paix ».

Match de football, séminaires intercommunautaires, participation aux fêtes des différentes communautés sont, entre autres, les activités menées d’ordinaire par les Burkinabè du Bénin afin de parfaire leur intégration.

Au dire de Mahamadou Lamine Ouédraogo, ils vont redoubler d’effort en ce sens afin de renforcer leur vie en symbiose avec toutes les communautés vivant au Bénin car « ce n’est que dans l’union et la paix que le cap du développement peut être franchi. »

Hyacinthe Sanou De retour de Cotonou


Le Bénin, corridor pour les immigrés burkinabè

Si les Burkinabè du Bénin sont estimés à plus de 500 000 personnes, il est difficile de déterminer leur nombre exact à en croire le président de l’Association des Burkinabè résidant au Bénin (ABRB). Cela est dû au fait que la majorité d’entre eux vit en campagne loin des villes où l’ABRB tient ses rencontres.

Ce qui oblige l’Association à effectuer régulièrement des missions à l’intérieur du pays afin de rencontrer le maximum de ressortissants avec pour objectif de les regrouper pour surmonter les difficultés et parfaire leur intégration. Cette intégration est facilitée par l’existence de l’Union des ressortissants de la CEDEAO (UR-CEDEAO).

Mais dans quels secteurs d’activités les Burkinabè du Bénin évoluent-ils ? Eh bien, dans l’agriculture, l’élevage et le commerce. La gestion des immigrés burkinabè est la difficulté majeure de l’ABRB au dire de son président : « Nos frères qui décident d’aller chercher un avenir meilleur en Afrique centrale passent par le Bénin qui est en fait un carrefour.

Une fois sur le territoire béninois, ils se confient le plus souvent à des escrocs qui leur procurent de faux visas et d’autres faux documents. Ce qui fait qu’une fois en Afrique centrale, ils sont arrêtés et rapatriés au Bénin. Avec l’aide de l’ambassadeur du Burkina au Ghana, Togo et Bénin et du Consul honoraire du Burkina près le Bénin, nous veillons alors à les aider à rejoindre Ouagadougou. »

Rien qu’au cours de l’année 2009, près de 3000 compatriotes auraient été rapatriés. Aussi Assane Ouédraogo lance-t-il un message à l’endroit des autorités burkinabè et des candidats à l’immigration :

« Nos autorités se doivent d’œuvrer à créer les conditions pour que les jeunes n’aient pas à aller chercher à garantir leur avenir à l’extérieur, en les appuyant notamment dans la création d’entreprises. Nos frères doivent également comprendre que mieux vaut investir sa petite fortune dans de petits projets rentables au Burkina que de risquer de la perdre en s’engageant dans une immigration clandestine dont l’issue est malheureusement souvent mortelle. »

L’Observateur Paalga

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