Pour le GCAOT, la prise du pouvoir par le MPSR, même si elle ne s’est pas faite par les urnes, est arrivée en raison de l’incapacité de Roch Kabore et de son gouvernement, à assurer la sécurité des personnes et des biens, de préserver le territoire national et de procurer aux populations de meilleures conditions de vie. Le président déchu est accusé d’avoir violé la constitution, puisque n’ayant pas pu honorer son serment de préserver la sécurité et le bien-être des populations. « Depuis le 28 décembre 2020, il a régné sans gouverner, laissant le pays à la merci des forces du mal, à la famine, à la déchéance, aux affrontements intercommunautaires. Cela s’assimile à une trahison du peuple burkinabè qui lui avait accordé sa confiance pour présider aux destinées du pays », peut-on lire dans le document de plaidoyer.

Faustin Evariste Konsimbo, porte-parole du GCAOT a livré la déclaration liminaire

La réélection de Roch Kaboré en 2020 est aussi pointée du doigt et jugée illégitime, car ne remplissant pas selon les conférenciers du jour, toutes les conditions liées au suffrage universel. Certaines zones ayant été exclues des élections du fait de l’insécurité, il est reproché au candidat du mouvement du peuple pour le progrès, d’avoir violé le suffrage universel.

Perte de l’autorité du gouvernement sur une bonne partie du territoire, déplacement massif de populations du fait de l’insécurité, fermeture d’établissements scolaires, mauvaise utilisation des ressources allouées à la lutte contre le terrorisme, restriction des libertés de manifester ; sont autant de raisons avancées par le GCAOT pour expliquer le soutien quasi général dont a bénéficié le MPSR après l’éviction de l’ancien président Roch Kaboré. Cet espoir que représente la junte pour reconquérir les parties du territoire occupées par les groupes radicaux pour un retour des populations déplacées, devrait donc guider les décisions qui seront prises par la CEDEAO, si elle se soucie réellement du bien-être des citoyens.

Lookman Sawadogo, membre du GCAOT

C’est pourquoi le GCAOT invite la CEDEAO à prendre acte de l’avènement du MPSR en tenant un dialogue constructif avec les nouvelles autorités et à prêter une oreille attentive aux aspirations du peuple. Mais aussi et surtout d’accompagner le pays dans la mise en œuvre de la transition, d’apporter la logistique et les moyens financiers et diplomatiques nécessaires pour combattre les groupes terroristes et de soutenir l’organisation des scrutins électoraux à la fin de la transition.

Et pour ce qui est de la durée de la transition, Evariste Konsimbo, porte-parole du GCAOT, recommande de « sortir du fétichisme des dates, au risque de poser les germes de nouveaux conflits, dans le cas où la transition serait évacuée à la hâte et contre les aspirations des populations ». Le GCAOT dans sa proposition d’un schéma de la transition, préconisait de la tenir en trois ans.

Se prononçant sur la conduite de la transition, un des membres du GCAOT, Lookman Sawadogo, a salué la mise à l’écart des partis politiques dans le processus. A l’en croire, il faut laisser la latitude aux militaires d’assumer leur coup d’Etat et gérer le pouvoir. Ceux-ci pourraient faire appel aux civils en fonction des missions. Toute chose qui permettra selon lui, de mettre l’accent sur la compétence et la valeur intrinsèque des personnes à qui la junte fera appel.

Armelle Ouédraogo/Yaméogo
Lefaso.net