LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Sordébène : Un policier dans l’arène musicale

Publié le lundi 25 mai 2009 à 09h04min

PARTAGER :                          

Sordébène

Coup d’essai, coup de maître, pourrait-on dire. Pour sa première sortie discographique, Sordébène, de son vrai nom Sûtong-Noôma Réné Ouédraogo fait sensation. Celui qu’il convient d’appeler désormais l’assistant de police reggae man vient agrandir le champ musical burkinabè avec un album de six titres intitulé « Cohésion ».

Sordébène, de son vrai nom Sûtong-Noôma Ouédraogo Réné, un agent de la police nationale, vient de se lancer officiellement dans la musique. La dédicace de son opus a eu lieu le 21 mai dernier à l’Ecole nationale de police sise à Gounghin. A l’occasion, les hommes de rang n’ont pas marchandé leur présence. Ils étaient plusieurs centaines à prendre d’assaut la salle ayant servi de site de lancement officiel. La jeunesse était, comme il fallait si attendre la mieux représentée mais les aînés également étaient de la partie.

Policier musicien, lui aussi, l’artiste Zaksoba est venu soutenir son cadet. Mais, il n’y avait pas que les hommes de tenue. Une pléthore d’artistes, jeunes comme moins jeunes ont répondu à l’appel du nouveau venu dans l’arène musicale. Et c’est bien le cas de Salembéré Joseph dit Salembo qui a soulevé la foule lors de sa prestation.

Le nouvel album de Sordébène est intitulé « Cohésion ». Un titre qui serait inspiré des échauffourées intervenus entre les forces de défense et de sécurité et qui ont secoué le pays en décembre 2006. Une façon de dire plus jamais ça, car « nous poursuivons tous le même objectif : celui d’assurer la sécurité, la paix et la cohésion dans le pays », déclare celui qui a emprunté la voie du « rastafarisme ».

A travers cette œuvre discographique, ce jeune assistant de police aborde des thèmes aussi divers que variés. Tous visent à sensibiliser, renseigner, dénoncer et éduquer la population et en priorité la jeunesse burkinabè.

Le virus de la musique, Sordébène semble l’avoir contracté dès son jeune âge. A sept ans déjà, Réné Ouedraogo était passionnément amoureux du festival dodo. A l’âge adulte, il commence à interpréter les morceaux d’autres artistes en vogue à l’époque comme Campus ambiance ou MC Solar. Aujourd’hui reggae man en quête de confirmation, il s’est d’abord essayé à d’autres genres comme le zouglou ou encore le rap avant d’atterrir dans le reggae. L’amour pour le reggae est arrivé par le contact de son cousin Charlemagne, qui lui a enseigné les fondamentaux de ce genre musical. Aujourd’hui son rêve s’est réalisé. Mais le chemin menant à cette concrétisation a évidemment été long et parsemé d’embûches.

Né le 07 septembre 1977 à Ouagadougou, Sordébène est passé par bien des étapes. Partisan de l’égalité, de la justice et de la sauvegarde de l’honneur, Sordébène déteste tendre la main pour demander et être ridiculisé après. Ainsi entre 1996 et 1998, il fût obligé de faire le service de sécurité. Il exerce le métier de vigile pendant deux ans et deux mois pour gagner dignement sa vie et par conséquent préserver son indépendance. Il ne quittera plus jamais le service de sécurité, un métier qu’il adore. Car, en 1999, il est admis au concours d’entrée à l’école nationale de la police. Il exerce dans la Compagnie républicaine de sécurité pendant sept ans. Mais bien accroché à sa passion de musicien, Sordébène tape dans l’œil de sa hiérarchie qui voit utile de le soutenir. Il est ainsi affecté à la division des sports, des arts et de la culture de la police nationale. Il peut donc vivre pleinement sa passion et exercer son métier de garant de l’ordre. Deux activités qu’il trouve complémentaires. Il serait même un élément clé pour l’orchestre de la police qui sera bientôt ressuscité. C’est surtout à ce niveau que la hiérarchie l’attend le plus.

« Cohésion » est une auto production. Même si sa hiérarchie n’a contribué qu’à 13% de la réalisation de la maquette, elle a tout de même le mérite de n’avoir pas été un obstacle. Rigueur ne rimant pas avec enfermement.

Sûtong-Noôma Ouédraogo Réné n’est pas que musicien. Il est aussi un pratiquant d’arts martiaux comme le tae-kondo. En plus il est dessinateur et poète. C’est donc dire qu’il est un artiste complet. Il aime la musique, il y est entré, désormais par la grande porte, et ne compte pas en sortir de si tôt. Sordébène a donc accompli sa mission. Certes, dans la douleur mais l’essentiel est là. Il reste aux mélomanes de s’approprier cette œuvre d’art. Bon vent à ce jeune artiste et que son œuvre soit source de « cohésion nationale ».

Moussa DIALLO
Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique