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Burkina/Économie : La Banque mondiale recommande la promotion des services numériques aux autorités

Publié le vendredi 10 juin 2022 à 11h28min

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Burkina/Économie : La Banque mondiale recommande la promotion des services numériques aux autorités

Face aux crises sécuritaire et sanitaire qui impactent négativement l’économie du Burkina Faso, la Banque mondiale (BM) recommande aux autorités la promotion des services numériques pour renforcer sa résilience. C’est à travers son nouveau rapport sur la situation économique du pays publié ce jeudi 9 juin 2022 à Ouagadougou, qu’elle a montré tout l’intérêt pour le Burkina Faso à aller dans ce sens.

Selon le présent rapport de la Banque mondiale intitulé « Résilience en période d’incertitude : promouvoir les services numériques », l’économie du Burkina Faso a enregistré une croissance de 7% en 2021. Et ce, après une décélération de 1,9% en 2020 en raison du COVID-19.

Un rebond de croissance dû principalement à celui du secteur des services et à des investissements importants dans la production minière (l’or) mais aussi dans l’industrie manufacturière, précise-t-il. Le rapport en question a été présenté dans un cadre d’échanges avec divers acteurs dont ceux de la vie économique et du monde universitaire, sous la présidence de Seglaro Abel Somé, ministre de l’économie, des finances et de la prospective.

Un aperçu des participants

La cérémonie de dissémination du rapport de la Banque mondiale sur l’économie du Burkina Faso, édition d’avril 2022, a connu également la participation du président de l’université Thomas Sankara, Pr Pam Zahonogo.

Cela, aux fins de prendre en compte la contribution de ces derniers, dans l’amélioration dudit rapport. Cette étude menée par la BM a été présentée respectivement par ses experts que sont Daniel Pajank, économiste principal, Kodzovi Abalo, économiste pays et Fatimata Dicko, spécialiste du secteur financier.

Daniel Pajank, économiste principal de la Banque mondiale pour le Burkina Faso

La nécessité d’une nouvelle gestion de la masse salariale

Parmi les recommandations relevées par Daniel Pajank, en vue de renforcer la résilience de l’économie burkinabè, il y a l’amélioration de la mobilisation des recettes domestiques et la rationalisation des dépenses publiques. À ce niveau, l’expert estime qu’il faut mettre en œuvre des réformes de la politique fiscale notamment sur l’impôt foncier, l’impôt sur le secteur informel, les prix de transfert, l’impôt sur le revenu des personnes physiques, et les droits d’accès tout en réduisant les dépenses fiscales…

Concernant la rationalisation des dépenses publiques, monsieur Pajank préconise une gestion de la masse salariale qui limite les recrutements et rationalise la structure de rémunération dont les indemnités.

Kodzovi Abalo, économiste pays pour le Burkina Faso

Possible gain de 4 à 5% du PIB à travers l’impôt sur le revenu

« Parlant de politique fiscale, nous avons une revue des dépenses et des revenus qui va être disséminée dans quelques semaines en collaboration avec le ministère des Finances qui nous a fourni des données de très bonne qualité. De ce qu’il en ressort, rien qu’un alignement sur la moyenne de l’UEMOA en ce qui concerne l’impôt sur le revenu, peut faire gagner au Burkina Faso, 4 à 5% du PIB en termes de recette additionnelle », a souligné Kodzovi Abalo.

À l’entendre, le Burkina Faso gagnerait mieux à reformer tout ce qui est prix de transfert profitant aux entreprises minières.

Dans son mot de bienvenue, la représentante de la Banque mondiale a salué la présence de l’ensemble des participants et situer le contexte des études conduites par l’institution.

Il est démontré que la diffusion des technologies numériques dans le secteur privé est associée à la croissance de la productivité et à la modernisation de l’économie, à en croire Maïmouna Mbow Fam

« Votre présence témoigne sans nul doute de l’importance que vous accordez à cette étude, qui devrait être d’une grande utilité pour les différents acteurs de la vie économique du Burkina Faso », a introduit Maïmouna Mbow Fam, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina Faso.

La Banque mondiale, une institution d’expertise et de partage du savoir

Pour elle, en plus d’octroyer des financements à ses pays membres, la Banque mondiale est aussi une institution d’expertise et de partage du savoir. Précisant que la production de ces travaux analytiques vise à accompagner les États, dans la formulation de leurs stratégies et politiques publiques ainsi qu’à mieux cibler les axes d’interventions au bénéfice des populations.

« La promotion des services numériques implique l’accès à l’électricité et à une connexion internet de qualité », a argumenté Pr Pam Zahonogo

Des résultats d’analyse du rapport, il ressort que l’insécurité alimentaire devrait se détériorer en raison notamment des mauvaises récoltes de l’année 2021 et de la hausse des prix des denrées alimentaires, avec une exacerbation de la situation dans les régions du nord du pays. « La hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et des intrants agricoles résultant du conflit entre la Russie et l’Ukraine devrait nuire encore davantage aux ménages y compris en zones urbaines », a commenté Maïmouna Mbow Fam.

Une projection de croissance de 6,7%

Le ministre de l’économie et des finances, Seglaro Abel Somé a rappelé qu’un comité de crise concernant la vie chère a été mis en place justement du fait des répercussions de cette guerre russo-ukrainienne sur l’économie du Burkina Faso, pour faire face aux défis qui s’imposent. Dans la même veine, le ministre est revenu sur les différentes crises au plan national qui handicapent l’émergence du pays, face auxquelles l’économie est restée résiliente.

« Il ne faut pas fétichiser le taux de croissance : que les gens disent parce qu’il y a de la croissance il y aura le bonheur pour tout le monde, cela n’est pas évident », explique le ministre Seglaro Abel Somé

« Nous projetons pour 2022 un taux de croissance à 6,7% en faisant l’hypothèse qu’on aura une accalmie de la tension géopolitique au niveau international. Et que la situation sécuritaire sera beaucoup mieux maîtrisée avec une pluviométrie favorable », a-t-il présagé.

Si le ministre a expliqué que le système économique fonctionne sur la base d’hypothèses, il assuré que celle dont le gouvernement a la maîtrise est la situation sécuritaire. « Les actions qui sont menées, tous les moyens mis à la disposition des forces de défense et de sécurité sont justement pour gagner ce pari », a-t-il signalé.

À l’instar de la plateforme eSYNTAXE permettant la télédéclaration et le télépaiement des impôts au Burkina Faso, le ministre a mentionné que le pays s’est engagé à promouvoir les réformes structurelles qui posent les fondements d’une croissance forte et inclusive.

Hamed NANEMA
Lefaso.net

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