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Communauté burkinabé en Côte d’Ivoire : Fierté retrouvée, mais ...

Publié le mercredi 19 septembre 2007 à 08h14min

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Amadou Gougna, représentant des Burkinabè de Côte d’Ivoire

Après la signature de l’accord politique de Ouagadougou le 04 mars dernier, la communauté burkinabé résident en Côte d’Ivoire, est l’une des plus respectées. Un respect légitime qui entraîne une fierté tout aussi légitime.

Ce qui pour autant n’empêche pas de faire l’impasse sur les problème existentiels de cette communauté au bord de la lagune ébrié, problèmes parmi lesquels, l’inorganisation, le racket qui se généralise, l’acquisition de documents administratifs ne sont pas des moindres "Immersion" dans une communauté forte d’un peu plus de 3 millions d’âmes et dont l’un des souhait est de peser sur la vie politique du Faso.

Kima Emile le président du comité de soutien au président Blaise Compaoré, en Côte d’Ivoire "quand le burkinabé marche en Côte d’Ivoire depuis lors, il est fier, il est content" déclare-t-il, avant d’ajouter que trois ans plus tôt, "il n’en était pas ainsi". Même la carte d’identité était "un délit" ce qui entraînait "nombre de problèmes". Or, souligne-t-il " les burkinabè font 80% de l’économie ivoirienne" (sic), cette situation n’aurait jamais dû arriver. "La Côte d’ivoire et le Burkina-Faso sont appelés à vivre ensemble", car, "aucun burkinabè n’a intérêt que la côte d’Ivoire brûle" termine-t-il en insistant sur la nécessité de "mieux organiser" les burkinabè de Côte d’Ivoire pour en faire une force.

L’inorganisation de la communauté burkinabè semble être la " plaie d’Israël" de celle-ci, à en croire les témoignages que nous avons accueillis, qu’ils soient officiels ou provenant de milieux "profanes". C’est ainsi que si le consul général du Burkina-Faso en Côte d’Ivoire, Balma Ambroise note que "la communauté burkinabè a été rehaussée du point de vue de l’image depuis le 04 mars 2007 ", il s’empresse d’ajouter que du fait de "leur modestie et de leur analphabétisme" et surtout en raison de leur inorganisation, ses compatriotes sont en butte à diverses difficultés.

Le problème du foncier rural qui a pris naissance dans les conflits de Tabou I et II, Agboville, Alépé, Sikensi......, se pose avec acuité surtout dans l’ouest du pays où les problèmes de gestion de terre entraînent des frictions. "Le changement de mentalités prendra du temps" note le diplomate, qui indique que des tournées seront bientôt organisées pour toucher du doigt la réalité . De même, des réflexions seront menées sur le rôle et la place de la diaspora burkinabè dans l’édification de l’économie nationale. Pour résoudre l’épineuse question de l’organisation, il est prévu l’installation de délégués consulaires à Bouaké et Abidjan, avec des représentants dans les dix communes d’Abidjan.

Un conseil des notables burkinabé a été mis sur pied et se réunit le premier mercredi de chaque mois. Même son de cliche, chez son patron, Emile Ilboudo, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso en Côte d’Ivoire.

"La situation foncière à l’Ouest est préoccupante" , nous a déclaré son Excellence lors de l’entrevue que nous avons eue avec lui. "C’est là qu’il y a les milices les mieux organisées", nous a-t-il indiqué. Conséquence, les Burkinabé déplacés du fait de la guerre ne peuvent jusqu’à présent pas retrouver leurs terres, où retrouvent celles-ci occupées par d’autres personnes. C’est dire que la réflexion devra être menée à un "très haut niveau" pour vite circonscrire le mal. "L’essentiel des problèmes, c’est à Soubré" note-t-il, avant de se lamenter sur le fait que "les Burkinabè ne déclarent pas les naissances, ce qui crée beaucoup de problèmes".
Du fait du mélange des cultures, il se pose aussi souvent des problèmes de double nationalité.

Debout malgré tout !

C’est ainsi que les dédommagements suite sans au scandale du Probo Koala ne son pas allés sans mal, même si l’essentiel des victimes burkinabè sont rentrées dans leurs droits. "Il faut cultiver la solidarité", insiste à bon droit son Excellence qui ne perd pas pour autant son optimisme, surtout que le "fluide" est rétabli ente les deux pays.

Un optimisme qui est loin d’être béat, car sur le terrain, "ses administrés" s’activent pour lui faciliter la tâche. C’est ainsi que le Conseil national des Burkinabè en Côte d’Ivoire (CNBCI), présidé par El hadji Amadou Gougna a vu le jour. Avec pour objet principal, dira son président, de "promouvoir l’organisation associative des Burkinabé sur la base des familles provinciales et d’entretenir et préserver la spéficité culturelle burkinabè. En Côte d’Ivoire.

Aussi, le conseil veut promouvoir et entretenir l’esprit de collaboration, d’entraide et de solidarité entre les différentes familles burkinabé et initier des actions d’information et de sensibilisation sur les droits et devoirs des Burkinabé résidant en Côte d’Ivoire. Il veut "encourager" les actes et les comportements qui favorisent l’intégration dans la société ivoirienne et créer des structures modernes d’entraide des personnes et des biens.

Avec des comités d’animation qui réfléchissent, informent et conduisent ses actions, le CNBCI entend aller au-delà de la figuration pour être une force de propositions et d’actions.

Autre structure (partisane cette fois) qui œuvre à l’organisation des Burkinabè, la section CDP dont le secrétaire général El hadji Konfé Rasmané est une personnalité très écoutée au niveau de la communauté.
Pour cette section, l’action du Président du Faso en faveur de la Côte d’Ivoire a permis une sorte de "libération" et un "repositionnement du Burkinabè.
"Le burkinabé pourra mieux projeter sa vie dans ce pays d’accueil", car nous avons maintenant "la paix et la considération en Côte d’Ivoire. Pour autant le vote des Burkinabè résidant en Côte d’Ivoire les préoccupe". Et, ils aimeraient que ce vote, devienne effectif dès les prochaines échéances électorales.

A côté de ses "aînés", disons ces anciens, une jeunesse dynamique se bat au mieux pour son bien-être et surtout pour une image respectée du Burkina sur les bords de la lagune Ebrié. Une jeunesse qui, au-delà des questions existentielles (le chômage, vie dure) se bat, et reste à l’écoute de tout ce qui touche le Burkina. Au nombre de ce qui peut faire sa fierté, le Onze national dont chaque défaite est perçue comme une "honte", parce que les amis ivoiriens se moquent de nous. Voici pourquoi cette jeunesse qui arbore avec une fierté et dignité la couleur nationale demande plus d’égard pour tout ce qui touche le Burkina.

Ainsi va la vie de nos compatriotes de la Côte d’Ivoire entre joie, fierté et frustrations diverses, mais avec la certitude chevillée au corps que demain est un autre jour qu’ils espèrent "meilleur".

Boubacar SY
Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya

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