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Burkina : « Notre souhait est que le Fespaco s’ouvre davantage au cinéma d’animation », Serges Dimitri Pitroipa

Publié le lundi 20 février 2023 à 22h00min

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Burkina : « Notre souhait est que le Fespaco s’ouvre davantage au cinéma d’animation », Serges Dimitri Pitroipa

Serges Dimitri Pitroipa fait partie des valeurs sûres du cinéma d’animation au Burkina Faso. Réalisateur et producteur, il dirige depuis 2013 la société PIT-Production qui évolue dans la réalisation et la production des films d’animation 2D et 3D, les jeux vidéo, la réalité virtuelle. Son film d’animation « Tempête dans une calebasse » est en compétition à la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Entretien !

Lefaso.net : Pouvez-vous vous présenter ?

Serge Dimitri Pitroipa : Je suis Serge Dimitri Pitroipa, producteur et réalisateur de films d’animation, président de l’Association burkinabè du cinéma d’animation et directeur général de PIT-Production. PIT-production est une maison de production qui fait beaucoup dans les films d’animation 2D et 3D, dans les jeux vidéo et la réalité virtuelle. PIT-Production est créée depuis 2013 mais bien avant cela, j’étais dans la production et la réalisation de films d’animation.

Lefaso.net : Combien de personnes travaillent à PIT Production ?

Actuellement, comme nous sommes en production, je collabore avec une dizaine de personnes. Tout dépend de la production. Il arrive qu’on travaille avec une trentaine de personnes. Par exemple, pour notre avant dernière production « Pawit Raogo et la vieille menteuse », nous étions une quarantaine de personnes à travailler sur le film.

Lefaso.net : C’est quoi un film d’animation ?

Le film d’animation est une succession d’images fixes. On dessine une image fixe plusieurs fois pour avoir un film d’animation. Pour une seconde d’animation, il faut 24 images. Le film d’animation regroupe toutes les techniques : la 3D, la 2D, le Stop motion, le dessin animé, la pixelation, etc. Nous travaillons beaucoup plus sur les dessins animés et sur le Stop motion, qui est une animation avec les marionnettes qu’on fait bouger image par image.

Lefaso.net : Quels sont les différents profils qu’on trouve dans la réalisation d’un film d’animation ?

Dans un film d’animation, nous avons plusieurs profils. Il y a le réalisateur, le producteur, le designer, les animateurs, les décorateurs, l’accessoiriste, celui qui fait le compositing, les coloristes, etc.

Lefaso.net : Comment êtes-vous arrivé à ce métier ?

Au secondaire, j’ai laissé les cours pour cela. Tout ce que je voulais, c’était de pouvoir travailler sur un film d’animation. J’étais un fan des dessins animés. Il y a eu une formation en 1995 avec l’atelier graphique de Bruxelles et la direction de la cinématographie. J’ai suivi cette formation grâce à mon oncle Clément Tapsoba. Quand il m’a présenté à l’équipe, celle-ci trouvait que j’étais jeune, mais a accepté que je participe à la formation. J’ai donc fait la formation de 1995 à 1999 ici à la direction de la cinématographie. Ensuite, j’ai rejoint l’association Yelboundi. Après cela, je suis allé en formation au Kenya. Après le Kenya, j’ai été formé par Gaston Kaboré à l’institut Imagine. Après l’institut Imagine en 2008, avec quelques collègues, on a mis en place l’Association burkinabè du cinéma d’animation qui nous a permis de nous former à l’université The Animation Workshop au Danemark.

Lefaso.net : Vos parents vous ont-ils soutenu dans votre choix ?

Dieu merci, le papa aimait le dessin. La maman aussi. Ça n’a pas été du tout compliqué. Ils voyaient déjà que j’aimais beaucoup le dessin. Ils m’ont accompagné de par leurs conseils. Je suis aujourd’hui à près d’une dizaine de films d’animation réalisés et produits.

Lefaso.net : Quels sont les devanciers qui vous ont inspiré ?

Avant, on se demandait par quelle magie, on arrivait à faire animer des dessins. Au début, on ne connaissait pas nos devanciers et c’est par la suite qu’on a appris que Daniel Kollo Sanou a fait un film d’animation. On le prend en exemple.

Lefaso.net : Quels sont les objectifs de l’Association burkinabè du cinéma d’animation ?

L’Association burkinabè du cinéma d’animation a été créée en 2008 avec quelques personnes ayant participé à l’atelier de formation de 2008. À la création de l’association, le cinéma d’animation n’était pas aussi connu au Burkina. Il fallait donc le faire connaître. L’association a entre autres objectifs de former les animateurs pour avoir des productions plus professionnelles. L’association accompagne aussi les maisons de production. Quand nous avons par exemple une production, l’association peut nous aider à lever des fonds et nous accompagner aussi avec des techniciens. L’association compte à peu près une trentaine de membres, des étudiants, des peintres, des artistes, des réalisateurs, etc.

Lefaso.net : L’ABCA organise-t-elle des formations à l’endroit des plus jeunes afin de leur faire découvrir l’univers du film d’animation ?

Nous avons organisé plusieurs ateliers dans des écoles. Un moment, nous étions en collaboration avec le Centre culturel français avec lequel nous faisions des formations à l’occasion de la journée mondiale du cinéma d’animation, le 28 octobre. Actuellement, comme nous avons beaucoup besoin de techniciens d’animation, nous nous orientons plus vers ceux qui sont déjà aptes dans le dessin, pour pouvoir avoir des techniciens. Nous avons formé des équipes à Koudougou, Dédougou, Bobo-Dioulasso, grâce au fond de développement culturel et grâce aussi à l’Ambassade royale du Danemark.

Lefaso.net : Combien de temps peut durer la réalisation d’un film d’animation ?

Le film qui nous a beaucoup pris du temps, c’est le film Pawit Raogo et la vieille menteuse. Le film dure 19 minutes, mais il nous a pris 6 à 7 mois de production. C’est l’histoire d’une vieille sorcière, menteuse. C’est tiré d’un livre du Burkinabè André Daniel Tapsoba. Le film est coréalisé par Jean Pierre Tardivel et coproduit par JPL Films.

Lefaso.net : Comment avez-vous réagi à la sélection de votre film au Fespaco ?

J’étais très content, parce qu’auparavant on avait un film qui est passé au Fespaco mais dans la section panorama. C’est une joie pour toute l’équipe. Notre souhait est que le Fespaco s’ouvre davantage au cinéma d’animation parce qu’on a beaucoup de choses à présenter. On a commencé le film pendant le Covid. On avait déjà levé un fonds ce qui nous a permis de commencer à travailler pendant le Covid-19. L’équipe a vraiment tenu bon et c’est grâce à elle qu’on a pu présenter ce film sélectionné au Fespaco. Le film parle de la parenté à plaisanterie et le titre, c’est « Tempête dans une calebasse ».

Lefaso.net : Est-ce que vous avez des doléances à l’endroit des autorités ?

Notre souhait est qu’on arrive à consommer les films d’animation burkinabè et qu’on puisse avoir aussi les fonds nécessaires pour pouvoir produire. La production prend du temps et c’est ce qui fait que les films d’animation coûtent chers. L’autre défi, c’est d’avoir le soutien des chaînes de télé pour la distribution, car rien ne sert de produire des films et de ne pas pouvoir les diffuser. Notre souhait est de voir sur nos chaînes télés, des contes burkinabè et africains, sous forme de film d’animation. Nous sommes en train de travailler sur la série Malaika, patrimoine culturel d’une nation que vous verrez d’ici là sur des chaînes de télévisions.

Entretien réalisé par Fredo Bassolé
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