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Dakiri Sawadogo (président du ROAJLN-OMD/BF) : "Ce n’est pas en nous confinant dans nos chambres que nous allons arriver à quelque chose"

Publié le mardi 2 septembre 2008 à 02h15min

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Le président du ROAJLNU-OMD/BF : "Il est temps que la jeunesse se lève et se dise que le plus important n’est pas le parti politique, ni le dirigeant, ni l’individu, c’est le pays".

A l’instar d’autres pays africains comme le Mali, le Cap-Vert, la Mauritanie, le Niger et le Sénégal, le Réseau ouest-africain des jeunes leaders des Nations-unies pour l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement du Burkina Faso (ROAJLN-OMD/BF) a été porté sur les fonts baptismaux, le 26 juillet 2008. Le réseau qui a le soutien du parrain national, François Compaoré est dirigé par Dakiri Sawadogo.

Avant de s’envoler pour Bamoko pour un plaidoyer en faveur des partenaires au développement, M. Sawadogo a accepté dévoiler les péripéties qui ont abouti à la naissance de ce réseau qui constitue un cadre de renforcement des capacités des associations de jeunesse en matière d’exécution et de suivi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

Sidwaya (S). : D’où est venue l’idée de créer le ROANJLN-OMD/BF ?

Dakiri Sawadogo (D.S.) : Le Réseau des jeunes leaders des Nations unies est créé dans une dynamique sous-régionale avec pour ambition d’accompagner les gouvernants et les partenaires au développement à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il est important de retenir que c’est le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui a engagé cette dynamique depuis 2004, lors d’une réunion à Dakar au Sénégal.

Au cours de cette rencontre, les jeunes avaient pris l’engagement de s’impliquer activement dans la réalisation des OMD. C’est ainsi que de retour dans nos différents pays, nous avons engagé des actions qui puissent contribuer à l’atteinte des OMD de façon individuelle et collective.
Au regard des actions que nous menons, le PNUD a jugé que ce sont des actions louables et qu’il était important que les jeunes puissent réellement jouer leurs rôles. C’est en cela que la dynamique a été poursuivie au Maroc avec l’accompagnement du roi Mohamed VI qui avait pris en charge le déplacement de tous les jeunes sur le Maroc pour qu’ensemble nous puissions discuter des questions des OMD et de l’implication des jeunes et de leur participation effective.

A l’issu de cette rencontre, nous avons mandaté plusieurs jeunes au niveau des différents pays à créer des réseaux pays et aussi au niveau régional. La dynamique avait permis depuis le Maroc, de créer ce qu’on appelle le Réseau mondial des jeunes leaders pour l’atteinte des OMD qui devait être entériné à New-York aux Etats-Unis. Nous avons poursuivi la rencontre en 2006 au siège des Nations unies où les jeunes ont eu l’occasion de se connecter avec les décideurs du monde. C’est en cela que de retour de New-York nous avons engagé la dynamique avec l’ensemble des pays de la sous-région et nous avons convenu de la création d’une structure qui puisse converger les points de vue.

A l’issue de toutes ces rencontres de travail et d’échanges par le net, nous avons commencé les rencontres de concertations notamment à Dakar et à Lomé. Et Ouagadougou a été désigné pour abriter la rencontre de planification, de rédaction des textes et du plan d’action sous-régional. C’est à l’issu de toute cela que nous avons mis en place le comité international de pilotage. Le Burkina Faso a été désigné en ma personne pour piloter ce comité en vue d’aller vers la tenue d’une rencontre sous-régionale. Mais avant cette rencontre, il était important que chaque pays se canalise et formalise son réseau.

S. : Quels sont les actions concrètes que vous avez menée pour relever ce défi ?

D. S. : Il faut dire qu’en tant qu’organisation civile, c’est d’abord engager une action sociale qui puisse permettre aux yeux des partenaires au développement de savoir que la société civile au Burkina Faso est engagée aux côtés des gouvernants pour le développement de ce pays. Ça permettra aussi aux dirigeants de notre pays de savoir qu’ils peuvent compter sur la jeunesse pour tout ce qui a trait au développement de ce pays.

Nous prévoyons à cet effet ce que nous allons appeler une procession qui va regrouper plus de 15 000 jeunes toute tendance confondue pour matérialiser de façon pratique, l’engagement de la jeunesse burkinabè à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement. Au-delà, il faut souligner que nous allons aussi par des projets concrets et pratiques faire des actions avec les associations de base, travailler à accompagner les associations dans le renforcement de leurs capacités, travailler à les orienter vers des partenaires potentiels, accompagner les associations dans la maîtrise de la conception et de la mise en œuvre des projets et de leur suivi, voici autant d’actions que nous allons mettre en place.

Nous allons aussi travailler à ce que les associations puissent accompagner les communautés de base dans les villages pour que la question de l’éducation ne soit pas seulement l’affaire du gouvernement mais aussi celle de la population à la base. Là où il y a une école, que les parents fassent en sorte que les enfants aillent à l’école.

Et les difficultés qui vont se présenter dans l’utilisation de cette école, que nous puissions orienter des projets spécifiques de sorte que d’ici 2015, à défaut d’atteindre l’objectif, que nous l’approchions considérablement. Nous allons toujours continuer dans le domaine de la santé, notamment dans la lutte contre le VIH/Sida, où des efforts énormes sont consentis à travers la réalisation de projets mis en œuvre par les associations.

Nous allons aussi dans le domaine de l’eau nous investir pleinement à faire en sorte que les fontaines qui sont mises en place dans les villages puissent être véritablement prises en charge par les populations de base parce que c’est d’abord leur propriété.
Nous allons aussi travailler à ce que l’environnement puisse être préservé. Tout cela va passer par la sensibilisation, par le renforcement des compétences et par l’accompagnement à la conception au montage des projets et par l’encadrement et la coordination de la mise en œuvre des programmes qui auront été financés.

Notre objectif est de faire en sorte que les jeunes qui sont dans des structures organisées puissent véritablement bénéficier d’appui technique et financier pour mettre en œuvre des projets viables et des projets qui puissent booster le développement du Burkina Faso.


S. : Vous avez parlé tantôt d’une procession qui va regrouper plus de 15 000 jeunes. Comment va-t-elle se dérouler concrètement ?

D. S. : Il faut dire que ce mouvement est une dynamique qui sera engagée avec les associations membres. Avant d’arriver à ce mouvement, nous allons faire un travail de base. Nous allons tenir des causeries dans les quartiers, dans les grins de thé, dans les lycées et collèges. Nous allons tenir des activités d’informations de masse auprès des jeunes. Nous allons mandater des jeunes dans les différents quartiers et secteurs comme ambassadeurs de bonne volonté des OMD dans leur zone de compétence. De sorte à ce que partout où on se trouve au Burkina Faso que quand on parle de question d’OMD que chacun se sente concerné et s’implique.

C’est après que chacun ait pris connaissance véritablement de tout ce qui concourt positivement aux questions des OMD, que nous allons de façon progressive organiser les gens dans 2 ou 3 mois à ce que nous puissions engager un vaste mouvement social avec un message commun. Pour que ce message que nous allons remettre aux partenaires au développement et aux dirigeants de ce pays puisse être l’engagement manifeste des jeunes, mais aussi qu’il puisse refléter les besoins réels des jeunes à la base.

Des besoins qui une fois comblés, peuvent permettre que le Burkina soit un pays quand bien même nous sommes pauvres, un pays où chacun vivra mieux et décemment.

S. : Qui peut adhérer au réseau ?

D. S. : Il suffit d’être une association qui existe depuis 2 ans, qui a des actions sur le terrain, qui initie un minimum de projet en direction des populations des couches les plus défavorisées, qui a des rapports d’activités et qui a des membres vérifiables.
Quand une Association doit adhérer, nous allons la suivre pendant un bout de temps. Nous allons assister à 2 ou 3 de ses réunions pour voir qui participe aux réunions, qui sont les membres de l’association.

S. : Ne craignez-vous pas qu’à la longue la politique copte votre réseau ?

D. S. : Non. Tout ce que nous faisons, c’est dans le sens du développement de ce pays. La construction du pays incombe au politique, incombe aux communautaires. C’est un tout. Que ce soit la politique ou pas, quand on ouvre la bouche pour parler de question de développement, quand on ouvre la bouche pour se plaindre de quelque chose, cela veut dire qu’on est soucieux du devenir de son pays. Alors, autant accompagner ceux que nous avons choisi, ceux qui sont au devant de ce pays pour que nos besoins soient satisfaits parce que ce n’est pas en nous confinant dans nos chambres que nous allons arriver à quelque chose, c’est en accompagnant. Quand on accompagne, on peut dire là où ça ne va pas. Nous allons travailler sans arrière-pensée. D’ailleurs en parlant de politique, nous ne voyons pas les hommes en tant que politique.

Nous voyons les hommes en tant que apport. En tant que apport déjà, nous avons identifié une personnalité qui est conseiller du Président du Faso, qui a une capacité parce que nous l’estimons, qui est économiste. Nous avons estimé en tant que jeunes qu’il était important d’approcher cette personne. Nous l’avons approché et il a été très réceptif à nos actions et son accompagnement nous apporte beaucoup aujourd’hui. Quand vous partez vers quelqu’un, les conseils qu’il vous prodiguent sont déjà très importants.

Nous avons été marqués par notre premier contact avec notre parrain qui est François Compaoré. Lorsqu’il nous a dit, "Je vous accompagne. Pour moi le plus important n’est pas que vous réussissiez forcement tout ce que vous dites mais que vous ayez la conviction et meniez des actions véritables dans le sens du développement du pays. Tant que vous serez dans cette dynamique je vous accompagnerai". Vous voyez que tous au Burkina, si nous avons un souci quelconque, à quelque niveau que ce soit, il faut que nous arrêtions d’étiqueter des gens. Ça ne pourra jamais apporter une valeur ajoutée à notre pays.

Aujourd’hui, les Etats-Unis dans le cadre du Millenium Challenge Account accompagne le Burkina. C’est pour que notre pays puisse tenir ses promesses dans le cadre des OMD. Les Etats-Unis aussi en soutenant le Burkina ont le souci de l’accompagner dans la réalisation des OMD. Il y a beaucoup d’autres pays qui le feraient. Si nous mêmes burkinabè ne soutenons pas cette dynamique, comment allons-nous dire demain que ce pays n’a pas été construit.

Parce que nous serons tous responsables. Il est temps que la jeunesse se lève et se dise que le plus important n’est pas le parti politique, ni le dirigeant, ni l’individu, c’est le pays. Tant que nous pouvons poser une pierre quelque part pour que le pays avance, que nous nous levions et que nous la posions.

Entretien réalisé par
Yves OUEDRAOGO

Sidwaya

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