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Affaire SOFACO-B vs Wendkuni Bank International : « La décision de la Cour d’appel est inexécutable », selon Me Paulin Salembéré

Publié le mercredi 6 septembre 2023 à 15h00min

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Affaire SOFACO-B vs Wendkuni Bank International : « La décision de la Cour d’appel est inexécutable », selon Me Paulin Salembéré

Le 6 avril 2023, l’arrêt de la Cour d’appel ordonnait à Wendkuni Bank International (WBI) de procéder à une main levée de la saisie-vente pratiquée sur les biens de la Société de fabrication du coton burkinabè (SOFACO-B) et à les restituer sous astreinte de 300.000 FCFA par jour de retard. Mais jusqu’ à ce jour, mardi 5 septembre 2023, la banque n’a pas accompli le moindre début d’exécution de la décision, arguant qu’elle est purement et simplement inexécutable. Pour lever le voile sur cette situation trouble, nous avons contacté chacune des parties qui a accepté de donner sa version des faits.

Le 25 août 2023, l’oncle de Dr Céline Kontyaré, promotrice de la SOFACO-B, s’indignait au travers d’une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, de la situation de l’usine qui, jusque-là, n’a pas repris ses activités. Pourtant, la décision rendue par la Cour d’appel le 6 avril 2023 était considérée comme un ouf de soulagement qui permettrait aux employés de la société, au chômage depuis plus d’un an, de reprendre du service.

Selon la principale concernée, aucune explication ne leur a été fournie par la banque pour justifier cette non-exécution. Nonobstant les multiples relances de la part de ses avocats, WBI a toujours maintenu le statu quo. « La justice nous a donné raison concernant l’affaire qui nous oppose à WBI. Malheureusement jusqu’à présent, les activités n’ont toujours pas repris à l’usine. Nous n’avons pas encore reçu nos équipements. Il n’y a eu aucune exécution de la part de la banque. Notre conseil a approché la banque pour demander la restitution et le paiement des astreintes, conformément à la condamnation. Mais jusqu’à ce jour, et les équipements, et la garantie sont détenus par la banque. C’est donc dire que depuis le 24 mai 2022, date à laquelle le matériel a été arraché, les choses sont restées en l’état », nous explique-t-elle.

A la question de savoir s’il est vrai que la banque n’a pas exécuté la décision de la Cour d’appel, Me Paulin Salembéré, avocat de WBI, s’est voulu formel : « la décision est inexécutable. (…) Il y a eu une première saisie qui a été faite le 30 juillet 2021 par un huissier pour le compte de son bailleur qu’elle n’a pas payé. Plus tard, le juge a prononcé une main levée de cette saisie, mais le matériel n’a pas été restitué. Ça, ça n’a rien à voir avec la banque. Après cela, une seconde saisie a été faite en septembre 2022, toujours entre les mains du même huissier.

Ce qu’il faut préciser, c’est que dans la décision de la Cour d’appel, elle constate tout simplement qu’il y a eu main levée et ordonne donc la restitution des biens. Elle n’a pas tenu compte du fait qu’il y avait une seconde saisie alors que nous lui avons communiqué les éléments y afférant. Le problème ici c’est qu’on ne peut pas restituer un matériel saisi tant que cette dernière n’a pas été annulée ou qu’une main levée n’ait été prononcée.

C’est pour cela que la banque ne s’exécute pas », nous dira-t-il.
Au sujet du matériel qui a été arraché à la grue, Me Salembéré fait relever que le délai imparti à la partie adverse pour faire valoir son droit est dépassé. Elle est donc frappée de forclusion. « La loi considère que si ce sont des immeubles qui ont été saisis, vous avez un mois, à compter de la saisie pour saisir la justice. Pourtant la procédure qu’elle a introduite contre la seconde saisie pour annulation a été faite en juillet 2023, soit dix mois après. Avec ça, on dit qu’il y a urgence. On ne peut pas annuler. Nous avons reçu trois procédures d’assignation dont les deux premières n’ont pas fait l’objet d’enrôlement (cela veut dire que la partie adverse a obtenu l’autorisation d’assigner la banque mais qu’elle n’a pas déposé la copie de l’assignation avec prétentions à l’appui, pour que le juge tranche le litige). Si elle est pressée comme elle le dit, pourquoi elle n’a pas enrôlé le dossier les premières et deuxièmes fois. Elle tourne en rond. C’est comme si elle cherche le juge qui pourra l’aider. La banque n’a rien à se reprocher », a-t-il clarifié.

Dans la vidéo, l’oncle de Dr Kontyaré interpellait les autorités judiciaires et le président du Faso à se pencher sur la question pour que ce dossier qui met en cause le travail d’une soixantaine d’employés, soit traité avec la plus profonde diligence. Pour Me Salembéré, il s’agit d’une manœuvre pour que le droit soit "bafoué".

En attendant, il dit avoir saisi la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) contre cette décision car dit-il : « elle viole toutes les dispositions de l’acte OHADA ».

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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