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28e édition du FESPACO : « Le Spectre de Boko Haram », un film bouleversant de Cyrielle Raingou

Publié le jeudi 2 mars 2023 à 21h55min

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28e édition du FESPACO : « Le Spectre de Boko Haram », un film bouleversant de Cyrielle Raingou

« Le Spectre de Boko Haram » a été projeté ce jeudi 2 mars 2023 à Canal Olympia Ouaga 2000. Ce documentaire réalisé par la Camerounaise Cyrielle Raingou fait une immersion dans l’extrême-Nord du Cameroun frappé par le groupe terroriste Boko Haram.

Dans cette partie du pays, le paysage est captivant et beau comme le prouve les différents plans dans le film. Mais à regarder de plus près, les épines de la guerre ont laissé des empreintes. Cyrielle Raingou met en lumière le quotidien d’enfants allant à l’école (occidentale et coranique) et menant un semblant de vie normale, malgré les traumatismes qu’ils ont subis. La petite Falta, Ibrahim et son frère Mohamed sont les acteurs principaux du film. Falta a perdu son père et s’efforce d’être comme toutes les filles de son âge. Son ambition est de devenir plus tard, enseignante.

Cyrielle Raingou a également un court métrage en compétition au FESPACO, il s’appelle « Juste un sourire mère »

Du côté des frères, il y a de quoi s’inquiéter, ils sont turbulents. Comment ne pas l’être ? Il est fort probable qu’ils soient des enfants d’un couple proche de Boko Haram. Ils semblent être déjà endoctrinés, car l’école occidentale, ils n’en veulent pas parce que « c’est pour les chrétiens ». Ils font l’école buissonnière et reproduisent cette même violence dont ils ont été témoins. Durant le tournage, Ibrahim et son frère Mohamed finissent par s’éclipser. On ne retrouve pas leurs traces. Falta, elle a réussi à passer en classe supérieure. L’armée veille au grain dans les écoles, pour qu’elles ne soient pas attaquées. Boko Haram a pour habitude de prendre ce temple du savoir pour cible.

Les cinéphiles ont acclamé la réalisatrice pour son œuvre

« J’avais envie de raconter une histoire dans un espace challengeant et complexe. J’ai usé de patience pour qu’ils acceptent. J’ai vécu au rythme de la population et des enfants. J’ai commencé par passer du temps avec eux avant d’apporter ma caméra. J’ai remarqué qu’à chaque fois qu’un cinéaste africain ou du sud fait un film, on s’attend à ce qu’il soit à caractère politique. Bien sûr que mon film en lui-même est déjà politique, mais je voulais montrer comment les gens sont courageux. Même s’ils ne répondent pas à certains standards du bonheur, avec ce qu’ils ont, ils espèrent avoir une vie meilleure. Mon rêve est qu’ils retrouvent la vie qu’ils avaient avant l’arrivée de Boko Haram parce que c’était un peuple heureux et prospère », a souligné Cyrielle Raingou.

Pascal Thiombiano a dit espérer que Cyrielle Raingou remporte un prix à ce FESPACO

Des cinéphiles conquis

Selon, Pascal Thiombiano, c’est une œuvre de belle facture qui permet « de laisser parler les enfants. Dans ces situations conflictuelles, les premières victimes sont les femmes et les enfants. On a remarqué toute la précarité dans laquelle se trouve la population de l’extrême-nord du Cameroun. Cela nous amène à repenser la question du développement. Ces groupes terroristes surfent sur les questions de pauvreté et d’analphabétisme » a-t-il affirmé.

Stéphanie Dongmo a dit s’être retrouvée dans le film, car ayant vécu pendant un moment donné dans l’extrême-nord du Cameroun

Stéphanie Dongmo est la présidente du cinéma numérique ambulant au Cameroun. Elle a confié que ce film doit interpeler les gouvernants africains sur la prise en charge psychologique des victimes de guerre. « Dans le film on a demandé aux enfants de modeler des objets et ils modèlent des chars, des avions et des fusils. Dans les conversations il y a le champ lexical de la guerre qui revient. J’ai aimé la façon dont l’environnement de l’extrême-nord a été filmé, car, il est très beau. C’est un film intimiste, les gens se dévoilent » a-t-elle décrypté. « Le Spectre de Boko Haram » est sorti en 2023, est en compétition dans la catégorie perspective au FESPACO.

SB
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