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« Le Mandat » : « Chaque fois que je vois ce film, je frissonne », confie Alain, fils aîné de Sembène Ousmane

Publié le dimanche 26 février 2023 à 23h00min

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« Le Mandat » : « Chaque fois que je vois ce film, je frissonne », confie Alain, fils aîné de Sembène Ousmane

Le réalisateur Sembène Ousmane aurait eu 100 ans le 1er janvier 2023. Affectueusement appelé « l’aîné des anciens », il laisse derrière lui un riche répertoire littéraire et cinématographique. « Le mandat », son premier long métrage, a été projeté le samedi 25 février 2023 au ciné Burkina, dans le cadre d’une soirée organisée par la Fédération panafricaine cinéastes (FEPACI) en hommage aux cinéastes disparus.

« Le Mandat », sorti en 1968, raconte l’histoire d’Ibrahima Dieng (rôle incarné par le regretté Makhourédia Guèye), un musulman, polygame qui reçoit un mandat de 25 000 francs de son neveu immigré, balayeur de rues à Paris, en France. Sans carte d’identité, la poste refuse de lui remettre l’argent. Ainsi, commence la si longue marche d’Ibrahima Dieng. Naïf, il sera seul face à la cupidité de certains membres de son entourage et la corruption qui sévit au sein de l’administration sénégalaise.

La soirée d’hommage a été organisée par la Fédération panafricaine des cinéastes

« C’était un visionnaire »

« Chaque fois que je vois ce film, je frissonne. Les livres et les films de Sembène Ousmane ne meurent jamais. Ils sont toujours d’actualité et on découvre toujours quelque chose en suivant ce film. Je ne sais pas comment, mais il arrivait à capter l’âme d’un peuple », a témoigné Alain Sembène, le fils aîné du réalisateur.

Il a confié que son père a essuyé beaucoup de critiques de la part des journalistes et reçu plusieurs menaces à la sortie du film. « Aujourd’hui, le film est toujours là et je me rends compte à quel point c’était un visionnaire », a-t-il ajouté, fier du génie de son paternel.

Alain, fils aîné de Ousmane Sembène

« Le Mandat » n’a pas pris une ride »

« On célèbre Sembène Ousmane, mais j’ai le sentiment qu’on ne met pas suffisamment l’accent sur ce qui a provoqué chez lui le besoin de se servir du cinéma, en dehors de la littérature, pour porter un message très fort par rapport à la situation que vivent les pays africains », a indiqué le Pr Maguèye Kassé, critique de cinéma et écrivain.

Pour lui, « Le Mandat » n’a pas pris une ride par rapport aux problèmes qui se posent : mendicité, corruption, bourgeoisie parasitaire, etc. « C’est comme s’il avait fait ce film pour aujourd’hui. La critique devrait mettre davantage l’accent sur le projet de Sembène Ousmane : la transformation sociale. Son projet est qu’on aille plus loin que ce que les indépendances nous ont donnés. De tous les films de Sembène, c’est ce leitmotiv qui circule », analysé le Pr Maguèye Kassé.

Pr Maguèye Kassé, critique de cinéma et écrivain

Une série d’hommages à « l’aîné des anciens »

Notons que cette soirée d’hommage en mémoire de Sembène n’est pas la première. La Cinémathèque de Paris a rendu hommage à l’homme, du 5 au 15 janvier 2023, à travers une rétrospective de tous ses films. Selon Alain Sembène, d’autres hommages auront lieu, notamment à l’université de Saint Louis au Sénégal, en Inde, au Brésil, à Cannes, à Marseille, etc.

En attendant, il est prévu, ce dimanche 26 février, une procession en hommage à Sembène Ousmane de la Place des cinéastes au siège du FESPACO, suivie du dévoilement de son buste.

Le président de la Fepaci, Cheick Oumar Sissoko a salué le génie de Sembène Ousmane qui était pour lui une source de motivation

Disparition de deux réalisateurs

Avant la projection du Mandat, une minute de silence a été observée en mémoire de ces hommes et femmes qui se sont battus pour que rayonne et s’impose le cinéma africain. La Fédération panafricaine des cinéastes, présidée par l’immense Cheick Oumar Sissoko, a eu une pensée particulière pour deux réalisateurs qui ont récemment fait le grand voyage : Safi Faye et Idrissa Diabaté.

La première, Sénégalaise, est décédée à Paris, le 22 février, à l’âge de 80 ans. Réalisatrice de documentaires, elle a remporté avec son deuxième long métrage, « Fad’ja », qui traite de l’opposition entre tradition et modernité, le prix George Sadoul en 1975. En 1997, elle a présenté « Mossane » au Fespaco et au Festival de Cannes, un an plus tôt.

Le second est un réalisateur ivoirien. Il s’agit d’Idrissa Diabaté, mort également à Paris, le 23 février 2023. Il a notamment réalisé « Murmure dans la forêt » en 2012 et « Bois sacré du professeur Aké Assi » en 2011.

Fredo Bassolé
LeFaso.net

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