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Burkina/Justice : "Je n’ai rien fait, je n’ai fait que communiquer", Adama Siguiré au procureur

Publié le lundi 4 mars 2024 à 22h14min

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Burkina/Justice :

Poursuivant leurs questions pour la manifestation de la vérité, les conseils de la partie civile que sont Me Ambroise Farama et Me Somé ont insisté pour que le prévenu dise le montant que la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B) a reçu. S’en suivra le parquet qui, lui aussi est revenu sur les mêmes éléments car, estimant n’avoir pas été satisfait des réponses du prévenu.

"Qui a reçu l’argent, combien a été reçu et où ?" Voilà la question qu’a adressé Me Ambroise Farama au prévenu. "Je ne sais pas combien a été reçu. Qui a reçu l’argent et où ? Certainement les membres de la CGT-B. Moussa Diallo en tout cas a reçu de l’argent, sur la route de Koubri, et il n’a pas contesté." a-t-il répondu.

Lire aussi : Procès Adama Siguiré vs CGT-B : Me Solange et le procureur se crient dessus, le Tribunal suspend l’audience

"Quand vous parlez de l’impérialisme, est-ce une personne physique ou bien c’est à titre impersonnel ?" a poursuivi l’avocat. "C’est à titre impersonnel" répondra le prévenu. "Maintenant, est-ce-qu’une personne impersonnelle peut transporter de l’argent sur la route de Koubri ? "Je ne sais pas. Je n’étais pas là-bas" a rétorqué Adama Siguiré avant que la salle n’éclate de rire.

Une vue des personnes présentes en ce jour pour suivre le procès

Me Somé relèvera que dans ses déclarations, le prévenu a lâché que Ibrahim Maïga était présent au moment où Moussa Diallo recevait la cagnotte. "Est-ce-que lui aussi a reçu l’argent ?" a questionné Me Somé. "Non, Maïga c’est un vrai patriote ! Il ne peut pas se retourner contre son pays ! "Mais s’il était là-bas, comment savez-vous qu’il n’a pas pris l’argent" a poursuivi Me Somé. "Ça je ne sais pas, il faudrait le lui demander" a répondu le prévenu.

Pour le ministère public, le prévenu a manqué de retenue, surtout dans ce contexte d’insécurité sur lequel il se base pour bâtir son raisonnement. "La situation du pays nous interpelle tous. Et vu que vous êtes écrivain, ce que vous écrivez est lu et ce que vous dites est non seulement entendu mais aussi, écouté. Vous dites que vous faites des déclarations fondées sur la logique et la déduction. Vos avocats vous l’ont sûrement dit, on est en matière pénale. La déduction que vous faites peut se faire partout. Mais ici, le droit pénal est d’interprétation stricte. Comment vous pouvez dire que vous ne reconnaissez pas les faits, mais en même temps, vous reconnaissez les écrits qui ont été publiés. En disant que quelqu’un est athée, dénué de morale et d’honnêteté, vos déclarations sont graves et injurieux" a laissé entendre le procureur.

"Le prévenu n’a pas pu apporter une once de preuve" Me Prosper Farama

En réponse à cela, Adama Siguiré conclura que : "je n’ai fait ni allégation, ni déclaration, ni imputation. Je suis parti d’un raisonnement cartésien, sur la logique. Et avec tout le respect que je vous dois, je n’ai rien fait, je n’ai fait que communiquer. J’ai communiqué dans un État en guerre parce que la CGT-B a communiqué pour la guerre. Sinon, je n’ai rien contre la CGT-B... Moi je suis écrivain depuis douze ans. J’ai écrit dix livres et chaque fois je publie. La CGT-B a décidé d’attaquer Adama Siguiré. Mais ça aurait été dans un autre pays en guerre, la CGT-B aurait subi pire que les menaces qu’elle a subies. Moi Adama Amadé Siguiré, pour mon pays, pour le Burkina Faso, je suis prêt à communiquer pour défendre mon pays.

Lire aussi : Burkina /Justice : Comme preuves de ses accusations contre la CGTB, Adama Siguiré invoque la logique de ses déductions

Pourquoi Moussa Diallo ne comparaît pas ?

Après que chacune des parties a posé des questions au prévenu sur les différentes zones d’ombre que peuvent contenir cette affaire, les conseils du prévenu ont souligné qu’ils n’avaient aucune question à lui adresser. Ce qu’ils veulent, c’est que Moussa Diallo, lui aussi cité comme victime dans le cadre de ce procès, comparaisse pour répondre à leurs questions. A ce sujet, Me Prosper Farama s’est voulu clair : "si le droit nous avait dit que nous avons l’obligation de faire comparaître le plaignant, on l’aurait fait. Mais la loi nous dit qu’il peut se faire représenter. Du coup, il n’y a pas de problème à ce sujet."

"Ce que le prévenu disait venait du fond de lui. Ce n’est pas un procès sur sa personnalité, mais sur des faits" Me Ahmed Mamane

Pour le défendeur, il ne peut que prendre acte de cette décision de ne pas faire comparaître la victime. Toutefois, pour la manifestation de la vérité, ils auraient pu demander à ce que Moussa Diallo se présente pour que le tribunal puisse apprécier sereinement les choses. "La suite, ce sont les plaidoiries. Et nous, nous ne pensons même pas que le Tribunal en se retirant pour délibérer, va tenir compte du fond, parce que nous avons adressé des questions procédurales, suffisamment pertinentes. Raison pour laquelle nous avons précisé que tous ces préalables n’avaient aucunement vocation à faire du dilatoire" a laissé entendre Me Ahmed Mamane.

Après une journée de contradiction et pleine de rebondissements surtout pour ce qui est des éléments de forme, les débats ont été clos par le tribunal. La prochaine audience pour cette affaire est fixée au 26 mars 2024. Les avocats devraient donc être prêts pour leurs plaidoiries.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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