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Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

Publié le jeudi 3 février 2022 à 22h45min

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Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

Le Mouvement plus rien ne sera comme avant (M/PRSCA), une organisation de la société civile, n’approuve pas la renaissance des coups d’Etats en Afrique car ils ne sont pas des voies légitimes pour accéder au pouvoir, a justifié son porte-parole, Massourou Guiro, le mercredi 2 février 2022 au micro de Lefaso.net. Dans cet entretien, il invite les organisations de la société civile et les politiciens du Burkina Faso à se faire enrôler pour une formation militaire afin de libérer le pays des mains des terroristes.

Lefaso.net : Dites-nous comment le MPRSCA a accueilli le coup d’Etat ?

Massourou Guiro : Il faut rappeler que ce coup d’Etat n’a pas vraiment surpris le peuple burkinabè au regard de la situation sécuritaire délétère qui prévalait. Il y a eu aussi, une grogne sociale à travers les manifestations du 17 novembre 2021 et celles du 22 janvier 2022 dans les différentes villes du pays pour exiger la démission du président Roch Kaboré du fait de sa gouvernance chaotique. Tout cela était des signes que l’ex-président n’a pas su prendre en compte et la conséquence, nous le savons tous. Nous avons sonné l’alerte mais malheureusement, nous n’avons pas été écoutés. En réponse à votre question, je dirai que nous avons condamné ce coup d’Etat.

Le MPRSCA n’approuve donc pas ce coup de force…

Le MPRSCA déplore la renaissance des coups d’Etats en Afrique car c’est un recul total de la démocratie dans les pays africains. Aussi, cette manière n’est pas une voie légitime pour accéder au pouvoir. Tout compte fait, nous prenons acte et nous attendons de voir la suite. Le coup d’Etat était prévisible vu la situation sécuritaire délétère au Burkina Faso.

Le MPRSCA s’est démarqué de la marche du 17 novembre 2021 en organisant une conférence de presse pour dénoncer l’esprit de la marche ? Que s’est-il passé ?

Oui, nous nous sommes démarqués de cette marche parce que chaque marche a des effets secondaires. En 2014, la marche populaire qui a renversé le régime Compaoré a également endeuillée des familles. Des victimes de l’insurrection de 2014 sont à la traîne aujourd’hui. Pas de dédommagement, ni de prise en charge, rien. C’est ce que le MPRSCA a tenté de dénoncer, en rappelant aux Burkinabè les conséquences qu’une marche peut avoir. Nous avons lors de cette conférence dénoncé la mal gouvernance, la corruption, la dégradation sécuritaire mais les politiciens n’écoutent personne, ils n’en font qu’à leur tête. Ce qui devrait arriver est surement arrivé. On a eu l’impression que la question sécuritaire qui endeuillait chaque jour les fils et filles de la nation n’était pas la priorité des priorités du régime MPP. Le peuple cotise pour acheter des armes mais il ne détient pas des armes pour sa protection. Je pense que c’est ceux qui détiennent les armes qui ont pris le pouvoir.

Quelle lecture le MPRSCA fait-il du premier discours de la junte ?

Nous dirons pour le moment que c’est un discours patriotique. Quand il dit qu’il fera de sorte que le cultivateur qui n’a rien récolté et l’éleveur qui a perdu son bétail puissent avoir de quoi survivre, c’est déjà pas mal, il faut le reconnaître. Aussi, quand il parle d’être intraitable avec les traîtres de la nation, je pense que c’est un appel à tout Burkinabè à cultiver l’esprit de sacrifice, d’amour pour sa patrie où qu’il soit. Mais comme on le dit souvent « c’est au pied du mur qu’on reconnaît le bon maçon ».

Quelles sont les attentes du MPRSCA vis-à-vis du MPSR ?

Il est clair que le nouvel homme fort ne peut pas construire le Burkina Faso seul. Il va falloir qu’il compose avec tout le monde, surtout avec la jeunesse qui a tant souffert et qui continue à souffrir entre les mains de politiciens véreux. Cette jeunesse qu’on utilise comme bouc émissaire pour satisfaire ses ambitions politiques et après la laisser mourir de faim. Nous attendons d’eux qu’ils ramènent la paix en réconciliant le peuple du Faso avec lui-même et qu’ils réinstaurent la sécurité au Burkina Faso. En un mot, qu’ils soient des patriotes.

Si vous aviez des conseils à leur donner, que leur diriez-vous ?

J’invite la junte à un discernement, c’est-à-dire leur capacité à pouvoir distinguer les loups des agneaux. Je demande aux nouvelles autorités d’établir un calendrier d’enrôlement des organisations de la société civile pour une formation militaire de quatre semaines suivie de leur déploiement dans les zones de combat pour la défense de la patrie. Puisque les élections se gagnent sur le terrain et que ces terrains sont devenus les QG des terroristes, il est tout à fait normal que les politiciens et les OSC aillent libérer le territoire des mains des ennemis avant de venir pour chercher des postes. Que les mouvements et associations de la société civile sachent que la récréation est finie. Il est de notre devoir à présent de cesser les discours, de cesser de courir derrière les postes. Allons-y combattre l’ennemi au front avant de courir derrière des postes (députés, de ministre et autres).

Vivement que chaque organisation de la société civile se fasse enrôler pour une formation militaire en vue de libérer notre mère patrie le Burkina Faso. Aussi, que la transition soit du bénévolat. Il est facile de s’asseoir à Ouagadougou et critiquer. Désormais, il est de notre rôle aussi de sensibiliser l’ennemi pour qu’il dépose les armes. Les acteurs de la société civile sont là pour dénoncer mais ne proposent rien de concret. Si les nouvelles autorités écoutent tous ces discours à dormir débout, elles n’iront nulle part. Invitez les au front d’abord avant quoi que ce soit ! En tout cas, le MPRSCA a déjà fait ses preuves sur le terrain pour la lutte et je défie quiconque de démontrer le contraire. Nous avons lancé la résistance à Titao avec feu Ladji Yoro, à Kongoussi avec certains membres de la société civile et, grâce à Dieu, la résistance des VDP sur le terrain n’est plus à démontrer.

Etes-vous pour une transition au Burkina Faso ?

De toutes les manières si nous voulons remettre les institutions en marche, il faut aller à la transition avec tout ce qu’il faut. Le MPRSCA souhaite que la junte épuise le mandat écourté de l’ex-président, Roch Kaboré avant de confier la gestion du pays à un civil.

Avez-vous foi au MPSR ?

La confiance se mérite par les actes que l’on pose. Le MPSR n’a rien fait d’abord donc, nous les attendons sur le terrain pour mieux apporter notre analyse. Quoi qu’on dise désormais ils n’ont pas à recevoir d’ordre de qui que ce soit pour nous ramener la sécurité. Que le MPSR respecte ce pour quoi ils ont pris le pouvoir.

Ne craignez-vous pas de lourdes sanctions venant de la CEDEAO contre le Burkina à l’instar du Mali ?

La CEDEAO est une institution qui a ses règles et agit conformément à ces règles-là en cas d’infraction d’un pays signataire. Nous leur demandons de comprendre et d’écouter les cris de détresse des peuples. Une sanction similaire au Mali n’arrange pas le Burkina car contrairement au Mali qui bénéficie d’autres frontières (Algérie, Guinée Conakry, Mauritanie), le Burkina n’a pas cette chance-là. La CEDEAO doit comprendre que le Burkina Faso est une nation fragilisée par l’hydre terroriste depuis sept ans et que de pareilles sanctions seront meurtrières pour le peuple burkinabè.

Quel est l’avis du MPRSCA sur une éventuelle arrivée du groupe Wagner (société privée russe) au Burkina pour aider les forces de défense et de sécurité à éradiquer le terrorisme ?

Il serait prétentieux pour le MPRSCA de dire oui ou non. Je pense que les militaires qui viennent d’arriver au pouvoir sont les mieux placés pour répondre à cette question. Ils savent quels types de partenariats peuvent les amener à avoir des moyens logistiques en armement pour lutter efficacement contre ces barbares et ramener la quiétude au sein de la population burkinabè. Nous, société civile nous ne pouvons que collaborer avec eux en leur fournissant des bonnes informations.

Seriez-vous prêts à collaborer avec le MPSR si toutefois il venait vers vous ?

Nous avons toujours travaillé avec les partis politiques et bien d’autres organisations pour l’intérêt de notre pays et nous continuerons d’apporter notre pierre pour l’édification de notre chère patrie. Comme le dit un adage, « si la termitière vit, qu’elle apporte de la terre à la terre ». Notre seul souci est de sortir le Burkina Faso de l’ornière et chacun doit apporter sa contribution. Quand Roch Kaboré était au pouvoir, nous avons eu à faire des propositions concernant la sécurité. Evidemment, certaines de nos propositions ont été prises en compte et d’autres non.

Votre mot de fin ?

Mon dernier mot est d’inviter vivement la junte militaire à restaurer la paix et à sauvegarder l’intégrité au peuple burkinabè en proie à plusieurs maux.

Interview réalisée par Dofinitta Augustin Khan
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 4 février 2022 à 06:37, par Baoyam En réponse à : Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

    Des victimes de l’insurrection de 2014 sont à la traîne aujourd’hui. Pas de dédommagement, ni de prise en charge, rien. C’est ce que le MPRSCA a tenté de dénoncer, en rappelant aux Burkinabè les conséquences qu’une marche peut avoir.

    Vous etes juste une osc mise en place par le mpp pour brouiller les pistes. Maintenant acceptez juste de disparaître et de laisser le pays se retrouver. S’il y avait une solution pour debarasser le pays de ces osc et partis politiques du ventre ça serait mieux.

  • Le 4 février 2022 à 10:58, par Alexio En réponse à : Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

    ALLONS LIBERER LE TERRITOIRE BURKINABE AVANT DE REVENIR CHERCHER NOS POSTES. Dixit Massourou Guiro.

    Je suis ne pas d accord avec votre propos qui pour moi demontre comment l inculture politique de nos politiciens sont arrivees a ce bas niveau.

    La course aux postes juteux par nos politiciens avec ses consequences nefastes qui ont aboutit aujourdhui a ce coup d Etat.

    Car les fausses alliances politiques sur des basses fausses d interets prives des partis politiques au detriment de l interet general.

    LE DEFI DU BURKINA FASO EST UN DEFI EXISTENTIELLE.
    Nos petits bagarres de position sont naturellement bien sur sont pas nos priorites de l heure.

    L heure a sonner de mettre au banc de la touche la politique politicienne qui a failli.

    Il ny a plus place aux carrieristes policiens vereux qui ont conduis notre pays a terre par leur analphabetisme geopolitique pour faire face au terrorisme que les occidentaux nous imposes pour la recolonisation du Sahel par la France et ses sbires occidentaux.

    Pilleurs de nos matieres premieres. Il est grand temps qu on revoit tous les accords coloniaux avec ce pays qui nous empechent de decoler souverainement dans notre propre optique de developpement.

    Son hegemonie et voire son ingerance dans nos affaires internes ont trop durees.

    Apres 5siecle de vassalite, le colonialisme et le neo-coøonialisme. La France pour nous prendre en otage pour 100 ans de regne et d asservissement qu elle veut renouveler par leterrorisme qu elle a creer au Sahel pour justifier sa presence par le biais de ses accords bidons caches qui la favorise.

    Et sans l aval democratique des peuples africains.
    Dans notre contexte le peuple burkinabe.

  • Le 4 février 2022 à 14:11, par HUG En réponse à : Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

    Apprenez à gagner votre vie a la sueur de votre front car le mpp est tombé. Il y a aussi le brassard noir.

  • Le 5 février 2022 à 21:42, par Yoga En réponse à : Putsch au Burkina : « Allons libérer le territoire burkinabè avant de revenir chercher des postes », Massourou Guiro

    Toutes choses a des conséquences même le fait de vivre. Dites plutôt que vous étiez mouillé jusqu’au coup oui au lieu de raconter des histoires.les corrompu du mpp honte à vous. Si vous pouviez vous démarquer des quotidiens des Burkinbé comme vous l’avez fait comme les marches passées.

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