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Burkinabè déplacés du camp de Nicla en Côte d’Ivoire : ces oubliés des accords de Ouagadougou

Publié le vendredi 7 mars 2008 à 11h28min

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Les conflits fonciers commencés en 1999 un peu partout en Côte d’Ivoire et exacerbés par la crise militaro-politique du 19 septembre 2002, on le sait, n’avaient pas épargné la région du Moyen Cavally. En dépit des nombreuses tentatives de conciliation, le conflit de cohabitation entre les autochtones wê et les planteurs burkinabè n’a pas encore connu un dénouement heureux et définitif.

Toujours confinés dans le camp de Nicla, à quelques encablures du département de Guiglo, dans l’ouest du pays, ces Burkinabè que l’on désigne sous le vocable des déplacés internes s’impatientent pour leur retour dans leurs plantations dans les campements d’où ils avaient été chassés à l’avènement de la rébellion. Un sentiment légitime d’autant plus que la Côte d’Ivoire est entrée de plain-pied dans une phase de normalisation suite à l’accord de Ouagadougou signé le 4 mars 2007.

Un an après, bien que l’exécution de la feuille de route de cet accord accuse un réel retard, on note de grandes avancées. C’est que l’administration s’est redéployée, le regroupement des forces militaires ex-belligérantes est terminé, le désarmement progressif en cours depuis le 22 décembre dernier, et la libre circulation des personnes et des biens du nord au sud est désormais une réalité.

Mieux la commission électorale indépendante s’active pour l’organisation des élections en juin prochain selon un calendrier provisoire. Tout le monde parle donc de paix et s’accorde à reconnaître les avancées que les accords de Ouagadougou ont, comme par baguette magique, imprimées dans le quotidien des Ivoiriens.

Y a-t-il meilleure preuve de la volonté du peuple ivoirien à faire la paix que les récentes visites du chef de l’Etat Laurent Gbagbo dans les fiefs (Bouaké, Korhogo, Ferkéssédougou etc.) de l’ex rébellion en novembre dernier. Tout le monde semble profiter des accords de Ouagadougou, sauf les burkinabé du camp de Nicla.« Voici six ans que nous sommes ici. Certains parmi nous ces dernières années ont pu regagner leurs campements après des interventions des autorités. Mais notre situation reste encore préoccupante parce que nous venons de Toulépleu et là bas les villageois ne semblent pas encore disposés à nous revoir dans nos plantations. », a confié à Lefaso.net, M.Sawadogo Souleymane, responsable des déplacés dudit camp.

En vérité, il se pose un problème de sécurité pour le retour de ces « réfugiés » vivant sous la responsabilité du H.C.R et de l’OIM. Pourtant depuis 2006, des négociations entreprises conjointement par le ministre de la réconciliation nationale, M.Sébastien Dano Djédjé et l’Ambassadeur du Burkina en Côte d’Ivoire, son Excellence Emile Ilboudo, ont permis la résolution de pas mal de conflits de cohabitation à travers le pays et le retour de planteurs burkinabé dans leurs champs sans heurt. Pourquoi le retour de ceux du camp de Nicla coince alors que les autorités n’ont de cesse de leur faire des promesses ?

En tout état de cause, ces Burkinabé refusent d’être les orphelins des accords de Ouagadougou. Ils appellent donc de tout leur voeux le représentant du facilitateur M.Boureima Badini à se pencher sur leur sort. Afin qu’ils puissent regagner leurs plantations et se remettre au travail.

Faut-il le rappeler, depuis les six ans que ces Burkinabé vivent sous les tentes du HCR , en dehors des vivres que leur procure cet organisme international, ils sont obligés de recourir à des petits boulots dans la ville juste pour se faire un peu d’argent de poche. Mais cette débroullardise ne saurait se substituer à leur métier de planteurs.

Alexandre Lebel Ilboudo
Lefaso.net
Correspondant Côte d’Ivoire

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