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Mohamed Doumi : “Il n’y a pas de dimanche pour qui recherche la paix”

Publié le mardi 8 juillet 2008 à 12h28min

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Il est un parfait exemple d’intégration. Arrivé au Burkina Faso en 1994, Mohamed Doumi faisait partie de la fournée de présumés islamistes de Folembray expulsée par la France avec pour point de chute le Burkina. Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous le ponts et il se sent dans sa nouvelle terre d’adoption comme un poisson dans l’eau.

La preuve, il a demandé et obtenu la nationalité burkinabé et s’est marié à une Burkinabè, une Samo, tient-il à préciser, qui lui a donné deux jumeaux. En novembre 2007, notre compatriote Doumi a été nommé ambassadeur de la paix mondiale par la Fédération pour la paix universelle, une ONG à statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies. Nous l’avons rencontré dans son café-restaurant, contigu au ministère de l’Environnement et du Cadre de vie et en face du mur de l’hôtel Azalaï Indépendance, pour découvrir encore plus l’homme et surtout en savoir davantage sur la nouvelle mission qui lui a été confiée.

Pendant les rassemblements publics, notamment politiques, votre présence ne passe presque jamais inaperçue, puisque, vous n’hésitez jamais à faire de la harangue.

• Oui en effet. C’est aussi une manière de mettre mon petit grain de sel dans ces manifestations. En tant qu’ambassadeur de la paix, je me dois aussi de soutenir l’action du gouvernement du Burkina Faso, ma terre d’adoption. Et qui dit gouvernement dit aussi peuple. Si on soutient ce peuple-là, on se doit aussi de soutenir son chef, le président du Faso, qui fait beaucoup pour son pays et pour l’Afrique. C’est un homme honorable et respecté partout pour son engagement en faveur de la paix et pour le développement du Burkina.

Nous n’assistons pas là à une véritable séance d’idolâtrie ?

• Non ! Pas du tout ! C’est un constat général !

Venons-en à votre nouvelle mission d’ambassadeur de la paix. Le concept « paix » est-il votre nouveau violon d’Ingres ou êtes-vous, comme Astérix dans le chaudron magique, tombé dedans depuis que vous étiez petit ?

• Depuis plusieurs années, j’œuvre dans ce domaine. Je pourrais même vous dire que la recherche de la paix se trouve dans mes gènes. Il m’est arrivé plusieurs fois de réconcilier des familles ou des couples en crise. Vous savez, la culture de la paix, ça commence d’abord dans sa maison, ensuite dans la famille, chez son voisin, dans le quartier, dans la ville où tu habites et dans le pays où tu résides. La paix, c’est la plus grande merveille de Dieu.

Parlez-nous de votre intronisation, si vous nous permettez cette expression, et des missions qui vous sont assignées.

• C’est en novembre 2007 que j’ai été intronisé ; à cet endroit même. Ma mission, c’est d’ajouter ma goutte d’eau dans l’océan de ceux qui font la promotion de la paix. Dans le cadre de mes activités donc, sur invitation de l’Association Buud nooma et en présence de l’ambassadeur de France au Burkina, nous avons procédé, le 24 juin 2008, à la pose de la première pierre de la maison de la Paix dans un village qui s’appelle Birou et qui se trouve dans la province du Bam.

C’est une grande première et il y en aura d’autres dans les autres provinces. Cette structure sera confiée aux autorités administratives, coutumières et religieuses de chaque province et servira de cadre pour la réconciliation de groupes et d’individus en conflit. Je prêche à des convertis mais je vous ferais remarquer que lorsqu’il n’y a pas de paix, c’est le pauvre qui souffre le plus. Le riche, lui, prend son sac et il est vite parti parce qu’il a les moyens. Et vous savez bien que nous, les pauvres, nous sommes les plus nombreux (rires).

A propos de paix justement, il y en a qui ont vu d’un mauvais œil le voyage du chef de l’Etat en Israël. D’autres, par contre, font remarquer que le président du Faso était dans son rôle en s’y rendant. Quelle est votre analyse sur la question ?

• Je pense que les gens n’ont pas la bonne vision de ce périple. Il a fait cette tournée pour soutenir le plan de paix du quartet. Le plus important dans ce voyage est qu’il n’est pas parti là-bas de lui-même. Il l’a fait sous la bénédiction de ses pairs de l’Union Africaine. Il faut, au contraire, louer cette initiative de recherche de la paix dans la zone du Moyen-Orient.

Avez-vous un appel à lancer à ceux qui, comme vous, font la promotion de la paix ?

• J’exhorte tout le monde à s’y impliquer réellement. Il n’y a pas de dimanche ni de jour férié pour qui la recherche. Sans elle, on ne peut pas bien vivre. Toutes les structures doivent s’y mettre : ceux qui sont au pouvoir, ceux de l’opposition, les membres de la société civile, les syndicat, le citoyen lambda…

Bref, tout le monde doit se sentir concerné. Je voudrais aussi demander à tout un chacun d’apprendre à mettre un peu d’eau dans son vin. Dans la vie, rien n’est totalement blanc ou totalement noir. D’ailleurs, même dans le blanc le plus immaculé, il y a toujours du noir. J’invite également les associations qui ont une existence légale et disposant d’un solide programme de développement de leur village ou commune à venir me voir. Nous verrons ensemble dans quelles mesures nous pourrons les orienter dans leurs démarches pour obtenir un soutien.

Entretien réalisé par Issa K. Barry

L’Observateur

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