Le Burkina Faso, à l’instar des autres pays membres de l’Union monétaire ouest africaine, connaît ces dernières années une forte expansion des Systèmes financiers décentralisés (SFD) dont l’importance de la contribution au financement de l’économie n’est plus à démontrer. Les statistiques du secteur au 31 décembre 2022 font état de 134 SFD agréés, 366,99 milliards de francs CFA collectés, 326,77 milliards de francs CFA d’encours des crédits et 561 points de services. Cependant, il convient de signaler que l’expansion des activités de ce segment du financement de l’économie s’est accompagnée d’un certain nombre de difficultés qui représentent une menace pour le secteur, informe le directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Bruno Raymond Bamouni. En effet, dit-il, les résultats de la supervision des SFD ont toujours révélé un nombre croissant de SFD en situation de crise et même de faillite. S’appuyant sur les données statistiques, M. Bamouni a indiqué que les créances en souffrance des SFD sont passées de 1,756 milliards de francs CFA en 2006 à près de 17,424 milliards de francs CFA au 31 mars 2023.

Le directeur général du trésor et de la comptabilité publique, Bruno Bouraima Bamouni

En plus, dans le cadre de l’élaboration de la note de conjoncture au 31 décembre 2022 du secteur de la microfinance, 31 SFD sur les 134 existants à cette date n’avaient pas pu transmettre leurs états de reporting, mettant en exergue des difficultés.

Fort de ce constat couplé aux difficultés ayant entravé le fonctionnement du comité d’assainissement et de consolidation du secteur de la microfinance, il a paru nécessaire d’agir. Et c’est dans ce cadre que le conseil des ministres en sa séance du 11 janvier 2023 a adopté le décret portant création, attributions, composition et fonctionnement du Comité national de la microfinance (CNM). Les membres du comité fort de 9 personnes, ont été officiellement installés ce lundi 26 juin 2023. Le secrétaire général du ministère de l’Economie, Nicolas Kobiané, occupe le poste de président. Le CNM a pour mission de renforcer la stabilité et la viabilité du secteur. A ce titre, il est chargé de « faire un suivi rapproché auprès des SFD et voir comment les accompagner. Après leur installation, ils sont appelés à produire un plan d’actions pour pouvoir adresser les défis de ce secteur, faire des propositions concrètes au gouvernement, suivre les activités des SFD sur le terrain et rappeler à l’ordre les institutions qui ne feront pas correctement le travail. En cas de fautes lourdes, on va devoir les sanctionner également. C’est donc dire que le comité qui vient d’être mis en place a un travail assez lourd », a souligné la ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré.

La ministre déléguée chargée du budget, Fatoumata Bako/Traoré

Cette structure technique d’aide à la prise de décisions vient véritablement épauler les décideurs. « Il sera le bras technique du gouvernement pour ce qui est du suivi rapproché bien sûr avec les sévices de la direction générale du Trésor et de la comptabilité publique qui font déjà un travail dans ce sens mais qui reste encore à renforcer. Le comité regroupe plusieurs ministères, il va au-delà du ministère de l’Economie. Il y a même un représentant des SFD », précise la ministre déléguée chargée du budget, pour qui la cérémonie d’installation s’inscrit dans la dynamique de l’assainissement du secteur de la microfinance et marque un tournant majeur dans la vie de la microfinance.

L’assistance lors de la cérémonie d’installation

Dans son discours, Mme Bako a félicité et invité les membres du CNM à jouer pleinement leur rôle en vue non seulement de renforcer la stabilité et la viabilité du secteur mais aussi et surtout de permettre aux SFD d’être de véritables vecteurs de développement économique et social du Burkina Faso. Elle a aussi saisi l’occasion pour féliciter la direction générale du Trésor pour les efforts déjà consentis dans la surveillance du secteur de la microfinance dans notre pays mais aussi pour sa contribution à la création du CNM.

Dans cette même lancée, la ministre a réitéré les remerciements du gouvernement à l’endroit de la Banque mondiale à travers le Projet d’appui à l’inclusion financière et l’accès au financement des petites et moyennes entreprises (PAIF-PME), pour l’engagement à prendre en charge certaines dépenses de fonctionnement du comité.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

La composition du Comité national de la microfinance

Président : Nicolas Kobiané, secrétaire général du ministère de l’Economie
Membres : Kadiatou Oulala/Paré, directrice générale adjointe du Trésor et de la comptabilité ; Thièrowé Sylviane Somda, chef de service de la microfinance et de l’inclusion financière à l’Agence principale de la BCEAO à Ouagadougou ;

Lin Hien, secrétaire technique pour la promotion de l’inclusion financière ; Karfa Gnanou, agent judiciaire de l’Etat ;

Tiendrébéogo Ravigsida Dorcas, directrice générale du Fonds d’appui aux activités rémunératrice des femmes ;

Zabré Mahamoudou, commissaire de police à la direction de la police économique et financière ;

Kaboré Mitibkiéta Moussa, directeur de la justice civile, commerciale, administrative et sociale ;

Kirakoya Ousséni, président de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Burkina Faso