LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

Publié le mercredi 7 février 2024 à 22h11min

PARTAGER :                          
Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

Au moment où les Eléphants de Côte d’Ivoire s’apprêtent à affronter les Léopards de la République démocratique du Congo (RDC) en demi-finale, il est intéressant de replonger dans l’histoire d’un autre éléphant : Boukary Koutou, 32e roi de Wogdogo (royaume de Ouagadougou).

Mogho Naaba Wobgo dit Boukary Koutou, né en 1805 et mort en 1904, était un roi dont les faits d’armes et les relations avec le colon n’ont pas été un long fleuve tranquille. Opposé à la désignation de son frère Sanem comme Mogho Naaba, il s’exile à Ouagadougou où il commence à effectuer des raids au Gourounsi et au Kipari avant d’être intronisé définitivement comme roi du Mogho en 1889.

C’était un homme à la carrure imposante à la fois très rusé et ferme, qui tenait beaucoup à son royaume et qui le gardait comme son bien le plus précieux. Un homme avec lequel l’explorateur Binger finit par se lier d’amitié. Celui-ci était séduit par les prouesses de "l’éléphant" dont il disait qu’il était un bel homme et que sa physionomie dénotait l’intelligence.

A l’arrivée des colons Voulet et Chanoine en 1896, Boukary Koutou ne voulait céder aucune parcelle de son territoire et opposa une résistance farouche aux blancs, avant de décider de faire un "repli tactique" pour Gambaaga (dans l’actuel Ghana) d’où il entendait se préparer pour reconquérir son royaume. Il s’est lié d’amitié avec les Anglais, notamment Fergusson, pour reprendre son pouvoir, il sera déçu à la dernière minute et ne pourra plus aller conquérir son royaume car les troupes françaises venaient de conclure un accord qui plaçait Wogdogo sous protectorat français.

Si certains disent qu’il a été dissuadé par ses grands-pères du Gambaaga de repartir à la reconquête de son royaume, d’autres disent qu’il n’a pas bénéficié du soutien de son ami anglais et que celui-ci l’a abandonné en plein vol. Mais ce qu’il faut noter également, c’est que Koutou a tenté, à trois reprises au moins et sous diverses combinaisons stratégiques, de reprendre Wogdogo.

Tout compte fait, l’histoire de Boukary Koutou est une leçon de résistance et de courage qui inspire plus d’un et mérite une attention.

Sa résistance farouche au colon n’étonne pas car Koutou avait un nom de guerre qui avait tout son sens : « Kim sé lagam koobgha kõ Bugs Wobgo ». C’est-à-dire cent fantômes réunis n’effrayent pas l’éléphant : un éléphant imbattable.

Bertrand Wendkouni Ouédraogo

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 7 février à 16:22, par TANGA En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Vous avez dit : ’’Opposé à la nomination de son frère SANEM comme Mogho Naaba...’’
    D’où avez vous eu connaissance de ce nom SANEM ? Ce frère dont vous parlez, pourquoi il y avait ’’rivalité’’ entre eux ?
    Il faut tout raconter et bien pour vous faire comprendre.

    Répondre à ce message

  • Le 7 février à 17:39, par Bonus En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Tres belle histoire. J’aurai souhaité que son corps soit rappatrié au pays(WOGODOGO) selon les us et coutumes. Il a compté sur les grands parents qui ont refusé de l’aider a reconquerir son royaume. La désunion entre les noirs est source de nos problemes jusqu a ce jour. Je ne suis pas surpris qu’il soit trahi par l’anglais, car s’agissant de se partager l’afrique, les blancs savent se liguer d’une facon ou d’une autre. L’histoire de l’afrique doit etre beaucoup enseigné dans nos écoles au primaire et au secondaire.

    Répondre à ce message

  • Le 7 février à 20:30, par Article 37 En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Merci pour ce rappel historique.
    Il a incarné la résistance, même s’il n’a pas été suivi.
    Burkin halalé.

    Répondre à ce message

    • Le 8 février à 12:28, par Causa nostra En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

      L Histoire de grand père (arrière grand père) qui a toujours milité pour son royaume.homme droit,respectueux des valeurs comme la loyauté, l’honnêteté,le sens de l honneur,la défense du plus faible etc....mal compris de certains de ses frères qui ont aidé à le combattre à faire de sa descendance des moins que rien.Nous pensons qu un jour il sera reconnu comme héro. De même son rival naaba Kourou qui a refusé de le succédé et qui fut fusillé et enterré au Camp Guillaume.et condamné à 100ans de prison. Notre nation a tant souffert

      Répondre à ce message

  • Le 8 février à 12:35, par Mechtilde Guirma En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Tout d’abord ce portrait est celui de Naaba Saaga grand-père de celui qui occupe le trône de nos jours (j’ai nommé Naaba Baongho) et non celui de Naaba Wobgo.
    ensuite que de contre vérités je lis là qui glorifier un roi sanguinaire au bec de lièvre et homosexuel par dessus le marché selon la description du Capitaine Binger l’un des explorateurs, après le tout premier qui fut lui, un ethnologue allemand du nom de Léo Frobenius, et qui séjourna au Yatenga dans le précolonial et étudia minutieusement les us et coutumes et les traditions des Mossé.
    En effet d’après ma mère, le pays fut à feu et à sang par Boukary-Koutou dit Naaba Wobgo après son coup d’État contre l’Héritier présomptif en cour d’élection. Il se proclama donc sous le nom de Naaba Wobgo : Kiimmiid lagm Koab kon bugs wobgo (cent fantômes de mort rouge : exécutés ou de mort violente ne sauraient effrayer un éléphant (c’était l’annonce déjà de futures exécutions en filigrane). Naaba Wobgo était détesté à cause de sa physionomie qui faisait peur, de sa cruauté qui avait remplacé des roturiers sur les trônes de certaines royautés ou principautés, et en sus il était permanemment en guerres avec d’autres (telles que celles avec le Lallé-Naaba de Koudougou). Sa capture et sa mort étaient donc un soulagement pour le pays des Mossé qu’il écumait. Ces royaumes de l’espace moagha étaient autrefois soudés et solidaires à l’image du Deutschtum allemand. C’était comme une sorte de nationalité moagha à la fraternité et solidarité agissantes, avec une hospitalité légendaire. Surtout envers d’autres tribus ou ethnies qui, fuyant devant la traite esclavagiste, trouvaient protection et assimilation auprès des rois mossé. Parfois même, ceux-ci leur donnaient leurs propres noms de famille. Surtout quand les leurs présentaient des ambiguïtés lexicales qui pourraient menacé leur sécurité, la paix ou la cohésion en semant des troubles sociaux. Malheureusement tout cela fut fini, avec l’accession de Naaba Wobgo au pouvoir, et qui se poursuivit avec l’avènement de la période coloniale.
    D’ailleurs avec ses défauts physiques et moraux, il n’était même pas en odeur de sainteté pour oser se faire pressentir à la couronne et au trône royaux.

    Répondre à ce message

  • Le 8 février à 14:29, par Bonus En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    @Mechtilde Guirma
    Quel que soit le caractere belliqueux de Naaba Wobgo, il doit etre respecte a partir du moment ou il a resiste face au colon blanc.

    Répondre à ce message

  • Le 8 février à 15:11, par Fabien KOALA En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Il me semble qu’il y a un problème avec les dates dans votre récit. Si Naaba WOBGO est né en 1805 comment peut-on expliquer qu’en 1896, soit un peu plus de 90 ans après sa naissance, soit-il toujours aussi fort et vigoureux pour opposer de la résistance farouche aux blancs et nourrir l’espoir de reconquérir Wogdogo ??? Si tel est le cas c’est qu’il aura aussi défier le temps !!!

    Répondre à ce message

  • Le 9 février à 01:42, par Mechtilde Guirma En réponse à : Mogho Naaba Wobgo : L’éléphant qui n’avait pas peur des fantômes

    Vous ignorez complètement l’histoire de notre pays. Ce que vous dites ne veut rien dire et vous confondez tout. Et pourquoi Naaba Wobgo s’est laissé berné et lié à eux d’abord pour reconquérir le trône en combattant ses propres frères et en les tuant, avant de se rendre compte qu’il était dans un guet-à pens ? Ne dit-on pas dans nos proverbes africains que la parole de la famille c’est la famille qui l’écoute. N’aurait-il pas dû faire la paix d’abord avec les siens à présent qu’il avait le pouvoir et montrer des signes d’avenantes et de bonne volonté de construire plutôt que de poursuivre la destruction. Et toutes les exactions commises à des nombreux royaumes et principautés qui n’avaient rien à voir avec son histoire, et qui tout au contraire le laissaient faire et le ménageaient malgré son arrogance et sa férocité ? Car lui il n’obtempérait pas par pure jalousie et méchanceté pour montrer qu’il était puissant. Avez-vous seulement lu l’histoire écrite par Joseph Ki-Zerbo, mieux par des érudits locaux tels que le Larllé-Naaba Anbga, ou par Dim-Delobsom ? Je n’ajoute pas Maître Pacéré mon petit frère parce que nous disposons des mêmes sources à savoir ceux ci-dessus citées. Et mieux je l’ai amené dans le village de mon père où mon arrière grand’père, c’est à dire le père de mon père : Naaba Boulga Ier (celui d’aujourd’hui est Naaba Boulga II) alors roi de Guirgo qui a régné et où régnait encore Naaba Koanga mon cousin. Comme il était écrivain attitré, j’ai voulu qu’il s’approprie du récit de l’histoire de Guirgo avec Naaba Wobgo pendant le règne de Naaba Boulga Ier car tous les royaumes mossé la connaissaient. Et puis ma mère et mes tantes n’ont cessé de me la raconter depuis ma tendre enfance jusqu’à adolescence au collège et lycée, où les mouvements sociaux de l’Église catholiques (AV-CV, SCOUT-GUIDE, enfin JEC,) nous ont plus préoccupés. Mais c’était de bonne guerre car, ce fut dans ces mouvements, que l’Église catholique de la Haute-Volta (voire l’Église d’Afrique) sous la houlette du Cardianl Paul Zoungrana nous avons mené la reflexion sur les questions culturelles et l’identité de l’Afrique désormais post-l’indépendance et prospecter son avenir vers l’an 2000 en préparation du Concile Vatican II, après l’Aggiornamento du Pape Jean XXIII. La question de l’inculturation et du dialogue interreligieux et culturel spécifique à l’Afrique dans la recherche d’une vraie indépendance et démocratie n’a pas été occultée et même a secoué le monde et surtout l’Occident. Votre réveil douloureux et ne voulant plus rien entendre des anciens, la rage vous aveugle et vous font frapper à l’aveuglette surtout l’occident votre bouc émissaire avec ceux africains anciens que vous appelez « Valets locaux ». Et pourtant ce que vous ne savez pas, c’est que à l’époque de Boukar-Koutou, autant il maudissait les siens sans discernement, autant ceux d’en face vos colons ou colonisateurs avaient aussi leur frères parmi eux qui se battaient également contre eux pour vous. Combien de fois Monseigneur Joany Thevenoud a tapé sur la table à la Société des Nations à Genève pour réclamer la dignité des Africains, la reconnaissance de leurs droits culturels et l’indépendance ? Votre interaction confuse dans les deux camps par votre ignorance et votre refus d’écouter peut s’avérer à la longue inextricable. Ce qui pourrait être préjudiciable à tout le monde. Mais Dieu je vous l’assure saura porter secours à ses missionnaires. Je vous souhaite bonne chance donc monsieur « bonus ».
    De toute façon je ne peux prétendre réveiller quelqu’un qui ne dort pas.
    Tenez et comme vous le dites de Naaba wobgo, je crois à mon tour que le colon aussi doit être respecté, et même très respecté et aimé. Cela a permi à Naaba Sigri le successeur d’intervenir et de signer la paix pour le bonheur de son Peuple. Ce geste de grandeur a permis plus tard son successeur Naaba Kom, de se mettre à la tête d’une délégation des chefs coutumiers de la Haute Volta autrefois supprimée et de le répéter humblement, malgré l’inamovibilité des Moro-Naaba, à une distance de plus de mille kilomètres et devant l’administrateur colonial de la Côte d’Ivoire et de la Haute Côte d’Ivoire et demanda la réconstitution de la Haute-Volta. Devant ces grandeurs majestueuses ahuries, surtout admiratives, le « Grand Manitou » blanc ne pouvait que courber l’échine respectueusement puis signa la reconstitution du Territoire des « Voltaïques ». Aujourd’hui, je ne suis même pas sûre que Mr. Bonus de par sa science, connaissance, fronde et bagou puisse récupérer même le petit morceau de son de son territoire bien aimé « LE BURKINA-FASO ».

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

 LeFaso TV