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Me Titinga Frédéric Pacéré : « Sembène Ousmane s’est opposé à ce qu’un pays africain retire le Fespaco au Burkina Faso »

Publié le mercredi 1er mars 2023 à 22h40min

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Me Titinga Frédéric Pacéré : « Sembène Ousmane s’est opposé à ce qu’un pays africain retire le Fespaco au Burkina Faso »

Me Titinga Frédéric Pacéré est apparu un peu affaibli par le poids de l’âge, ce mardi 28 février 2023, au siège du Fespaco. Mais à 80 ans, il reste toujours loquace face aux journalistes, lui qui ne manque pas l’occasion de parler culture, avec une mémoire d’éléphant à l’abri du temps. A ce Me Pacéré là, nous avons arraché un mot sur l’organisation de la 28e édition du Fespaco, en ces temps troubles que traverse le Burkina Faso.

L’homme de culture et fondateur du musée de Manéga a d’abord tenu à féliciter les autorités de la transition burkinabè pour la tenue du Fespaco, mais aussi du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou. « Le gouvernement a porté à ma connaissance qu’après le Fespaco, il y a la semaine nationale de la culture (SNC) qui va se tenir à Bobo-Dioulasso. Je félicite le gouvernement et tous les partenaires qui ont eu le courage de tenir toutes ces manifestations. Comme l’a dit Pierre de Coubertin : L’important, c’est de participer. »

« J’ai 80 ans cette année et ce n’est pas facile »

Me Titinga Frédéric Pacéré n’a pas manqué de rappeler qu’il a préfacé le seul livre en sa connaissance qui a été écrit sur le Fespaco. Il s’agit de « Naissance et évolution du Fespaco de 1969 à 1973 » écrit par Hamidou Ouédraogo. A sa casquette d’homme de culture et de lettres, Me Pacéré a également été président de jurys spéciaux au Fespaco. Mais en raison de ses obligations professionnelles, il s’est un peu effacé du monde du 7e art.

Au QG du Fespaco

« Je voyage beaucoup. Entre-temps, j’étais l’avocat principal de la défense au Tribunal pénal international à Arusha en Tanzanie. J’étais le président d’honneur de l’association des avocats. Ce qui fait que je n’arrivais plus à suivre le Fespaco. Mais, quand on m’a dit qu’on allait tout faire pour que le Fespaco ait lieu, j’ai dit que j’allais tout faire pour rester. J’ai 80 ans cette année et ce n’est pas facile », confie Me Pacéré.

Devoir de mémoire pour Sembène Ousmane

Pour lui, le Fespaco doit une fière chandelle au réalisateur Ousmane Sembène dont le centenaire est célébré en cette année 2023. « Quand le Fespaco a pris son envol, certains pays qui avaient plus de moyens que le Burkina ont voulu retirer le festival. Je ne peux même pas citer ces pays, car cela va vous étonner. Sembène Ousmane s’est opposé en disant que c’est le Burkina qui a eu l’idée. Il s’est opposé à ce qu’un pays africain prenne le Fespaco au Burkina Faso. Prendre le Fespaco était un peu facile, parce qu’avec l’audiovisuel, la télévision pouvait casser le cinéma. Les gens préfèrent rester chez eux pour regarder le petit écran. C’est pour cela que le Fespaco a pris en compte la dimension télévision. C’est grâce à Sembène Ousmane », rappelle Me Titinga Frédéric Pacéré.

Sur la corrélation entre le cinéma et la culture de la paix, Me Pacéré raconte avoir parcouru, le continent africain en 1998, à la demande 250 ONG, afin de prononcer une conférence sur les cultures africaines et les droits de l’homme à l’occasion du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Un festivalier en joie dans l’enceinte du Fespaco

« La culture africaine, c’est la paix et le vivre ensemble »

« J’ai dit que dans la société traditionnelle moaga, ce n’est pas le politique, la politique qui gouverne. C’est la culture. Le Pr Joseph Ki-Zerbo a écrit qu’au mogho, empire des Mossé, le roi règne et la coutume gouverne. C’est la culture qui gouverne. Au Burkina Faso, de mes propres travaux, il y a 67 grands groupes ethniques, sinon on a près de 200 petits groupes. Dans ces 67 grands groupes ethniques au Burkina Faso et dans toute l’Afrique noire, il n’y a pas une prison. Toutes les justices de l’Afrique traditionnelle n’ont pas de prison, parce que c’est la culture qui régit. Et la culture africaine, c’est la paix et le vivre ensemble. On ne permet pas de prendre une personne et de la cacher quelque part », enseigne Me Pacéré.

Diallo Makhete, directeur de la photographie et caméraman de Sembène Ousmane posant avec Me Pacéré

Cet enseignement, l’octogénaire dit l’avoir répété devant des hommes politiques français au Palais de Luxembourg à Paris, lors du premier Congrès mondial de la santé dans les prisons, puis en 2008, lors du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, à Genève.

« C’est la culture qui domine l’Afrique, qui gouverne l’Afrique. D’où l’importance que j’accorde au cinéma, au SIAO, à la SNC, aux hommes de culture », a conclu Me Titinga Frédéric Pacéré, avec qui des festivaliers s’empressaient de faire quelques photos.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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